«Des prix? J'en reçois chaque jour où je viens enseigner à l'EPFL»

Olivier Martin, lauréat du prix du meilleur enseignant de la Section de microtechnique. ©Alain Herzog/EPFL

Olivier Martin, lauréat du prix du meilleur enseignant de la Section de microtechnique. ©Alain Herzog/EPFL

Lauréat du prix du meilleur enseignant de la Section de microtechnique, Olivier Martin, professeur au Laboratoire de photonique et métrologie, révèle ses méthodes d’enseignement.

Du tableau noir à l’expérience pratique. C’est ainsi qu’Olivier Martin synthétise sa pédagogie d’enseignement. Professeur au Laboratoire de photonique et métrologie de l’EPFL, il a reçu cette année le prix du meilleur enseignant de la Section de microtechnique. « Des prix, j’en reçois chaque jour où je viens enseigner à l’EPFL ! », confesse-t-il, reconnaissant.

Et ça fait 17 ans que ça dure ! Pour autant, la tâche n’a pas toujours été aisée. « Au début, je manquais d’expérience et puis, en grand timide, on m’a fait remarquer que je parlais trop doucement. » Les conseils avisés d’une coach vocale, les retours de l’auditoire et quelques semestres plus tard, Olivier Martin ne boude pas son bonheur de monter sur scène à chaque rentrée. « Chaque année, c’est une première fois parce que chaque classe est différente. »

Garder l’attention

La différence, il la respecte en adaptant sa pédagogie en fonction des niveaux de ses élèves. Celui qui, petit, n’a pas hésité à mettre les doigts dans la prise pour comprendre enseigne aujourd’hui l’électricité aux premières années de bachelor. « Le cours de théorie est intégralement donné sur tableau noir. C’est une excellente façon de capter l’attention », se justifie-t-il, sans complexe. Les explications à la craie sont accompagnées d’un épais polycopié, imprimé uniquement recto afin d’encourager les étudiants à prendre des notes et à consigner leur méthode de résolution des problèmes. « Ça les aide à fournir l’effort nécessaire pour comprendre la matière », poursuit Olivier Martin. L’exercice est doublement payant puisque le polycopié est autorisé à l’examen.

L’autre outil que le professeur utilise pour instruire les premières années sont les travaux pratiques. Étroitement synchronisés avec la théorie, ils permettent d’introduire ou de confirmer un concept. « Aux branches ardues de la physique et des mathématiques, j’apporte une composante pratique avec pour objectif de susciter un effet « Aha ! ». L’idée est d’ajouter le vécu à la théorie afin que les notions s’impriment plus profondément et plus durablement.

Projection dans l’avenir

« La première année est difficile et abstraite, et il est important que les étudiants comprennent que ce qu’ils abordent dans les disciplines fondamentales est utile pour faire voler un robot. » Pour cela, le professeur les projette dans l’avenir à travers ce qu’il a baptisé les « laboratoires vitrines », élaborés avec les DLL (Discovery learning labs). Grâce au soutien de ses collègues enseignants, les étudiants en génie électrique peuvent y découvrir un aperçu de la richesse du domaine : traitement du signal, systèmes embarqués, photonique, acoustique et énergie.

Olivier Martin donne également un cours d’ingénierie optique aux bachelors de troisième année et un cours de master. Là aussi, il met l’accent sur les travaux pratiques emmenant ses étudiantes et étudiants dans les DLLs ou par l’expérimentation numérique, à travers de simples codes Matlab, pour modéliser les différents systèmes optiques étudiés. Les évaluations annuelles de ses cours lui confèrent des scores soviétiques, oscillant entre 97 et 100% d’avis favorables, complétés de commentaires élogieux.

De 2016 à 2020, Olivier Martin a dirigé la Section de microtechnique, une discipline relativement jeune née il y a une vingtaine d’années du mariage de l’électricité avec la mécanique. « Un plan d’études évolue souvent de façon chaotique au gré des opportunités », remarque-t-il. Il a donc profité de sa position pour donner un coup de frais aux années bachelor et master, en réduisant notamment le nombre de cours en première année et en établissant un fil rouge au cours des semestres successifs. Un travail qui s’est fait en étroite collaboration avec ses collègues.

Projet de MOOC

Et la pandémie ? Un défi bien sûr, qui se solde par l’enregistrement de 180 vidéos, y compris les cours au tableau noir, plus de 18 500 vues sur Switchtube et une certitude : « Je suis définitivement convaincu que l’enseignement en présentiel est la meilleure méthode possible. Toutefois, je dois reconnaître que j’ai découvert les avantages de pouvoir articuler le contenu d’un cours pour l’enseignement à distance et j’envisage de réaliser un MOOC avec le cours d’ingénierie optique. »