Exposition 'Brut. 50 ans d'un écrin monumental'

A travers des maquettes, du mobilier et des pièces horlogères issues de la collection du musée, ainsi que des interventions d’autres acteurs de l’époque, l’exposition vise à mettre en scène l'état d'esprit dans lequel le MIH a été conçu et raconte la rencontre entre l'horlogerie, la muséologie et l'architecture.

Une installation vidéo met en parallèle des images historiques et contemporaines du musée, et engage un dialogue avec l'architecte Bernard Tschumi ainsi qu'avec le directeur des Acm, Salvatore Aprea. Leurs interventions abordent les enjeux architecturaux et conceptuels qui ont présidé à l'élaboration de l’édifice et offrent des éclairages sur les défis et les choix qui ont jalonné son projet. Cette installation est agrémentée de grands panneaux lumineux illustrant des reproductions de dessins réalisés par les architectes et conservés aux Acm dans le fonds Georges-Jacques Haefeli.

Le bâtiment

Conçu et dessiné par Pierre Zoelly et Georges-Jacques Haefeli, le bâtiment du Musée international d’horlogerie est pour la plupart souterrain. Ce choix répond à deux objectifs : préserver l'esthétique du parc des Musées, et s'adapter au climat exigeant du Jura grâce à une régulation naturelle de la température, essentielle pour la conservation des œuvres.

Le béton, utilisé comme matériau dominant, vise à allier pragmatisme et esthétique. Les voûtes préfabriquées, pesant jusqu'à deux tonnes chacune et soutenant le parc au-dessus, et la poutraison en béton armé ne constituent pas seulement des éléments structurels. Elles manifestent aussi une volonté esthétique brute et imposante qui contraste et dialogue avec la muséographie – aérienne et transparente – mise en œuvre par l'association Team BTG de Pierre Bataillard, Serge Tcherdyne et Mario Gallopini.

Les archives

Le fonds Georges-Jacques Haefeli, conservés aux Acm, conserve les dessins du projet du MIH. Acquis en 2010, ce fonds couvre la période de 1960 à 2008 et est constitué d'environ 220 rouleaux de plans, comprenant principalement des archives techniques sous forme de dessins sur papier et papier calque. Il documente d'importants projets, réalisations et concours dirigés par Haefeli, incluant des œuvres telles que la Cité universitaire de Neuchâtel ou le Musée international de la Croix-Rouge à Genève.
Les dossiers relatifs au Musée international d’horlogerie contiennent de nombreux dessins réalisés par Pierre Zoelly, avec qui Haefeli était associé lors du concours. Ce dernier, ouvert aux architectes résidant ou exerçant dans le canton de Neuchâtel et élargi à une sélection d'architectes suisses, a été organisé en 1968 pour doter La Chaux-de-Fonds d'un musée d'horlogerie apte à accueillir une vaste collection d'instruments de mesure du temps. Une telle initiative répondait à l'époque aux défis posés par les mutations de l'industrie horlogère, confrontée à une hausse de la production, l'avènement de technologies innovantes et l'utilisation de nouveaux matériaux, entraînant des changements dans les paradigmes esthétiques et technologiques.
Des vingt-huit propositions reçues, neuf furent choisies pour une évaluation plus approfondie. Le projet « Gnomon » par Zoelly et Haefeli fut récompensé par le premier prix et le bâtiment, dont la construction a débuté en 1972 en collaboration avec l'ingénieur civil Pierre Beurret et l'entreprise de construction Paci, ouvrit ses portes au public le 19 octobre 1974. Témoignage de l'architecture brutaliste, il est reconnu par le Prix Béton en 1977 et par le Prix Cembureau en 1978. Dans cette même année, il est promu Musée européen de l’année.