EPFL et Rollomatic, un équilibre parfait entre théorie et pratique

Pour le présent article, c’est sous le prisme de la complémentarité des expertises de terrain alliées aux connaissances théoriques des étudiants engagés dans le projet que nous avons souhaité aborder cet « équilibre des forces » parfaitement orchestré. Et pour en parler, nous avons interrogé les personnes directement concernées, du Responsable de la cellule d'innovation Rollomatic à l'EPFL Jonathan Rochat, au Mathématicien et Ingénieur logiciel Timothée Pouchon, en passant par les étudiants présents ce semestre.

Lorsque l’on demande en préambule à Jonathan Rochat pourquoi Rollomatic a choisi l’EPFL pour implanter cette « cellule », la réponse est sans équivoque : « Pour nous, c’était une évidence. Notre besoin est majoritairement tourné vers les mathématiques, or c’est ici que se trouve la meilleure expertise grâce à une formation très pointue dans ce secteur. En outre, l’EPFL offre aussi cette pluralité de compétences, ce vivier de talents dont nous avons aussi besoin dans d’autres champs – comme l’informatique, la mécanique, la robotique notamment -, car notre entreprise évolue constamment et se dirige vers la quatrième génération industrielle. »

Une collaboration qui s'apparente à un réel win-win à tous les niveaux, où l’équilibre des forces et des expertises a réussi ici le pari d’être parfaitement orchestré. « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans le cadre de cette collaboration, les étudiants sont réellement impliqués dans les projets. Ce sur quoi ils travaillent sont des problèmes concrets que nous rencontrons sur site (au Landeron dans le Canton de Neuchâtel où se trouve le siège de Rollomatic), et auxquels nous devons apporter une solution. Leurs connaissances théoriques, extrêmement pointues grâce à la qualité de la formation EPFL, viennent dès lors se « frotter », se challenger au monde réel, les sortant ainsi souvent de leur zone de confort pour faire preuve d’agilité, d’adaptation de la théorie à la pratique. Leur bagage théorique évolue ainsi énormément, et notre pratique se nourrit de leurs savoirs. Si le suivi est quotidien, nous leur laissons toute l’autonomie nécessaire pour développer cette créativité et dépasser les limites de leurs connaissances » poursuit Jonathan Rochat. Et pour assoir encore davantage cette expérience pratico-pratique, Rollomatic organise une séance d’équipe au site du Landeron une fois par semaine afin que les étudiants puissent aller au contact des collaborateurs et ingénieurs de l’entreprise en sus du suivi quotidien effectué par Jonathan et Timothée à Lausanne. "Cela permet de se rendre compte des contraintes métiers, d'échanger davantage sur la partie concrète des projets ainsi que de leur architecture logicielle, tout en apportant cette dimension humaine et cette immersion dans le monde "réel" de l'entreprise aux étudiants" complète Jonathan Rochat.

Ouvrir son horizon et sortir de sa zone de confort : le regard des étudiants

Interrogés, les étudiants impliqués offrent une vision très intéressante de ce que leur apporte - à titre professionnel et personnel - le fait d’être engagés dans cette dualité, entre études d’une part, et expérience concrète d’autre part. Axel, engagé dans la cellule depuis le début - et qui a aujourd'hui initié un doctorat dans la continuité - pointe du doigt « l’importance de travailler sur des défis intéressants issus de l’industrie, de répondre à de réels problèmes extrêmement complexes, dont la résolution est « utile »." Utile car le travail est concret ! Axel peut en effet travailler directement dans le logiciel servant à programmer et usiner tout type d'outils coupants qui est fourni par Rollomatic avec ses machines CNC. L'étudiant se penche sur la résolution d'équations mathématiques permettant de calculer de façon robuste la trajectoire que les meules doivent parcourir pour créer un outil de coupe conçu par l'utilisateur. "On ne cherche pas la solution parfaite, mais la solution adaptée au problème. Les hypothèses sont alors guidées par la réalité du terrain et cela profite à la recherche. À titre personnel, j'ai découvert une voie autre que celles "classiques" pour mon cursus de Mathématiques, et me suis alors engagé dans un doctorat avec toute la fierté que j'en tire de pouvoir expliquer ce sur quoi je travaille. Cela motive la recherche et nous motive, nous étudiants, à aller de l'avant en renforçant notre solide bagage académique issu de l'EPFL par un bagage entrepreneurial " conclut l'étudiant.

Yann est un autre étudiant engagé dans le département Laser de Rollomatic. Il y développe un algorithme d'analyse d'objets géométriques et de maillages en trois dimensions pour la génération automatique des paramètres d'usinage des machines Laser Rollomatic. Il a dans ce cadre pu proposer une version de code à intégrer dans les solutions logicielles actuelles de Rollomatic. Approuvant totalement les propos de son collègue, il explique quant à lui « aimer pouvoir être force de proposition grâce à la très grande autonomie laissée par Rollomatic. Ici, tout le savoir acquis à l’EPFL peut se déployer presque sans limite grâce à une très grande confiance laissée par l'entreprise. Avec, à la clé, l’avènement de solutions qui nous apparaissent parfois sorties de nulle part et qui sont en réalité le fruit de cette mixité entre théorie et pratique, poussant à l’agilité, à ouvrir notre horizon et nourrir notre espace créatif. »

R&D : maillon - toujours plus - essentiel des entreprises engagées dans l'innovation

Benjamin, 3ème étudiant interrogé, a mené son projet de master sur la manière optimale de varier les paramètres géométriques d'un outil connu pour le transformer en un outil spécifié par l'utilisateur. Ici aussi les mathématiques sont indispensables, avec notamment l'utilisation de notions poussées en géométrie différentielle et analyse numérique, pour des résultats qui restent cependant - et là encore - très concrets pour l'entreprise ! L'étudiant souligne de son côté l'importance de la recherche aujourd'hui pour les entreprises : "Je trouve ça très intéressant pour une entreprise d'être capable de garder un bureau de recherche où des projets à longs termes peuvent se développer. En tant qu'étudiant, j'ai pu explorer des pistes que les ingénieurs de Rollomatic n'ont pas forcément le temps d'envisager au quotidien en particulier sur des projets de recherche à longue échéance." Des projets souvent perçus comme moins "urgents" mais qui positionneront l'entreprise durablement. "Et l'EPFL est le parfait partenaire pour cela" conclu Jonathan Rochat.

Face à ce premier bilan extrêmement positif, nul doute que la collaboration entre l'EPFL et Rollomatic a encore de beaux jours devant elle !