«En choisissant l'EPFL, les jeunes pourront avoir un impact»

Maya Fruehauf, ambassadrice des treize filières de l’EPFL auprès des gymnasiennes et gymansiens. 2025 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

Maya Fruehauf, ambassadrice des treize filières de l’EPFL auprès des gymnasiennes et gymansiens. 2025 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

Fervente ambassadrice des treize filières de l’EPFL auprès des gymnasiennes et gymansiens, l’ingénieure chimiste Maya Fruehauf leur parle cash: des études très exigeantes, mais qui leur permettront d’apporter des solutions concrètes dans des domaines aussi divers que la santé, la mobilité, l’environnement ou le numérique. 

Femme de terrain et de contact, Maya Fruehauf n’a que faire d’un bureau. Au lendemain de la rentrée académique, l’adjointe de la cheffe du Service de promotion de l’éducation (SPE) nous attend tout sourire au nord du campus, place Ada Lovelace, pour parler un peu d’elle, et surtout de sa mission principale: la promotion des filières de l’EPFL auprès des gymnasiennes et gymnasiens suisses. Elle-même est une ancienne élève de l’institution, ingénieure chimiste de formation reconvertie dans l’orientation.

Quelque 2100 jeunes viennent justement de débuter leur cursus dans ce haut lieu des sciences, de la technique et de la technologie. Est-ce le résultat d’un choix éclairé? Sont-ils dans les meilleures conditions possibles pour entamer leurs études? C’est ce qu’espère le SPE. Car ses actions ne visent pas à séduire le plus d’étudiantes et étudiants possible en leur tendant un miroir aux alouettes, mais à faire en sorte qu’aucune pépite ne soit laissée sur le bord de la route.

Allumer la flamme

«Mon approche personnelle, c’est l’intérêt des jeunes, explique Maya Fruehauf. Je suis heureuse de faire rayonner les différentes formations, de voir briller leurs yeux quand ils réalisent qu’à l’EPFL, ils ne vont pas juste apprendre ce qui a été découvert par d’autres. Ils vont pouvoir créer, innover, avoir un impact sur l’avenir en apportant des solutions dans des domaines aussi divers que les matériaux, la durabilité, la santé ou les technologies de l’information, et faire partie de quelque chose de grand. Je suis très fière de l’institution, mais ce serait la pire des pubs que d’y faire venir des jeunes qui n’ont pas les épaules ou la motivation pour se lancer dans des études aussi exigeantes.»

Maya Fruehauf accorde une attention particulière aux étudiantes et étudiants prometteurs dont les parents ne sont pas universitaires et qui, partant, ont peu de contacts avec le monde académique. «Il est important d’aller à leur rencontre afin de lever ce type de freins familiaux, de casser les idées toutes faites et de stimuler leur intérêt pour les enjeux scientifiques et techniques.»

Une femme engagée

Éprise de justice sociale, concernée par l’avenir de notre planète, Maya Fruehauf est une femme engagée. Dans sa commune d'Ecublens, cette amoureuse de la nature sauvage est membre du groupe Action Climat Ecublens et siège dans les rangs socialistes du Conseil communal. Les jeunes femmes sont une de ses cibles prioritaires: «Elles font clairement partie des publics qu’on ne veut pas manquer. Ne serait-ce que parce qu’il serait dommage de priver la société de leur talent.»

Il est important d’aller à la rencontre de celles et ceux dont les parents ne sont pas universitaires afin de lever ce type de freins familiaux, de casser les idées toutes faites et de stimuler leur intérêt pour les enjeux scientifiques et techniques

Maya Fruehauf, l’adjointe de la cheffe du Service de promotion de l’éducation

Même si la proportion d’étudiantes n’a cessé de progresser ces dernières années pour atteindre le seuil réjouissant de 35%, l’EPFL est déterminée à intensifier cet élan. Et surtout, à tout tenter pour décloisonner les filières: «C’est vraiment un combat qui nous tient à cœur. Beaucoup de jeunes femmes choisissent l’ingénierie des sciences du vivant ou l’architecture - elles y sont même désormais plus nombreuses que les hommes. Mais certains domaines d’études, comme l’informatique ou le génie mécanique, restent des bastions masculins alors qu’ils offrent de magnifiques opportunités. Un rêve serait d’avoir plus de 30% de femmes dans chaque filière.»

La tête et les mains

Maya Fruehauf n’était elle-même pas prédestinée à embrasser une carrière d’ingénieure. Née en 1965, elle a grandi à Vevey dans une famille non universitaire, comme la plupart de ses camarades d’enfance. Un père mécanicien, une mère au foyer au bénéfice d’une formation d’employée de commerce. Pourquoi la chimie? «J’avais fait latin-anglais, donc un cursus très littéraire, mais je voulais aller vers quelque chose de plus concret, travailler avec mes mains. J’ai pensé devenir ingénieur forestier, mais il fallait étudier à Zurich. Mélanger des produits, créer de nouvelles molécules, ça me parlait. Mes parents avaient confiance. On ne roulait pas sur l’or, mais ils étaient assez fiers que je puisse faire des études. Ils m’ont dit ok pour quatre ans, pas plus! Parce qu’il y avait mon petit frère après moi.»

Du parfum aux terres contaminées

Ses études de chimie ne furent pas une promenade de santé: «La première année, c’était l’horreur. Mon bagage en maths-physique était plus que rudimentaire. Heureusement, il y avait deux jours de labo par semaine. Donc je me suis accrochée et très vite, c’est devenu un plaisir.» En 1988, son diplôme en poche, elle se lance dans le grand bain de l’industrie. La plongée dure huit ans. Dans la parfumerie d’abord, chez Givaudan, puis à l’Institut Battelle qui fait de la recherche sous contrat, notamment dans le domaine de l’environnement: «Le choc! Je suis passée du monde du luxe à la dure réalité des terres contaminées. Mais c’était très motivant d’avoir de l’impact. Par exemple, après une pollution, de pouvoir annoncer à des agriculteurs du Nord de l’Italie que tout était rentré dans l’ordre et qu’ils pouvaient recommencer à exploiter leurs rizières.»

À 31 ans, en 1996, elle renonce à son métier et revient à l’EPFL comme responsable de l’orientation, poussée par l’envie de changer et, surtout, par le désir de fonder une famille avec son amoureux, post doctorant en chimie à l’EPFL. Ils sont aujourd’hui parents de deux enfants adultes qu’ils n’ont pas cherché à embrigader: leur fille a fait médecine, leur fils vient de terminer HEC.

À cinq ans de la retraite, Maya Fruehauf regarde sa trajectoire avec sérénité et, sans doute, un agréable sentiment de devoir accompli: «Mon rôle maintenant est d’être un peu plus en back-up, de rester en support aux nouveaux membres du service et de leur permettre de s’épanouir.»


Auteur: Joëlle Favre

Source: People