Faire de la pente une alliée de la densité urbaine

Clément Cattin est doctorant en architecture à l'EPFL. 2025 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

Clément Cattin est doctorant en architecture à l'EPFL. 2025 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

Dans le cadre de la thèse qu’il réalise actuellement en architecture à l’EPFL, Clément Cattin analyse comment adapter les lieux en pente aux défis de la ville durable. Il en résume les enjeux dans une chronique parue dans trois quotidiens romands.

Les opérations de densification sont très présentes dans les villes suisses, mais leur attractivité reste faible au sein de la population. Les refus politiques sont de plus en plus fréquents. Comment continuer à répondre aux besoins de logements tout en assurant une qualité de vie en ville?

Dans ma recherche doctorale en architecture et science de la ville à l’EPFL, j’ai fait le choix de me tourner vers les sites complexes que sont les quartiers en pente. La vue dégagée, les conditions micro-climatiques favorables et une accessibilité liée à la voiture en font des lieux d’habitat très attractifs, mais au caractère urbain plutôt secondaire et monofonctionnel. Ce constat, commun à la plupart des périphéries apparues avec l’essor de l’automobile, est encore plus marqué dans les secteurs en pente: le peu de surface à plat nécessaire aux espaces publics est accaparé par voiture.

Cartographier les sites potentiels

L’accessibilité en transports publics est une condition initiale pour une nouvelle urbanité et une mobilité décarbonée au sein des quartiers en pente. Dans un premier temps, j’ai donc mené un travail de cartographie dans quatre agglomérations suisses (Vevey - Montreux, Neuchâtel - La Chaux-de-Fonds - Le Locle, Saint-Gall et Sion–Sierre). Cette étude analyse le riche réseau de transports publics au cœur des reliefs suisses (trains, funiculaires, télécabines, trolleybus) et révèle de nombreux arrêts au cœur de pentes déjà urbanisées. La relecture de ces sites en pente à travers des enjeux de densification et d’urbanité met en lumière des quartiers qui pourraient accueillir de nouveaux logements et activités, là où les enjeux de densification sont particulièrement forts.

Créer du commun dans les quartiers en pente

Dans un deuxième temps, ma thèse interroge la densification de ces lieux. Historiquement, les villages, bourgs et villes suisses ont su associer richesse topographique et espace public produisant des logements et cadres de vie de qualité. Au regard de ces exemples, ma recherche souhaite tirer parti des opportunités qu’offrent les reliefs urbains et apporter les outils nécessaires pour relever les nombreux défis constructifs, spatiaux, paysagers, climatiques que posent les sites en pente. Ces complexités sont souvent thématisées à l’échelle d’un seul bâtiment, tel un objet posé dans la pente. Je compte plutôt les aborder dans ce travail à l’échelle du quartier, pour obtenir une compréhension à la fois plus large et plus fine des enjeux.

Des projets tests pour quatre sites choisis dans les agglomérations cartographiées auront pour but de démontrer qu'il est possible de créer des espaces communs de qualité au sein de quartiers en pente. A travers ces exemples, ma recherche vise à montrer que les reliefs urbains peuvent être une opportunité pour diversifier l’offre en matière d’habitat attractif, tout en relevant les nombreux défis de la transition urbaine.

Clément Cattin, assistant-doctorant au Laboratoire d’architecture et technologies durables (LAST), EPFL

  • Cette chronique est parue au mois d'octobre 2025 dans les quotidiens La Côte (Vaud), Le Nouvelliste (Valais) et Arcinfo (Neuchâtel), dans le cadre d'un partenariat avec le groupe de presse ESH Médias visant à faire connaître auprès du grand public la recherche et l'innovation de l'EPFL dans le secteur de la construction.