«Grâce au système éducatif suisse, les portes restent ouvertes»

Martin Seydoux photographié lors d'une randonnée sur le circuit de l'Annapurna après une conférence au Népal. © Martin Seydoux

Martin Seydoux photographié lors d'une randonnée sur le circuit de l'Annapurna après une conférence au Népal. © Martin Seydoux

Récemment diplômé de l’EPFL, Martin Seydoux a suivi un parcours peu commun jusqu’à son doctorat, après avoir découvert sa passion pour l’ingénierie en tant qu’apprenti dans un atelier de mécanique du campus.

Lorsque les élèves suisses terminent la scolarité obligatoire à l’âge de 15 ans, ils doivent déjà faire un choix qui changera leur vie: le gymnase, qui les préparera à une formation universitaire, ou la voie professionnelle, en tant qu’apprentis. Ayant grandi à quelques kilomètres de l’EPFL, Martin Seydoux s’intéressait au fonctionnement des choses et aimait démonter des objets tels que des radios pour en examiner les composants avant de les remonter, «pas toujours avec succès», se souvient-il en riant. C’est pourquoi, à l’âge de 15 ans, il a effectué un apprentissage dans un atelier technique de l’EPFL, ce qui semblait être la voie idéale pour une carrière en mécanique. Martin Seydoux a rejoint l’atelier de l’Institut de génie mécanique de la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur en 2009, pour aider les scientifiques à créer et à tester des composants destinés à leurs expériences.

«Grâce au système éducatif suisse, toutes les portes restent ouvertes», déclare Martin Seydoux. « J’avais de bons résultats et j’étais en bonne voie pour aller au gymnase, mais au final j’ai été l’un des deux seuls élèves sur 25 à opter pour l’apprentissage, et je suis très heureux d’avoir fait ce choix. Cela s’est avéré plus difficile que des études classiques, mais cela m’a permis d’acquérir les compétences nécessaires pour concevoir et construire des pièces mécaniques – ce que les personnes diplômées en ingénierie doivent généralement apprendre en passant un certain temps dans le milieu industriel.»

Un parcours unique

Grâce à l’apprentissage, Martin Seydoux a pu avoir une vue d’ensemble de la mécanique, de la conception à la modélisation, puis des plans à la construction. En travaillant avec des doctorantes et doctorants issus de différents laboratoires, il a eu la possibilité de contribuer à divers projets tels que des prothèses de rééducation et des moteurs à combustion. Il a ensuite poursuivi sa formation à la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD). Après l’obtention de son bachelor, il a souhaité approfondir ses connaissances en ingénierie. «Comme mes études m’avaient plu, j’ai voulu rejoindre l’EPFL en me disant: «Voyons jusqu’où je peux aller.»

Passer de la voie professionnelle à l’une des écoles polytechniques fédérales de Suisse a été plus facile à dire qu’à faire, et a nécessité une année de cours intensifs de mathématiques et de physique à l’EPFL. Mais après avoir rejoint le programme Master en génie mécanique, son intérêt pour l’ingénierie pratique s’est intensifié.

«Je suis allé voir Mario Paolone, responsable du Laboratoire de systèmes électriques distribués, dans l’optique de trouver une opportunité de créer quelque chose de mes propres mains qui fonctionnerait à la fin. Il m’a proposé de rejoindre l’équipe EPFLoop, que j’ai dirigée en partie par la suite.»

EPFLoop développe des solutions pour les systèmes de transport à très grande vitesse inspirées du concept Hyperloop d’Elon Musk. Martin Seydoux a été le capitaine de l’équipe EPFLoop de 2018 à 2020, et a mené l’équipe à la troisième place lors de la SpaceX Hyperloop Pod Competition qui s’est déroulée en 2019 à Los Angeles. Dans le cadre de cet événement, il a coordonné la production d’un prototype de capsule en fibre de carbone renfermant un système de propulsion appelé moteur à induction linéaire. La capsule est restée intacte après avoir atteint une vitesse de 238 km/h, démontrant ainsi la fiabilité de la conception potentielle d’un prototype à plus grande échelle.

«Faire partie de l’équipe Hyperloop a été l’une des expériences les plus fascinantes de mon master à l’EPFL. Nous devions concevoir quelque chose de concret, et le professeur Mario Paolone était là, parmi d’autres, travaillant jour et nuit – non pas pour enseigner, mais pour comprendre les choses à nos côtés», déclare Martin Seydoux.

La combinaison parfaite

Dans le cadre du projet de l’équipe EPFLoop, Martin Seydoux a beaucoup travaillé aux côtés des doctorantes et doctorants, et l’étendue de leurs connaissances sur des sujets spécifiques l’a incité à poursuivre lui-même un doctorat. Sous la co-supervision de Mario Paolone, Martin Seydoux a fait ses recherches de thèse dans le cadre du projet Horizon 2020 de l’UE XFLEX HYDRO. Ce dernier vise à moderniser les centrales hydroélectriques afin d’intégrer de manière plus efficace et plus flexible les sources d’énergie renouvelables telles que le solaire et l’éolien.

Les conclusions de la thèse de Martin Seydoux, qu’il a soutenue en juin dernier, seront appliquées sur plusieurs sites de démonstration à travers l’Europe – un aboutissement qui conjugue parfaitement sa soif d’apprendre et sa passion pour la pratique. C’est une combinaison qu’il est ravi de conserver dans son nouveau poste d’ingénieur au sein de l’entreprise HYDRO Exploitation SA basée à Sion, en Suisse.

«Je continue à mener des recherches dans le cadre d’un autre projet européen, à faire des calculs et à réaliser des mesures sur site dans des centrales hydroélectriques. C’est la combinaison parfaite», indique-t-il.

Bien que son parcours professionnel ait été parfois plus difficile que d’autres plus classiques, Martin Seydoux confie qu’il ne changerait rien.

«Je suis fier de mon parcours. Je pense que c’est l’une des meilleures voies pour devenir ingénieur, car commencer par l’aspect pratique est utile pour appliquer ce que l’on apprend au fur et à mesure que l’on avance dans la théorie. À chaque étape, j’ai été inspiré par les connaissances des personnes que j’ai rencontrées, et j’ai voulu être tout aussi compétent dans un domaine qui me passionne, à savoir l’ingénierie des machines. Mais plus on apprend, plus on s’aperçoit que l’on ne sait pas grand-chose.»


Auteur: Celia Luterbacher

Source: Projets MAKE

Ce contenu est distribué sous les termes de la licence Creative Commons CC BY-SA 4.0. Vous pouvez reprendre librement les textes, vidéos et images y figurant à condition de créditer l’auteur de l’œuvre, et de ne pas restreindre son utilisation. Pour les illustrations ne contenant pas la mention CC BY-SA, l’autorisation de l’auteur est nécessaire.