En piste contre les métastases

Une équipe de recherche vient de trouver comment les cellules cancéreuses migrent vers le système lymphatique au début de la phase métastasique. Ces résultats, publiés dans l'édition de juin du magazine "Cancer Cell", représentent un important potentiel pour le développement de thérapies contre les métastases.

Les scientifiques savent qu'une tumeur se répand via le système lymphatique, mais ils ne connaissent pas le processus de cette migration. Dans l'édition de juin du magazine "Cancer Cell", la professeure associée de l'EPFL Melody Swartz et sa collègue Jacqueline Shields donnent une explication avec des résultats pour la justifier.

Les tumeurs produisent du liquide en excès qui passe continuellement de la tumeur aux vaisseaux lymphatiques proches. La recherche de l'EPFL montre comment les cellules utilisent une stratégie chimique pour exploiter ce lent flux à sens unique pour migrer vers les vaisseaux lymphatiques fonctionnels.

Dans le cadre de leur travail de drainage intercellulaire, des tissus lymphatiques sécrètent de petites quantités d'une molécule de signalisation. Les cellules migrent vers les hautes concentrations de cette molécule. Ainsi, si elles sont assez proches du système lymphatique pour percevoir la molécule, elles se dirigeront vers le vaisseau. L'équipe de Melody Swartz a montré que les cellules cancéreuses sécrètent cette même molécule. Etant donné que le système lymphatique draine du liquide, il y aura toujours un flux lent de la tumeur vers le lymphatique. Ce flux lent biaise la distribution de la concentration de cette molécule vers le vaisseau lymphatique et la cellule tumorale la suit comme une ombre. A proximité du vaisseau, les concentrations de la molécule de signalisation sont renforcées par la sécrétion du lymphatique. Résultat: la migration de la cellule cancéreuse vise clairement le lymphatique.

Pour démontrer ce nouveau concept, les chercheurs ont réalisé un modèle de culture de tissus du microenvironnement lymphatique cancéreux et ont développé des modèles informatiques pour calculer les gradients de la molécule de signalisation.

L'étude fournit la première preuve que les cellules cancéreuses peuvent à la fois produire et utiliser la même molécule de signalisation et elle met en évidence l'importance de l'environnement biophysique à proximité d'une tumeur, en particulier l'existence d'un flux lent continu vers les vaisseaux lymphatiques fonctionnels.

"Cette recherche pourrait offrir de nouvelles perspectives pour combattre les métastases", déclare Melody Swartz. "Si un vaisseau lymphatique est bloqué, il attirerait moins les cellules cancéreuses. Cela signifie que les cellules savent quels vaisseaux lymphatiques seront les plus efficaces pour une dissémination," explique-t-elle. "D'un point de vue thérapeutique, cela signifie qu'un médicament contre les métastases dans les ganglions lymphatiques devrait bloquer la molécule de signalisation ou son récepteur dans la cellule cancéreuse."