Hannes Meyer, l'architecte du peuple

Hannes Meyer a développé une approche collaborative du métier d'architecte. © Murielle Gerber / EPFL 2016

Hannes Meyer a développé une approche collaborative du métier d'architecte. © Murielle Gerber / EPFL 2016

Marxiste convaincu et deuxième directeur du Bauhaus, le Bâlois a développé à la fin des années 1920 une architecture visant à changer le monde. Une exposition répartie entre l’Archizoom de l’EPFL et le forum d’architectures de Lausanne met en lumière son parcours.

Il plane une atmosphère d’absolu dans chaque projet de l’architecte Hannes Meyer. Chaque choix de matériaux, de courbes et de méthode de travail traduit son envie de mettre l’architecture au service des hommes. Dans un manifeste de 1928, le Bâlois affirme son approche radicale en reniant la posture usuelle attribuée à son métier: «L’architecte? C’était un artiste. Il est devenu le spécialiste de l’organisation!». Brisant la tradition au profit du modernisme, Hannes Meyer développe une approche collaborative, interdisciplinaire et anonyme du métier.

Du 20 septembre au 15 octobre, l’espace Archizoom de l’EPFL permet de découvrir son travail sur les coopératives d’habitation et une certaine concrétisation de ses idées marxistes. Du concept de village total de Freidorf, dans le canton de Bâle, conçu entièrement pour les ouvriers et les habitants de la classe moyenne, à celui d’un quartier de Mexico-City, en passant par son projet tout en transparences du Palais des Nations pour Genève.

Le travail d’équipe avant tout

L’exposition aborde également l’approche avant-gardiste de l’enseignement de Hannes Meyer, lorsqu’il fut à la tête de l’école du Bauhaus. L’art, l’intuition et le cœur sont mis sur un pied d’égalité avec les sciences, l’intellect et le cerveau. «Il y a un héritage très important, notamment à l’EPFL, de cette volonté de mêler les arts à l’enseignement, de réduire la distinction entre l’architecte et l’ingénieur et de privilégier le travail d’équipe», relève Cyril Veillon, directeur d’Archizoom.

L’exposition se prolonge au forum d’architectures de Lausanne (f’ar) avec une présentation de l’entourage politique et culturel de Hannes Meyer et des meubles de facture minimaliste qu’il a conçus.

La CUB, instrument collaboratif

Figure de l’interdisciplinarité, Hannes Meyer entre en écho avec la création de la Fondation Culture du Bâti (CUB). Cette Fondation vise à promouvoir les projets nationaux en lien avec le bâti et les domaines du paysage et de la construction. L’EPFL est l’un de ses nombreux partenaires. Ses concepteurs ont choisi d’associer la création de la CUB au vernissage de l’exposition, le 20 septembre dernier. Un bel hommage à la vision collaborative de l’architecte bâlois.

Exposition CO-OP: Hannes Meyer et le concept de design collectif, du 20 septembre au 15 octobre 2016.