Des chercheurs développent un jeu vidéo sur les effets du confinement

Des scènes de « Quatre apparts et un confinement » © Mathias Hängärtner

Des scènes de « Quatre apparts et un confinement » © Mathias Hängärtner

Un jeu vidéo créé par des chercheurs et des étudiants du Collège des Humanités de l'EPFL et de l’UNIL Gamelab, en collaboration avec l’Initiative pour l’innovation dans les médias (IMI) et le journal Le Temps, permet aux utilisateurs d’explorer une série de situations que la période de confinement dû à la pandémie a provoquée, le tout numériquement.

Laisseriez-vous vos enfants jouer au parc ? Seriez-vous concentré pendant le cours à distance ? Qui allez-vous appeler pour passer le temps pendant le semi-confinement ? Les gens du monde entier sont confrontés à ces questions, et à bien d'autres, car la distanciation sociale et le confinement sont devenus des stratégies clés pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Pour Yannick Rochat, scientifique du CDH à l'EPFL et chercheur à l'UNIL Gamelab, ainsi qu’expert en études de jeux et en humanités numériques, un jeu vidéo narratif semblait être un support naturel pour explorer ces questions ainsi que tenter de comprendre comment des personnes différentes avaient du mal à les affronter de différentes façons.

« Les jeux vidéo peuvent transmettre des informations aussi bien que des émotions. L'idée derrière ce jeu est d'avoir un témoignage de cette période de l'histoire qui nous a tous touchés. Pour un journal comme Le Temps et pour un chercheur comme moi, il est important de documenter et de tenir un compte rendu de ces expériences », dit-il.

Le 20 août, Yannick Rochat et une équipe de collaborateurs issus des mondes du jeu vidéo, de la programmation et du graphisme ont dévoilé « Quatre apparts et un confinement »: une série d'histoires interactives, d’aventures choisies par l’utilisateur qui dramatisent la vie de quatre voisins fictifs vivant dans le même bâtiment.

Le confinement vu de différentes perspectives

Le jeu a été développé en juin et juillet 2020, grâce à la collaboration (à distance) du directeur de l'IMI Mounir Krichane, du journaliste LeTemps Paul Ronga, du graphiste Mathias Hängärtner, de l'étudiant EPFL Andrew Dobis et de l'étudiante UNIL Saara Jones. Il est hébergé sur le site-web et l'application mobile Le Temps.

Les utilisateurs peuvent cliquer sur les appartements numériques, visiter chaque personnage et participer brièvement à leur vie: leurs décisions, leurs inquiétudes, leurs désirs ou leurs frustrations. Certaines expériences peuvent sembler familières aux utilisateurs, tandis que d’autres offrent une perspective différente sur ce que d'autres personnes peuvent ressentir pendant le confinement.

« Ce jeu vidéo nous permet de raconter l'histoire du confinement sous différents angles, tout en permettant au joueur de participer. Cela représente une opportunité importante de revivre le confinement, mais du point de vue d'une autre personne - par exemple, une mère célibataire, une femme âgée ou un étudiant », explique Yannick Rochat. Il ajoute que le format « point-and-click » adapté aux mobiles a été inspiré en partie par des jeux vidéo narratifs comme Florence, mais avec la complexité supplémentaire du texte et du dialogue.

Le directeur de l’IMI, Mounir Krichane, explique également qu’au-delà de l’aspect instructif du jeu, qui reflète les offres pédagogiques de l’EPFL et de l’UNIL sur les jeux vidéo, « Quatre apparts » est aussi un moyen pour l’IMI et ses partenaires d’explorer de nouveaux modes de narration, y compris les formats interactifs.

« La plupart des médias étant désormais confrontés à la question du renouvellement de l'audience, les formats interactifs sont un moyen de rester pertinent face à l'évolution des publics tout en en attirant une nouvelle audience, en particulier parmi les jeunes générations », dit-il.

Grâce à son code open source, les créateurs soulignent également que d'autres médias et institutions sont invités à publier ou adapter l'expérience de jeu unique, par exemple dans d'autres langues.


Auteur: Celia Luterbacher

Source: EPFL