Flowbone, une solution pour les fractures liées à l'ostéoporose

© 2020 EPFL

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Des chercheurs de l’EPFL ont mis au point un gel capable de renforcer localement les os des personnes atteintes d’ostéoporose. Ils ont fondé la start-up Flowbone, qui vient de remporter la deuxième phase du concours VentureKick.

La fracture du col du fémur est un accident courant chez les personnes âgées. L’ostéoporose, qui affaiblit tous les os du squelette, en est la principale responsable. « 250 millions d’individus dans le monde souffrent de cette maladie. Elle se caractérise par une diminution de la masse osseuse et une détérioration de la microarchitecture osseuse entraînant un risque accru de fracture », indique le professeur Dominique Pioletti, directeur du laboratoire de biomécanique en orthopédie (LBO) à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur de l’EPFL. « C’est un grand problème dans notre société. Quarante pour cent des personnes qui ont une fracture de la hanche ne marchent plus jamais sans assistance et trente-trois pour cent perdre leur indépendance. Un patient sur cinq décède dans l’année qui suit cet accident. Ces chiffres sont alarmants », ajoute Ulrike Kettenberger, postdoctorante dans le laboratoire LBO.

Hanches, vertèbres et poignets

Les personnes souffrant d’ostéoporose peuvent prendre des médicaments de prévention pour renforcer leurs os. Mais une tranche de la population passe à travers les mailles du filet du dépistage, car l’ostéoporose demeure une maladie silencieuse. « On ne la décèle en général qu’après la première fracture. C’est déjà trop tard », révèle le professeur.
Les médicaments disponibles présentent toutefois deux faiblesses. Premièrement, ils agissent sur l’ensemble du squelette, ce qui s’avère une bonne chose, mais les effets secondaires se trouvent eux aussi généralisés. De plus, les fractures liées à cette maladie sont la plupart du temps ciblées sur les hanches, les vertèbres et les poignets. Deuxièmement, parce que les résultats positifs ne se voient que douze mois après le démarrage du traitement. « Cette fenêtre se révèle critique, car les personnes ayant subi une fracture vont souvent s’en refaire une seconde durant cette période. Il est donc nécessaire que les os soient renforcés rapidement afin d’éviter que cela n’arrive », explique Ulrike Kettenberger.

Injection locale

Des chercheurs du LBO ont penché pour sur une solution audacieuse : le Flowbone. « Nous avons créé un biomatériau, sous forme de gel, composé d’une matrice d’acide hyaluronique, de particules de calcium phosphates et d’une très faible dose d’un bisphosphonate », indique la postdoctorante. Ce gel peut s’injecter, à l’aide d’une seringue et sous anesthésie locale, directement dans l’os du patient. Il pénètre bien dans la structure osseuse sans la détruire. « On administre le Flowbone uniquement à l’endroit où l’on désire éviter la fracture. Le traitement est donc peu invasif et aide à éviter les effets secondaires systémiques. On attend une forte augmentation locale de la structure osseuse humaine trois à quatre mois après l’injection qui va durer environ trois ans », révèle Ulrike Kettenberger. Cette injection pourra se réaliser en ambulatoire par un radiologiste. Comme il est difficile de déceler l’ostéoporose avant la première fracture, Flowbone se veut utile pour prévenir les suivantes.

Projet au Venture Kick

Le projet Flowbone a été soumis à VentureKick, une compétition entre start-up suisses. Il vient de remporter la deuxième phase du concours, soit 50 000 francs. « Avec cet argent, nous allons poursuivre les tests pré-cliniques », explique Dominique Pioletti. Le produit Flowbone sera disponible d’ici cinq à six ans sur le marché.

L’ostéoporose, une maladie féminine
L’ostéoporose touche les personnes âgées, et plus particulièrement les femmes. « Une femme sur trois, de plus de 50 ans, en souffre, contre un homme sur cinq », indique Ulrike Kettenberger. À partir de 30 ans, la masse osseuse diminue. Avec l’ostéoporose, le phénomène de dégradation s’accélère. Cependant, cette maladie peut également frapper les plus jeunes telles que les personnes atteintes d’anorexie. Une affection, elle aussi, plutôt féminine.

Auteur: Valérie Geneux

Source: EPFL