Grégoire Courtine remporte un prestigieux prix de recherche

© 2020 EPFL

© 2020 EPFL

Le neuroscientifique de l’EPFL est le lauréat de la plus haute distinction offerte par l’Institution of Engineering and Technology (IET), basée au Royaume-Uni. Le prix, à hauteur de 350'000 livres sterling (420'000 francs suisses), soutiendra ses travaux portant sur la régénération de la moelle épinière, grâce auxquels plusieurs patients paraplégiques ont déjà pu retrouver l’usage de leurs jambes.

L’image a fait le tour du monde fin 2018 : un athlète rendu totalement paraplégique à la suite d’un accident de trampoline se relève de sa chaise roulante, envoie une commande vocale à sa montre-bracelet et se met à marcher par lui-même derrière un déambulateur.

Cette prouesse marquait le point d’orgue des travaux de Grégoire Courtine, professeur à l’EPFL, au CHUV et à l’UNIL. Depuis plus de dix ans, celui-ci étudie la dynamique de la moelle épinière et son évolution en cas de lésion. En 2012, il avait combiné une stimulation électrique appliquée sur l’aspect dorsal de la moelle épinière avec des agents pharmacologiques afin de redonner la faculté de marcher à des rats paralysés. Six ans plus tard, suite à l’implantation chirurgicale d’électrodes souples réalisée en association avec Jocelyne Bloch, neurochirurgienne au CHUV, le même exploit était appliqué à trois patients humains. Aujourd’hui, 10 patients ont récupéré l’usage de leurs membres paralysés grâce à cette approche.

Mais ce n’est pas tout. Si cette stimulation permet de restaurer des mouvements volontaires, elle a également pour effet d’activer la régénération naturelle des fibres nerveuses. « Grâce à la stimulation provoquée par le mouvement volontaire des muscles, nous avons pu observer une repousse spontanée des nerfs, qui peu à peu parviennent à contourner la lésion pour pouvoir convoyer les impulsions du cerveau jusqu’aux muscles », précise Grégoire Courtine.

Les recherches ne se sont évidemment pas arrêtées aux résultats de 2018. Grégoire Courtine poursuit sa collaboration avec Jocelyne Bloch, non seulement pour affiner et améliorer leur arsenal technologique pour la récupération de l’usage des membres inférieurs, mais également pour pouvoir traiter d’autres formes de paralysie. « La compréhension profonde des mécanismes neuronaux que nous avons pu acquérir après plus de 15 ans de travaux nous permet aujourd’hui d’élargir leur champ d’application, notamment au niveau de la moelle épinière cervicale, reprend Grégoire Courtine. Le A F Harvey Prize nous permettra de renforcer encore la portée de nos travaux. »

« Les contributions de Grégoire Courtine et de son équipe sont tout simplement phénoménales et mettent en lumière des applications de nature à changer la vie de la recherche en ingénierie médicale», souligne la présidente de l'IET, la professeure Danielle George. «Notre prix souient les travaux des meilleurs scientifiques et ingénieurs et nous nous réjouissons de voir le lauréat de cette année pousser les frontières de la régénération de la moelle épinière et venir en aide à davantage de patients souffrant de paralysie sévères. Il fait partie des personnalités qui comptent dans le monde.»