Georges Abou Jaoudé, 1958-2022

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Il y a tout juste une année, le 22 février 2022, le Professeur Georges Abou Jaoudé est décédé à Beyrouth, sa ville natale, à l’âge de 64 ans. Protagoniste de premier plan de la transition numérique dans le domaine de la représentation de l’architecture, il a enseigné 26 ans à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, où, en 1992, il avait fondé le Laboratoire d’Informatique et de Visualisation.
“Even if you are not using a certain type of decoration, you can still have very clear references, [using] modern expression and geometry, to what we learned from the proportions and the way of doing things in the past”
Georges Abou Jaoudé est né à Beyrouth en 1958. Il passe son Baccalauréat à Nancy et commence des études de mathématique et physique à Grenoble, puis d'architecture à l'USEK au Liban, ensuite à l'IIT à Chicago, et enfin à l'EPFL où il obtient son diplôme d’architecture en 1984 avec Ervin I. Galántay.
De 1984 à 1988, il est assistant du Professeur Charles Rapin à la chaire d'Informatique appliquée à l'EPFL. Chargé de cours en 1989, puis professeur d'architecture et informatique à l'EAUG dès 1990, il est nommé professeur au Département d'Architecture de l'EPFL en 1992. Il y enseigne l'informatique et il y mène des travaux de recherche dans le domaine de la modélisation, de la représentation et de la simulation dans le bâtiment.
Entre 1998 et 2001 il enseigne aussi all’Accademia di Architettura de Mendrisio, et de 2008 à 2018 à l’Université Fédérale de Kazan.
Professeur honoraire EPFL depuis août 2018, et membre de l’Académie Russe des Sciences, section sibérienne, il s’est retiré au Liban depuis sa retraite anticipée pour raisons de santé.
Georges Abou Jaoudé a été un pionnier visionnaire du dessin informatique, et à travers ses écrits il a contribué activement au débat critique autour des opportunités et des limites de l’Intelligence Artificielle dans le domaine du projet d’architecture. Le laboratoire qu’il a fondé en 1992 à l’EPFL (LIV) a été une structure interdisciplinaire qui a mêlé, grâce au développement d’applications en informatique, les différentes disciplines de l’architecture, de la physique, de l’ingénierie des transports, de l’art et de la biologie. A travers l’assemblage d’appareils et de machines spécifiques, et l’utilisation de technologies innovantes, il a développé dans notre école des simulations multimodales, des vidéos et des images pour certains des projets les plus influents dans le domaine de la science et de la médecine. Parmi ceux-ci, on se souviendra de sa participation active à l’European Human Brain Project dirigé par Henry Markram depuis 2013, pour lequel Georges Abou Jaoudé a modélisé le cerveau d’un rat.
Sa position sceptique vis-à-vis de la domination “technocratique” dans le projet d’architecture contemporain l’a conduit à privilégier l’approche “humaine” à l’approche “mécanique” dans les phases de projet. Les ordinateurs ont révolutionné nos méthodes de travail, disait Georges: “Avec un ordinateur on peut créer des images, on peut faire un dessin complet, on peut calculer, on peut répéter,…on peut utiliser toute la puissance que l’on veut.”
En cette période de transition numérique annoncée, et pas encore achevée, il nous a paru important, outre le fait de rendre hommage à Georges Abou Jaoudé, de placer son enseignement et ses contributions dans la perspective temporelle des innovations que notre école a vécues depuis les prémices de l’informatique jusqu’à nos pratiques et avancées actuelles et futures.
Reste pour chacune et chacun d’entre nous en ce jour anniversaire le souvenir d’un ami, d’un collègue, d’un enseignant, selon notre sentiment personnel.