Économie circulaire et innovation: des solutions pour demain

Ankita Singhvi, doctorante, et la professeure Claudia Binder étaient toutes deux topic leaders du 12e International Swiss Talent Forum © Science et jeunesse

Ankita Singhvi, doctorante, et la professeure Claudia Binder étaient toutes deux topic leaders du 12e International Swiss Talent Forum © Science et jeunesse

Soixante jeunes de 18 à 23 ans venus du monde entier se sont réunis à l’EPFL début février pour participer au 12e International Swiss Talent Forum de la Fondation Science et Jeunesse. Au terme d’une semaine de travail intense, ils ont proposé d’innovantes solutions dans le domaine de l’économie circulaire.

Extraire des ressources, fabriquer un objet, le jeter lorsqu’il arrive en fin de vie. Ou, pire encore, quand on n’en a simplement plus l’utilité. Si le paradigme de l’économie linéaire a clairement montré ses limites, pour le poids qu’il fait peser dans la balance écologique notamment, difficile pourtant de changer de cap pour de très nombreuses entreprises. Mais comment les encourager à revoir leurs plans et amorcer un changement vers un modèle durable?

C’est précisément autour de ces enjeux et des défis qu’ils représentent qu’ont été conviés soixante jeunes, de 18 à 23 ans, de Suisse pour une moitié, de l’international pour la seconde, toutes et tous vainqueurs de différents concours scientifiques nationaux. En groupes mixtes, mêlant les degrés d’études (fin de gymnase pour une partie, déjà engagés dans des études universitaires pour l’autre), les genres et les cultures, ils ont eu moins d’une semaine pour remonter leurs manches et proposer des solutions innovantes autour de cinq challenges lancés par la fondation Science et jeunesse en collaboration avec plusieurs expertes et experts. Le tout dans le cadre de son 12e International Swiss Talent Forum qui se tenait cette année pour la première fois à l’EPFL, partenaire de l’événement à travers son Service de promotion de l’éducation (SPE). «Former des leaders responsables pour le monde de demain est très important pour notre École. Nous sommes dès lors ravis d’être associés à une telle initiative», se réjouissait Ambrogio Fasoli, vice-président associé pour la recherche, lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement.

«C’est une belle opportunité de faire quelque chose de complètement différent», assure Chiara, 22 ans, étudiante tessinoise en biologie à l’Université de Zurich. Mais aussi, pour l’EPFL de mettre à disposition son expertise dans le domaine de l’économie circulaire, avec la présence de spécialistes: Claudia Binder, doyenne de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC), et Ankita Singhvi, doctorante dans le laboratoire de Claudia Binder, toutes deux topic leaders de cette édition.

Dépasser les vieilles habitudes

Afin de les accompagner pour relever un défi de taille, les participantes et participants ont donc pu compter sur l’encadrement de coachs professionnels tout au long du processus. Pour mieux aborder le travail en équipe d’une part, et pour acquérir et développer leurs compétences transverses, nécessaires dans pareille démarche d’autre part. Tout en bénéficiant des conseils avisés des topic leaders: «n’ayez pas peur d’aller au-delà de vos disciplines et de vos connaissances», encourageait ainsi Claudia Binder. «Relever un tel défi nécessite des leaders qui ont envie d’aller plus loin, de changer de cap, pour que l’ensemble d’un groupe ou d’une entreprise emprunte un chemin différent», assurait-elle à l’assemblée, suite à la question d’un étudiant qui renvoyait dos-à-dos économie circulaire et profit.

Notre futur sera façonné par ce que nous valorisons, par ce que nous imaginons et par les personnes qui nous entourent

Prof. Claudia Binder, doyenne de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC)

Lors de sa présentation, destinée à inspirer les réflexions au cours de la semaine, Claudia Binder aura aussi montré la nécessité d’un changement de paradigme, tant pour la planète que pour davantage d’équité sociale, chiffres à l’appui: «l’utilisation des ressources a augmenté de façon significative avec le temps et s’avère non-durable. Seulement 7.2% de notre économie est circulaire. Selon le «Circularity Gap», une économie circulaire globale permettrait de répondre à nos besoins avec 70% des matériaux que nous utilisons aujourd’hui.» Un système de valeurs à changer donc ? «Notre futur sera façonné par ce que nous valorisons, par ce que nous imaginons et par les personnes qui nous entourent», concluait la responsable du Laboratoire des relations humaines-environnementales dans les systèmes urbains.

Une nécessité du point de vue des jeunes aussi ? «La Terre est ronde, mais pas l’économie, lance avec philosophie Alessio, 19 ans, venu d’Italie. Une expérience comme celle-ci permet de nous faire sortir de nos zones de confort et de grandir à la fois, d’autant qu’il nous revient à nous désormais d’innover pour le futur de la planète». «Je suis convaincu que l’économie circulaire est le futur de notre système, avec de nombreux bénéfices pour l’environnement», complète Ahmed, son camarade de 18 ans, venu pour sa part de Tunisie.

Les solutions

Repenser un système, sortir d’une économie basée sur l’extraction de matériaux et la gestion des déchets, proposer des solutions concrètes: c’est bien le défi relevé par chacun des groupes. En suggérant de créer une chaussure modulaire par exemple, dont les matériaux ne seraient pas tous collés les uns aux autres, mais qui s’assembleraient, un peu comme on assemble des pièces de LEGO pour former un tout solide. Ou encore la fabrication d’une chaussure biodégradable à partir de mycélium, l’ensemble des filaments du champignon qui se trouvent dans le sol, entrant aujourd’hui déjà dans la composition d’objets tels que des briques écologiques ou des panneaux d’isolation.

La Terre est ronde, mais pas l’économie

Alessio, gymnasien italien participant au 12e International Swiss Talent Forum

Sans oublier, côté électroménager, les groupes qui se sont quant à eux penchés sur les façons de promouvoir l’achat d’un objet rénové plutôt que du flambant neuf. Une machine à café par exemple, dont on aurait réparé ou remplacé les éléments défectueux, puis remise sur le marché à moindre coût. Le tout accompagné d’un QR code renvoyant vers l’historique de l’appareil et de ses modifications. Ou encore la fabrication de boîtes modulaires réutilisables, pour remplacer les emballages en carton à usage unique, avec des matériaux biodégradables créés à base de plantes.

Des propositions, dix au total, toutes saluées au terme des présentations et qui ont prouvé l’intérêt des jeunes pour le domaine, à l’égard d’un monde plus durable ainsi qu’envers les initiatives telles que l’ISTF. «C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes se souciant de l’environnement, sans pour autant être spécialiste du thème sur lequel nous avons travaillé», livre Marti, 20 ans, de Barcelone. «Donc d’apprendre un tas de nouvelles choses», conclut Adrien, 20 ans, de Zurich.

SPE-Science et jeunesse

Fondation d’utilité publique à but non lucratif, Science et jeunesse propose des activités visant à encourager la relève scientifique suisse et offre la possibilité de découvrir les mondes académiques et industriels, d’apprendre à mener à bien un projet de recherche et de trouver des solutions à des problématiques actuelles. Elle collabore notamment avec le Service de promotion de l’éducation de l’EPFL dans le cadre de l’International Swiss Talent Forum, qui se tenait en 2023 pour la première en Suisse romande, sur le campus de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. De nombreux laboratoires de l’École accueillent par ailleurs des gymnasiennes et gymnasiens au cours des Semaines d’études de la Fondation Science et jeunesse, dans les disciplines de l’informatique, biologie et médecine, chimie et science des matériaux.

En savoir plus sur la Fondation Science et jeunesse