Ecologie: le côté noir du silicium

Comment diminuer la consommation d'énergie des ordinateurs? Des chercheurs de l'EPFL explorent la voie du «dark silicon».

L'informatique, énergivore? Le problème est loin d'être anecdotique. L'ensemble des datacenters américains affiche déjà une consommation équivalente à celle de tous les ménages suisses. Tout pousse à croire que le phénomène va continuer sur un mode exponentiel, à mesure que croissent nos besoins. Parmi les équipes de l'EPFL qui tentent de réduire la consommation des puces électroniques, le laboratoire d'architecture de systèmes parallèles (PARSA) travaille sur une piste qui pourrait la diminuer par un facteur 100.

Le dark computing ouvre de nouvelles perspectives. L'idée: des puces composées de centaines de coeurs, chacun avec sa propre spécialisation. Au lieu d'un unique processeur à tout faire, un assemblage de circuits spécialisés, où seuls les coeurs effectivement sollicités sont alimentés, et les autres désactivés.

Dans l'informatique actuelle, un cas de figure s'approche déjà du concept: les circuits graphiques, spécialisés dans les tâches d'affichage. Ils figurent un bon exemple de l'avenir que nous réserve le dark computing. «Demain, les fonctions de réseau, de stockage, ou de recherche disposeront aussi de leurs propres circuits, intégrés au sein d'une même puce», explique Babak Falsafi, directeur du PARSA.

Le concept est particulièrement intéressant du côté des serveurs. «Un datacenter représente des millions d'investissement. Optimiser la consommation devient un véritable enjeu économique».

La machinerie mise en place par les datacenters demande un énorme brassage de données. Par exemple, lors d'une simple requête de traduction via Google. «Le procédé ne s'appuie pas sur une analyse grammaticale, mais sur une comparaison de milliers de traductions préexistantes, stockées, comparées et triées suivant une méthode statistique. C'est le cas de nombreux services, en conséquence la simple gestion de données prendra une place toujours plus importante». Une telle tâche, confiée à un circuit spécialisé, requerra sensiblement moins d'énergie.

Le travail de Babak Falsafi s'inscrit dans le programme Eurocloud server. Démarré en 2010, il devrait donner lieu à de nouveaux prototypes d'ici à deux ans.


Auteur: Lionel Pousaz

Source: EPFL