Entre structure des ménages, densité urbaine et transition écologique

La Suisse – comme beaucoup d'autres pays européens - est confrontée à la fois au défi de la croissance démographique et à celui des objectifs de neutralité carbone pour respecter l'Accord de Paris d'ici 2050. Dans un contexte de crise du logement, les acteurs de l’immobilier promeuvent une forte augmentation du nombre de nouvelles constructions, tendant à reléguer les défis climatiques et environnementaux au second plan. D'un autre côté, l'idée d'un moratoire sur les nouvelles constructions tend à émerger en associant parfois les volontés de préserver le cadre de vie avec celles de protéger l'environnement. Dans ces deux positions opposées, la question de l’occupation actuelle et future des logements compte tenu d’une structure démographique en évolution, de même que celle du lien entre localisation des logements et mobilités induites, tend souvent à être éludée. Malgré la disponibilité de données statistiques actualisées, les estimations relatives aux taux d'inoccupation, et donc aux besoins en logement, ne reflètent pas la capacité optimale du parc immobilier actuel situé sur des territoires bien reliés aux transports publics.

Dans cet article, les auteurs présentent un nouveau model qui fournit une estimation complète et précise des besoins en logement en Suisse afin de contribuer à l'élaboration de stratégies de logement pertinentes dans la perspective d'une société bas carbone. Le modèle adopte une approche prospective et statistique pour estimer – quantitativement et spatialement – les besoins futurs de logements. Sur la base des scénarios démographiques de l’OFS, d'objectifs d'occupation et de connections aux transports publics, il permet de déterminer un taux de vacance contextualisé du parc de logements actuel et, par conséquent, de définir combien et où de nouveaux logements devraient être construits.

Dans une approche à la fois concrète et écologique, les résultats montrent qu'il serait possible de répondre à l’augmentation attendue de la population en Suisse et de minimiser les émissions de CO₂ imputables à la réalisation, l'exploitation et la mobilité induite par le cadre bâti, en construisant nettement moins que les 50’000 nouveaux logements annuels construits lors de la dernière décennie.

L'article présente également une stratégie d'actions prioritaires pour répondre aux besoins en logements tout en minimisant l'impact carbone de la construction et en renforçant des pratiques durables.