Des navettes autonomes pour circuler au cœur de la ville de Sion

Les habitants et visiteurs de la bourgade de Sion, en Valais, pourraient expérimenter l’an prochain un nouveau moyen de transport public: la navette autonome. Pour la première fois en Suisse, des véhicules intelligents pouvant accueillir jusqu’à 9 personnes devraient circuler sur la voie publique. A terme, l’objectif du projet mené par CarPostal, premier opérateur national de transport public par bus, est de compléter son offre en transport collectif, notamment dans les régions excentrées. Des chercheurs de l’EPFL, avec la start-up BestMile, développeront les outils nécessaires afin que la greffe soit optimale et sûre, tant du point de vue de l’exploitant que des usagers.

Une des utilisations prometteuses des véhicules publics autonomes est la desserte de régions périphériques et peu peuplées, qualifiée de «dernier kilomètre». Flexible, la navette sans chauffeur pourrait arriver à la demande, à moindre coût et amener les passagers vers des zones mieux desservies. Aujourd’hui, la technologie existe pour le faire, mais les véhicules sans volant ni pédales ne sont pas encore capables de s’intégrer dans le réseau de transport classique.

Un service à la demande
Les chercheurs de l’EPFL avec BestMile vont s’atteler à la tâche, dans le cadre d’un projet de deux ans soutenu par la Commission de Technologie et d’Innovation (CTI). Son but est de développer un système de gestion de flotte qui tient compte de la diversité des situations que pourraient rencontrer les véhicules autonomes. Il faut leur apprendre notamment à communiquer entre eux ainsi qu’avec les autres usagers de la route quand il s’agit par exemple de donner la priorité ou d’ajuster leur vitesse.

Parallèlement, un système performant doit permettre de gérer les besoins spécifiques des usagers tels qu’un service de bus à la demande, la réservation d’une course et des itinéraires variables. Les algorithmes des chercheurs de l’EPFL seront aussi capables de gérer ces opérations en temps réel tout en proposant des solutions sûres et au meilleur coût. Une fois établis, les algorithmes seront intégrés au système central de gestion de flotte. Grâce aux tests menés cet été sur le campus suisse de l’EPFL dans le cadre d’un projet européen, la start-up BestMile a mis au point un logiciel de contrôle de flotte qui coordonne les navettes à distance et gère leurs interactions entre elles ainsi qu’avec les éléments extérieurs.

Sur le domaine public au printemps 2016
Ce projet sera complété par une expérience de terrain unique. CarPostal souhaite mettre en circulation dans la ville de Sion deux véhicules autonomes du constructeur français Navya. Grâce à leurs capteurs, les navettes électriques peuvent circuler au centimètre près, distinguer tout obstacle, et même lire la signalisation, de jour comme de nuit. La vitesse maximale atteint 20 km/h. CarPostal collabore actuellement avec les autorités pour obtenir les autorisations nécessaires à la circulation de ces véhicules.

Les premiers tests auront lieu sur un site fermé, vraisemblablement jusqu’au printemps 2016. Si les autorités donnent leur feu vert à l’issue de cette phase test, les navettes sillonneront la vielle-ville de Sion, sa zone touristique et grimperont jusqu’aux sites historiques de Tourbillon et Valère. Pour CarPostal l’objectif est double: évaluer si l’utilisation de navettes autonomes se justifie dans l’espace public et voir si elle est pertinente pour relier des endroits isolés. L’expérience de terrain à Sion permettra aussi de tester la justesse des algorithmes de l’EPFL.

Les partenaires du projet
Laboratoire des systèmes de transport urbains(LUTS) de l’EPFL, spécialiste des systèmes de transports complexes
BestMile, start-up fondée par deux ingénieurs de l’EPFL.
CarPostal Suisse SA, filiale de La Poste, entreprise de transport public
Ville de Sion
Mobility Lab Sion-Valais, coordinateur du projet, initiative regroupant l’EPFL (Centre de Transport), la HES-SO Valais Wallis, Car Postal, la Ville de Sion, le Canton du Valais