Deux spin-off de l'EPFL en finale d'un concours international

© Hello Tomorrow

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Deux spin-off de l’EPFL, Lumendo et Gliapharm, sont en lice à Paris pour le concours Hello Tomorrow. Sélectionnées parmi les 80 finalistes de ce concours international destiné aux start-up de haute technologie, elles présenteront leurs activités devant un parterre de spécialistes. En jeu, un prix en espèces, mais surtout une visibilité accrue.

Gliapharm et Lumendo, deux spin-off de l’EPFL, se présentent à Paris, durant le Hello Tomorrow Challenge à un parterre de spécialistes et potentiels investisseurs. L’événement, l’un des plus importants d’Europe dans le domaine des biotechnologies, est destiné aux start-up « deeptech » : développant des innovations liées à des inventions en ingénieries ou issues de découvertes scientifiques récentes. Les huitante finalistes, sélectionnées sur dossier parmi 500 entreprises elles-mêmes déjà triées sur le volet, vont s’affronter à coups de speech sur la scène parisienne. Les deux start-up de l’EPFL tenteront de tirer leur épingle du jeu afin d’obtenir les 100 000 euros promis au grand vainqueur, mais tireront avant tout profit de cette nouvelle visibilité internationale.

Soigner des maladies neurologiques en ciblant les cellules gliales

Les recherches sur les neurones et les traitements de maladies neurologiques ou psychiques ont longtemps fait de l’ombre aux cellules gliales, tenues pour secondaires. Des techniques d’imagerie ont permis dans les années 1990 de faire petit à petit apparaître l’importance de ces cellules dans les mécanismes cérébraux : elles dialoguent avec les neurones, sont nécessaires à leur survie, les approvisionnent en énergie ou encore les débarrassent de leurs déchets. L’équipe de Pierre Magistretti à l’EPFL, aujourd’hui professeur honoraire, a notamment mis en évidence plusieurs mécanismes d’activation entre les neurones et les cellules gliales ainsi que des molécules en jeu dans la consolidation de la mémoire. Ces nouvelles découvertes ont ainsi montrer leur rôle de cibles potentielles pour le traitement des maladies psychiques et neurologiques.

La start-up Gliapharm a donc été lancée en 2016 avec quelques molécules potentiellement intéressantes. L’une d’entre elles pourrait permettre de traiter la sclérose latérale amyotrophique, la maladie dégénérative dont souffrait Stephen Hawking. Elle a d’ores et déjà été testée sur des rongeurs. L’entreprise, désormais basée au Campus Biotech à Genève, possède deux autres brevets sur des molécules pour soigner la démence et la dépression. Elle possède une longueur d’avance sur les concurrents puisque les traitements ciblant les cellules gliales sont encore rares. Avantage supplémentaire, « parmi les entreprises travaillant sur la glie nous sommes la seule à cibler des voies métaboliques, soit les échanges entre cellules cérébrales », souligne Sylvain Lengacher, CEO de la start-up. Après une année 2018 consacrée quasi exclusivement à la recherche, l’entreprise souhaite en 2019 se lancer dans la participation à plusieurs prix afin d’obtenir davantage de visibilité et préparer le terrain pour une levée de fonds prévue en milieu d’année.

Des matériaux photosensibles pour simplifier le travail des chirurgiens

Traitements de racine, des hernies discales ou encore des anévrismes : le système mis au point par Lumendo, spin-off de l’EPFL fondée en 2018, pourrait faire gagner un temps précieux aux dentistes et aux chirurgiens. Combler l’espace laissé libre par la racine d’une dent prend actuellement une trentaine de minutes puisque le matériau utilisé est tassé, puis séché petit à petit. Le procédé développé par la start-up, inséré avec l’aide un cathéter puis durci grâce par une fibre optique, pourrait diviser par dix le temps nécessaire à l’opération.

C’est durant son doctorat au Laboratoire d’appareil photoniques appliqués et au Laboratoire d’orthopédie biomédicale de l’EPFL qu’Andreas Schmocker a développé l’essentie du procédé. Il manquait cependant, afin d’envisager un développement commercial, la molécule photosensible idéale qui ferait sécher le matériau en un clin d’œil. C’est à l’ETHZ que le CEO l’a trouvée, développée par un chimiste, Mark Bispinghoff, devenu CTO. Les objectifs 2019 pour la jeune entreprise sont le test du procédé pour les obturations dentaires sur des cellules animales afin d’en faire rapidement un produit commercialisable ainsi que la clôture d’une levée de fonds.