Des submersibles pour explorer le lac Léman

Grâce aux submersibles russes MIR, le programme scientifique elemo permettra d’en savoir plus sur le Léman. Des équipes scientifiques internationales exploreront les abysses du plus grand lac alpin pour mieux le comprendre et le protéger.

Un million et demi de personnes vivent aux abords du Léman. La moitié de cette population y puise quotidiennement son eau potable. Pourtant, il reste beaucoup à apprendre du fonctionnement de cet écosystème complexe, soumis à une forte pression humaine. Grâce au soutien de Ferring Pharmaceuticals et du Consulat honoraire de Russie à Lausanne, deux submersibles MIR seront mis à disposition des scientifiques, qui pourront explorer les fonds du lac. Munis d’équipements de pointe, ces submersibles de conception russe permettront aux chercheurs de mieux comprendre la géologie et la physique du Léman, et mener des travaux, notamment dans les domaines de la bactériologie et des micropolluants. Ils récolteront des données primordiales pour assurer la protection de ce milieu. En été 2011, le programme scientifique elemo, coordonné à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) réunira des institutions de recherches suisses, françaises, britanniques, russes et américaines. Les plongées auront lieu de juin à août.

Ferring Pharmaceuticals finance la plus grande part du programme. «Nous croyons dans la recherche, les valeurs de partenariat et d’échange des connaissances, déclare Michel Pettigrew, Président du Comité de Direction de Ferring Pharmaceuticals. Avec notre siège international installé à Saint-Prex, sur les rives du lac, nous faisons partie de la communauté lémanique. Nous sommes donc particulièrement fiers de soutenir un tel partenariat, réunissant plusieurs des meilleures équipes scientifiques internationales, dans le but de mieux comprendre le Léman.»

Le milieu du lac Léman pose encore de nombreuses questions aux scientifiques. Quels polluants retrouve-t-on dans les eaux du lac, et comment circulent-ils dans les flux d’eau? Comment les populations de bactéries se répartissent-elles sur les fonds du lac? Selon quelle dynamique les sédiments, apportés par les divers affluents, se déposent-ils ? Actuellement, divers modèles scientifiques sont en concurrence pour répondre à de telles interrogations.

Les submersibles MIR seront d’une aide précieuse pour les scientifiques. Ils permettront de récolter des données plus précises, en plus grande quantité, et de quadriller des zones entières. Les chercheurs auront un accès aisé aux plus grandes profondeurs du lac, à plus de 300 mètres de fond, où ils pourront étudier la manière dont les polluants s’accumulent, et même procéder à des expériences sur le terrain.

Le lac est constitué de couches d’eau plus ou moins perméables ; en étudiant de manière détaillée la région frontière entre ces strates, grâce aux submersibles, les chercheurs pourront comprendre plus précisément comment les eaux circulent. A terme, ces modèles seront de première importance pour mesurer l’impact à la fois local et global de l’activité humaine sur le Léman.

L’embouchure du Rhône est l’une des zones qui intéresse le plus les chercheurs. Les sédiments drainés par le fleuve forment des canyons sous-marins hauts de plus de 30 mètres – une plongée devrait permettre de mieux comprendre cet environnement instable, aussi spectaculaire que méconnu. Les scientifiques exploreront également la zone de Vidy, dont les rives sont densément peuplées, afin de connaître l’impact des micropolluants.

Au total, elemo intègre près de 15 équipes internationales de chercheurs. Des scientifiques de l’EPFL, des Universités de Genève, de Neuchâtel, de Haute-Savoie et de Newcastle, ainsi que de l’Institut suisse de recherches aquatiques EAWAG, de l’INRA de Toulouse, du CNRS, de l’Académie russe des sciences et du Woods Hole Oceanographic Institute vont conjuguer leurs savoir-faire pendant cette campagne de plus de deux mois.

«La Russie et le Canton de Vaud partagent des liens historiques forts, explique Frederik Paulsen, Consul honoraire de la Fédération de Russie et Président du Conseil d’administration de Ferring Pharmaceuticals. Grâce à ce projet, des submersibles russes à la pointe du progrès vont être mis à disposition d’un important programme de recherche sur le lac Léman. Nous sommes fiers d’ajouter ainsi un nouveau chapitre à cette longue histoire commune.»

Le Consulat honoraire de la fédération de Russie a mis en contact l’EPFL et Anatoly Sagalevitch, membre de l’Académie russe des sciences et chef d’expédition pour de nombreuses missions réalisées à bord des submersibles MIR, notamment en Arctique ou dans le lac Baïkal. En été 2011, il collaborera avec son équipe à la campagne sur le Léman.


Auteur: Lionel Pousaz

Source: EPFL