Deux millions levés pour l'appareil à détecter les allergies

© 2012 EPFL

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Abionic, spin-off de l’EPFL, boucle son premier tour de financement cette semaine et a été sélectionnée hier par Red Herring 100 entreprises les plus innovantes d’Europe. Son système permet de dépister les allergies en 20 minutes avec une seule goutte de sang. Il pourrait être sur le marché dès 2013.


Indolore et rapide, le système de détection et quantification des allergies mis au point par Abionic, a le vent en poupe. La spin-off du Laboratoire d’optique biomédicale de l’EPFL vient d’obtenir deux millions de fonds d’investisseurs privés et institutionnels dont notamment MedHoldings, Polytech Ventures, Blue Ocean Ventures, Fongit Seed Invest ainsi que les Business Angels Switzerland. Un montant qui va lui permettre de terminer le développement de son système et viser une mise sur le marché l’année prochaine. La jeune pousse vient également d’être sélectionnée par le jury de Red Herring comme l’une des 100 entreprises les plus innovantes d’Europe fin avril. Le magazine américain qui décerne cette récompense est une référence pour de nombreux venture capitalists. Les finalistes sont évaluées sur des critères quantitatifs et qualitatifs, tels que la performance financière, l'innovation technologique, la qualité de la gestion etc. A noter que quatre autres entreprises liées à l’EPFL font également partie de cette liste: Biocartis, Paper.li, HR Matching, et StereoTools.

Une multitude d’allergènes sur un seul CD

Destiné aux cabinets médicaux des allergologues, pédiatres et autres praticiens, ce boîtier s’apparente à un lecteur DVD muni d’un écran tactile. Des capsules en plastique contenant les biopuces à usage unique complètent l’équipement. Environ 20 minutes suffisent à diagnostiquer les principales allergies d’un patient sur la base d’une goutte de sang. Ce système pourrait éviter à des millions de personnes de par le monde le fastidieux test cutané qui consiste à faire pénétrer par plusieurs petites piqûres superficielles, différents allergènes afin d’observer la réaction de l’épiderme.
Quelques gouttes d’un réactif sont mélangées à l’échantillon sanguin. La préparation est placée dans une capsule compartimentée contenant une dizaine de biopuces, préparées chacune avec un allergène différent. Le petit dispositif est placé sur un support plastique en forme de CD et «lu» par le laser de l’appareil. Les résultats apparaissent à l’écran et sont automatiquement enregistrés sur une carte mémoire, ce qui permet au médecin de les lire, de les imprimer et les conserver sur son ordinateur. Plusieurs dizaines d’allergènes peuvent ainsi être mis sur un même CD de manière personnalisée.

Compter les molécules

Les biopuces nanofluidiques, de manière générale, misent sur les propriétés différentes des fluides à l’échelle nanoscopique pour en tirer certains avantages. Dans la technologie mise au point par Nicolas Durand lors de sa thèse au laboratoire de microsystèmes de l’EPFL et développée par sa start-up issue du Laboratoire d’optique biomédicale de l’EPFL, les protéines contenues dans le sang sont forcées à entrer en contact avec les allergènes préalablement disposés dans la biopuce. Les interactions entre certaines protéines du sang préalablement marquées par un fluorochrome, substance chimique capable d'émettre de la lumière après excitation, et les allergènes immobilisés sont mesurées par fluorescence. Le laser de l’appareil excite les complexes moléculaires protéines-allergènes qui émettent de la lumière. La concentration de ces derniers détermine le degré d’allergie. Cela équivaut pour le système à chercher une épingle dans une botte de foin et à la trouver à coup sûr.

Cancer et Alzheimer comme prochaines cibles

D’après le Centre d’allergie suisse, près d’un quart de la population helvétique a déjà présenté des symptômes allergiques. L’American Academy of Allergy Asthma and Immunology annonce même qu’un peu plus de 50 % des Américains en souffriraient. De manière générale les allergies, y compris alimentaires, ne cessent d’augmenter depuis le milieu des années 50 partout dans le monde. «Le marché mondial du diagnostic en 2011 était évalué à plus de 40 milliards de francs», rapporte Nicolas Durand.

Les prochains objectifs ne sont pas moins prometteurs puisque, outre réduire encore le temps d’attente avant l’obtention des résultats, la start-up projette déjà d’utiliser cette même méthode pour la détection d’autres maladies dont les biomarqueurs sanguins seraient disponibles commercialement, comme certains cancers ou même la maladie d’Alzheimer.



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© 2012 Alain Herzog
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