Impact des vols en avion: passer de la sensibilisation à la réduction

2024 EPFL/Chléa Schiff - CC-BY-SA 4.0

2024 EPFL/Chléa Schiff - CC-BY-SA 4.0

La campagne de l’EPFL sur les émissions carbone du transport aérien a gagné un prestigieux prix européen. Les effets de la nouvelle politique voyage commencent à se faire sentir, avec une baisse de 18% en 2023 par rapport à l’année 2019. Mais davantage d’efforts seront nécessaires.

Plus de 16'000 tonnes de CO2 équivalent : ce chiffre écrit en gros sur un des panneaux de l’installation Travel Less Without Loss correspond aux émissions de gaz à effet de serre dus aux voyages en avion du personnel et de la communauté estudiantine EPFL en 2019. Avec d’autres données, les informations qui constituent cette exposition montrent l’urgence d’agir pour contenir le réchauffement climatique.

Après avoir été exposée pendant tout le semestre d’automne 2023 sur la place Ada Lovelace de l’EPFL, l’installation vient d’être remontée dans un autre endroit stratégique du campus, en face du Rolex Learning Center. Elle y restera jusqu’à la fin de l’année 2024.

Son originalité est d’être formée de cubes géants montrant les proportions entre les limites souhaitables (2 tonnes d’émissions annuelles maximum par personne) et la réalité en Suisse (14 tonnes), avec des exemples de trajet, comme 10 tonnes pour un aller-retour en classe affaire à San Francisco, ou 0.03 tonnes pour un aller-retour en train à Bruxelles.

Médaille de bronze

Le concepteur de cette immense infographie en trois dimensions, Sébastien Fasel de l’agence Emphase, a gagné une médaille de bronze pour ce projet aux récents European Design Awards le 31 mai 2024.

Selon lui, « l'ambition et la motivation de la Vice-présidence pour la transformation responsable et son unité Durabilité nous ont poussé à réfléchir en grand. Cela nous a donné envie de concevoir une forme d'infographie plus immersive, qui nous fasse ressentir une d'expérience. Quand on parle de tonnes de CO2, cela reste abstrait pour la plupart des gens. On ne ressent pas leur poids sur nos épaules. De visualiser ces volumes, de pouvoir entrer dedans, tourner autour, etc., cela met les données en relation avec notre propre corps en passant de l'abstrait au concret. Et je pense que ce passage-là permet mieux la prise de conscience. »

Si le projet avait vraiment été réalisé à l’échelle des volumes réels d’émissions de gaz à effet de serre, le plus grand cube (émissions moyennes annuelles d’une personne en Suisse) aurait mesuré 19 mètres de haut, ce qui posait des problèmes de faisabilité, de coût et de durabilité. La décision a alors été prise de faire correspondre les 2 tonnes admissibles par personne à une taille quasi humaine, soit 2 mètres de haut pour le cube vert, au lieu de 10 mètres dans une simulation réaliste.

La réinstallation des sept cubes sur le campus permettra aux délégations de plusieurs universités de voir l’exposition lors de leur visite de l’école, le 28 juin, dans le cadre de la conférence du International Sustainable Campus Network, coorganisée cette année par l’EHL, l’Université de Lausanne et l’EPFL. Ce sera l’occasion de comparer les différentes stratégies du monde académique pour réduire ses émissions.

2024 EPFL/Chléa Schiff - CC-BY-SA 4.0© 2024 EPFL

Moins de vols, mais encore trop de voyages

A l’EPFL, l’entrée en vigueur de la nouvelle politique voyage en 2023 semble commencer à porter ses fruits, puisque les tonnes d’émissions de CO2 sont passée l’an dernier à un peu plus de 13'000, soit une diminution de 18% par rapport au chiffre de référence indiqué dans l’exposition. Si l’on considère uniquement les émissions dues au personnel EPFL, sans compter les voyages estudiantins , alors la baisse atteint même 22%.

En effet, le nombre de voyages professionnels en avion effectués par les membres du personnel EPFL a considérablement baissé, passant d’environ 12'000 en 2019 à près de 8’000 en 2023 pour les vols continentaux. Cela s’explique notamment par l’exigence de privilégier le train pour les destinations atteignables en moins de 6 heures, la préférence pour les vols directs sans escales, le recours plus fréquent à la visioconférence, et peut-être aussi l’abandon volontaire de certains déplacements.

Cependant, le nombre de vols long-courrier a quant à lui légèrement augmenté, passant d’environ 5’000 en 2019 à près de 7000 en 2023. Or ce sont ces déplacements-là qui représentent la plus forte empreinte environnementale. Pour arriver à une baisse d’au moins 30% des émissions carbone dues aux voyages en 2030 comme le demande la Stratégie Climat et Durabilité de l’EPFL, il faudra davantage renoncer aux déplacements professionnels en Californie et autres destinations lointaines.

« Nous nous réjouissons de constater des premiers résultats encourageants suite à l’introduction de la nouvelle politique voyages à l’EPFL, et ce malgré l’augmentation démographique du campus », déclare Luca Fontana, responsable mobilités et voyages durables à l’unité Durabilité. Selon lui, « cette réduction significative de 18% des émissions de CO2 par rapport à 2019 démontre l’engagement de l’EPFL envers des voyages académiques responsables ainsi que l’importance de sensibiliser la communauté à travers des initiatives telles que l’exposition Travel Less Without Loss. »

2024 EPFL/Chléa Schiff - CC-BY-SA 4.0© 2024 EPFL


Auteur: Emmanuelle Marendaz Colle

Source: Durabilité

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