H, une nouvelle publication pour élargir les horizons des étudiants

© 2024 EPFL

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« H », nouvelle publication du Collège des humanités, à la fois magazine et rapport annuel, vient d'être lancée. Frédéric Kaplan, directeur du CDH, nous parle de l'origine de cette publication et de la signification de "H".

Comment est né ce projet ?

Au fil des années, nous avions publié des rapports qui faisaient le point sur les activités du Collège des humanités. Depuis deux ans, j’ai proposé de diriger cet effort vers un autre objectif, celui de créer une stratégie prévoyant des publications, des vidéos, des activités et des projets participatifs pour aider les étudiants de l’EPFL à affronter les défis du XXIe siècle. La publication de "H" est la première étape de cette stratégie.

Que contient cette première publication ?

Cette première publication, coordonnée par Virginie Martin et Stéphanie Parker et ancrée sur les recherches, les projets éducatifs et les évènements que le Collège des humanités a dirigés durant les années 2022 et 2023, s’attaque à des enjeux cruciaux et complexes de la société contemporaine.

  • Quel est l’avenir du journalisme à l’heure de l’intelligence artificielle générative ?
  • Comment développer des solutions durables en imaginant de nouvelles approches pour le design ?
  • Comment utiliser les immenses données sur le passé pour prendre de meilleures décisions sur le futur ?
  • Comment agir de manière solidaire et éthique dans un monde segmenté en visions antinomiques et inconsistantes ?

Chaque sujet est présenté de manière visuelle et concrète de façon à illustrer comment, en pratique, la convergence des sciences, de la technologie, des arts et des humanités permet d’explorer de nouveaux espaces de solutions.

À qui s’adresse “H” ?

En premier aux étudiants du campus, qui viennent du monde entier et qui doivent faire face à des défis communs.

Le XXIe siècle s’ouvrait sur les perspectives portées par des progrès technologiques qui promettaient le partage de connaissance et de la prospérité, le rêve d’un monde uni, capable de dépasser les divisions et de favoriser la paix et la communication entre tous les peuples.

Vingt ans plus tard, nous assistons à de nombreux signes de reculs qui annoncent peut-être, comme ce fut déjà le cas historiquement, une transformation plus profonde : retour de guerres que nous pensions anachroniques, renforcement des murs et des frontières, rupture de la diplomatie des dialogues. Les infrastructures technologiques elles-mêmes, par exemple les réseaux sociaux, ont en grande partie cessé d’être les porteurs d’utopies positives et solidaires pour se révéler comme des milieux techniques qui renforcent les clivages et alimentent les divisions. Plus récemment, les fulgurants progrès de l’intelligence artificielle qui pourraient ouvrir à des perspectives d’accès sans précédent à la connaissance et de nouvelles formes de prospérité partagée, s’accompagnent au contraire de craintes d’une concentration des pouvoirs culturels et techniques dans les mains de quelques acteurs privés et des risques globaux de prolétarisation, c'est-à-dire de perte de compétences et d’autonomie, concernant des capacités aussi fondamentales que celles de s’exprimer par écrit, de produire des images ou de résoudre des problèmes complexes.

Ces évolutions déstabilisantes et inédites, qui se superposent à un sentiment d’impuissance face à la crise climatique, sont anxiogènes pour la génération de nos étudiants. Notre mission est d’essayer de les aider à développer des savoirs et techniques pour faire face à cette complexité.

Pourquoi “H” ?

"H", c’est évidemment d'abord les humanités, celles des recherches menées par le CDH, celles des enseignements du Programme SHS (Sciences humaines et sociales) développé avec l’Université de Lausanne et celles des cursus que nous proposons en Humanités digitales, comprenant un Master, un Mineur et une Ecole doctorale.

Mais "H" c’est aussi l’humanitaire, avec le développement de solutions et de systèmes comme ceux présentés dans l’exposition Digital Dilemmas sur les risques liés au numérique qu’encourent les populations civiles et aides humanitaires en zones de conflit, qui vient de s’ouvrir à EPFL Pavilions et a été développée en coordination avec le centre EssentialTech et le CICR en partenariat avec le Center for Digital Trust (C4DT).

"H", fait aussi référence à notre mission, “Expanding Horizons”, rappelée comme sous-titre à cette première publication. Pour comprendre les phénomènes auxquels ils sont confrontés, les étudiants doivent élargir leur perception spatiale et temporelle. Cet embrassement de perspectives plus larges leur permet dans un second temps de développer des concepts et des idées qui ne sont pas biaisés par un point de vue unique, nécessairement trop étroit.

Enfin, plus spécifiquement pour cette première édition, "H" fait référence à deux grandes transformations du champ des connaissances qui sont traitées de manière transversale : l’Hyperscience et l’Hyperréalité.

Que sont l’Hyperscience et l’Hyperrealité ?

Avec la montée de l’Hyperscience, la transdisciplinarité devient la norme plutôt que l'exception, recomposant un paysage des connaissances, fluide et continu, loin des anciens silos, forgeant un terrain fertile pour l'innovation et la découverte. Dans les vingt prochaines années, se formera sans doute d’abord un cœur hyperscientifique regroupant les méthodes et savoirs unifiés, incluant les sciences humaines et sociales, notamment les recherches sur la “science de la science”. L’EPFL est depuis plusieurs années à l’avant-garde de l’exploration de ce grand mouvement centrifuge grâce à ses centres pluridisciplinaires et son programme d'artistes en résidence “Enter the Hyperscientific”.

Parallèlement, nous entrons dans le régime de l’Hyperréalité, un territoire dans lequel les frontières entre le réel et le virtuel, le documentaire et la fiction se brouillent. Pour le meilleur et pour le pire, l’hyperéalité se caractérise par l’obsolescence progressive du vrai et du faux comme concept fondateur du discours, un continuum entre le naturel et l’artificiel, une normalisation de la simulation en tant qu'expérience du monde, et un nouveau domaine d'expression créative, une toile sur laquelle l’avenir peut être peint. L’EPFL au travers de ses recherches sur les très grandes simulations, les mondes miroirs, les digital twins, les “deep fakes” et l’intelligence artificielle générative, mène depuis des années des explorations pionnières au cœur de ce maelström.

La génération née à l'aube de l'an 2000 est celle qui fait l’expérience de ces deux convergences. Si elle s’initie suffisamment tôt à ces dynamiques nouvelles, elle ne se contentera pas de participer au jeu mondial existant ; elle en réécrira peut-être les règles.

En quoi va constituer la suite de la stratégie “H” ?

Les étudiants seront au cœur des actions que nous allons mener. Nous voulons amplifier leur talent en leur donnant la possibilité d’avoir un impact alors qu’ils sont encore à l’EPFL.

Il y aura un rendez-vous régulier pour structurer la communauté de ceux qui veulent se joindre à ces actions. Nous pensons l’appeler l’heure H.