Du Léman au Baïkal, une aventure scientifique
Le projet Léman-Baïkal déploie ses ULM en Suisse et en Russie. C’est d’une part le plus grand lac alpin, et d’autre part le plus grand lac du monde qui feront l’objet de nouvelles méthodes d’analyse depuis les airs.
Scientifiques suisses et russes réunissent leur savoir-faire pour une meilleure compréhension des milieux lacustres. A bords d’ULM truffés de technologies, ils comptent tester de nouvelles méthodes d’analyse au-dessus du Léman et du Baïkal. Grâce au soutien de Ferring Pharmaceuticals et du Consulat honoraire de Russie à Lausanne, et avec le concours de l’Académie russe des sciences, les chercheurs sillonneront depuis les airs la surface des deux lacs. La campagne vient de commencer sur le Léman.
Les principaux instigateurs du projet Léman-Baïkal ont dévoilé les grandes lignes de cette collaboration internationale ce mardi 14 mai, lors d’une conférence de presse. Le 25 mai, les ULM partiront vers la Russie pour un voyage de plus de 7500 kilomètres. Pendant le trajet, les chercheurs de l’EPFL utiliseront la technologie embarquée pour une étude de la biodiversité. Des scientifiques français du CEA se joindront au périple, dans le but de mieux comprendre les conséquences atmosphériques des feux de forêt boréale. Le 24 juin commencera la campagne sur le Baïkal.
Le Léman et le Baïkal : similitudes et différences
Le Léman et le Baïkal ont de nombreux points communs. Ces deux lacs glaciaires sont assez importants pour donner lieu à des phénomènes physiques complexes de circulation des eaux, et subissent de plein fouet l’activité humaine. Ils sont également suffisamment différents pour qu’une comparaison s’impose. En effet, si le Léman fait figure de géant dans les Alpes, le Baïkal impose un radical changement d’échelle: plus grande réserve d’eau douce du monde, il s’étend sur plus de 600 kilomètres, pour une profondeur maximale de près de 1600 mètres! En testant leurs méthodes de travail sur les deux plans d’eau, les chercheurs disposent des meilleures conditions pour mettre au point de nouvelles méthodes d’analyse, applicables à quantité de milieux lacustres.
Des équipements scientifiques de pointe
L’un des ULM est équipé d’une caméra hyperspectrale, capable de diviser le spectre lumineux en plus de 250 parties. De la sorte, il devient possible de voir précisément comment algues et sédiments en suspension se distribuent et circulent dans les couches affluant la surface. Les données issues des aéronefs seront combinées à celles des satellites, ainsi qu’à des prélevés effectués sur un catamaran. Des dispositifs lasers, appelés «Lidar», apporteront des informations précieuses sur les courants aériens proches de la surface.
Autre objet de préoccupation, les deltas fluviaux. Souvent vecteurs de pollution, à cause de l’activité humaine en amont, les affluents induisent des courants complexes – ce que l’on appelle le «panache». En dévoilant les dynamiques complexes de ce phénomène, les chercheurs comptent notamment mieux comprendre comment se distribuent les polluants. Lors de la première saison d’exploration en Russie, les scientifiques se pencheront plus particulièrement sur le panache de la rivière Selenga, au delta incomparablement plus grand que celui du Rhône.
Une plateforme d’échange scientifique entre la Suisse et la Russie
En 2011, la campagne elemo avait été l’occasion pour les chercheurs suisses de profiter de la technologie et du savoir-faire russe. Les submersibles MIR avaient permis une campagne d’exploration sans précédent dans les eaux du Léman. Cette fois-ci, la Suisse apportera une pierre décisive à l’édifice, grâce aux méthodes d’analyse développées à l’EPFL, se réjouit Ulrich Lemmin, responsable scientifique du projet Leman-Baïkal. «L’un de nos objectifs est d’ailleurs de transférer à nos confrères russes notre savoir-faire, tout particulièrement dans le domaine de l’imagerie hyperspectrale.»
Autre aspect du projet Léman-Baïkal, la mise sur pied d’une véritable plateforme d’échange. La Suisse et la Russie dépêcheront chacun cinq chercheurs qui séjourneront dans le pays partenaire. Les scientifiques organiseront des workshops afin de partager leurs résultats, dans le but notamment de réaliser des publications communes.
Le soutien réitéré de Ferring Pharmaceuticals rend possible cette aventure. «En 2011, avec la campagne elemo, nous avons montré notre engagement pour le bassin lémanique et la protection de son environnement, explique Michel Pettigrew, Président du Comité de direction de Ferring Phamaceuticals. Nous sommes fiers de renouveler notre soutien à ce projet qui correspond parfaitement aux valeurs fondamentales de Ferring, axées autour de l’Humain, de la recherche et du partage des connaissances.»