«Il y a de la science des matériaux dans tout ce qui nous entoure»

Finale suisse MT180 : Stella Laperrousaz à l'événement à l'UNIFR © CUSO

Finale suisse MT180 : Stella Laperrousaz à l'événement à l'UNIFR © CUSO

En comparant ses travaux de recherche sur les fibres électroniques à l’un des produits d’exportation les plus célèbres de Suisse, Stella Laperrousaz, doctorante à l’EPFL, a remporté le prix du public lors du concours suisse 2024 «Ma thèse en 180 secondes».


Dans sa thèse intitulée «Développement de fibres électroniques et optoélectroniques souples par étirage à chaud», Stella Laperrousaz a fait un parallèle avec la fondue pour expliquer ses recherches au Laboratoire des fibres et matériaux photoniques (FIMAP) de la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur de l’EPFL.

En trois minutes, elle a décrit les défis posés par le développement de fibres élastomères composites, qui sont fabriquées à l’aide de la technique de l’étirage à chaud: des matériaux aux propriétés différentes sont combinés pour former une préforme. Cette structure est ensuite chauffée dans un four et étirée en longues fibres – comme quand on plonge des morceaux de pain dans un caquelon pour en tirer des fils de fromage fondu.

Les jurés de la finale suisse du MT180, qui s'est déroulée à l'Université de Fribourg le 20 juin dernier, ont évalué les candidates et candidats sur la clarté, la précision et l'efficacité de leurs présentations. Le prix du public (d'un montant de 750 francs suisses) a été décerné sur la base des votes des personnes présentes. Au final, c'est la comparaison culinaire de Laperrousaz qui les a laissés sur leur faim.

La bonne recette

Quand elle était lycéenne près d’Annecy (France), Stella Laperrousaz s’intéressait à toutes les matières, des mathématiques à la physique, en passant par le théâtre et la philosophie. Le choix d’un cursus universitaire s’est donc avéré difficile. Mais aux Journées portes ouvertes de l’EPFL en 2015, elle s’est rendu compte qu’elle pouvait tirer parti de ses nombreux centres d’intérêt grâce à la science des matériaux.

«Il y a un peu de science des matériaux dans tout ce qui nous entoure, même si l’on n’y réfléchit pas souvent. J’ai pensé qu’étudier la science des matériaux dans le cadre de mon bachelor et de mon master permettrait de m’ouvrir un maximum de portes, et je ne le regrette absolument pas», confie-t-elle.

La science des matériaux est toujours une affaire de compromis!

Stella Laperrousaz

La fin des études de master de Stella Laperrousaz a coïncidé avec le début de la pandémie en 2020, ce qui a limité ses possibilités de poursuivre ses études à l’étranger. C’est à ce moment-là qu’elle a eu l’opportunité de participer à un projet de master au Laboratoire FIMAP, dirigé par le professeur Fabien Sorin. Ce projet a consisté à élaborer une «recette» équilibrée permettant de produire des fibres souples pour des applications telles que les textiles et les dispositifs médicaux intelligents (p. ex. les cathéters).

«Je mélangeais des élastomères avec des particules conductrices d’électricité pour créer des fibres. L’idée était d’obtenir une fibre à la fois extensible et conductrice d’électricité: la science des matériaux est toujours une affaire de compromis!»

Au Laboratoire FIMAP, Stella Laperrousaz s’est sentie bien soutenue et a pu poursuivre ses travaux de recherche de manière indépendante. Elle a donc décidé d’y rester pour entamer un doctorat sous la supervision du professeur Sorin. Aujourd’hui en troisième année, elle expérimente des «ingrédients» optoélectroniques comme les matériaux semi-conducteurs. La conductivité de ces matériaux change lorsqu’ils sont exposés à la lumière, ce qui ouvre de nouvelles possibilités pour les fibres fonctionnelles.

Le sport est un peu comme faire de la recherche: vous échouerez peut-être, mais si vous réessayez, vous pourriez vous surprendre.

Stella Laperrousaz

Une bouffée d’oxygène

Au lendemain de la pandémie, Stella Laperrousaz se sentait enfermée et avait besoin d’interactions sociales. Elle a donc combiné le début de son doctorat avec sa première expérience de rugby en équipe, en rejoignant le LUC (Lausanne University Club) avec deux entraînements par semaine et des compétitions.

«C’était un très bon équilibre pour moi. J’avais besoin d’une bouffée d’oxygène. Le sport vous apprend aussi la communication et la résilience. C’est un peu comme faire de la recherche: vous échouerez peut-être, mais si vous réessayez, vous pourriez vous surprendre.»

C’est aussi la volonté de perfectionner ses compétences en communication qui a amené Stella Laperrousaz à s’intéresser au concours MT180, ainsi que la réussite de l’une de ses amies proches, doctorante à la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur, Eva Baur.

«La communication est une compétence essentielle en tant que scientifique, et j’ai pensé qu’elle serait également très importante si un jour je décidais d’enseigner», indique-t-elle.

En effet, Stella Laperrousaz n’a pas encore vraiment choisi son orientation professionnelle et envisage à la fois le milieu universitaire et l’industrie. Elle s’intéresse particulièrement aux technologies biomédicales.

Alors qu’elle entamera la quatrième année de son doctorat en septembre, Stella Laperrousaz poursuivra ses travaux de recherche sur la combinaison idéale de matériaux pour les fibres optoélectroniques. Mais quelle fondue préfère-t-elle? «Même si je suis Française, je préfère toujours la fondue suisse moitié-moitié!», plaisante-t-elle.


Auteur: Celia Luterbacher

Source: Sciences et techniques de l'ingénieur | STI

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