Conférence IDEAS | 24 Mai 2017

Les théories culturelles de consommation ont beaucoup à nous apprendre sur les objets à haut contenu symbolique, chargés de sens et vecteurs de statut social. Mais comment comprendre les nombreux schémas de consommation hautement énergivores qui ne sont pas symboliques ? Allumer la lumière, préparer un toast ou dormir dans un microclimat intérieur confortable, par exemple, sont des activités quotidiennes qui ne sont pas prises en considération dans les approches culturelles de la consommation. Dernièrement, le virage des « pratiques sociales », qu’on observe au sein des études sur la consommation durable, a créé un espace nouveau pour théoriser et explorer l’utilisation des ressources naturelles en lien avec trois éléments : les personnes et leurs dispositions ; les normes sociales et les règlements ; la dimension matérielle de la consommation (les infrastructures, les espaces et leur configuration). A travers le prisme des pratiques sociales, je propose un aperçu sur deux terrains de recherche en lien avec les ressources énergétiques (en particulier l’électricité) : le Grand Manille, et l’interrelation entre les pratiques sociales, les bâtiments et les microclimats refroidis artificiellement ; et Genève, en considérant la multiplication des appareils chez les ménages aisés. Le cadre de référence des pratiques sociales révèle l’importance des espaces construits, qui contribuent au « verrouillage matériel », mais aussi l’influence des normes et des attentes – ou de la normalité – qui contribuent à ce que j’appelle le « verrouillage social ».

Dr Marlyne Sahakian est chercheuse dans la Faculté des géosciences et de l’environnement à l’Université de Lausanne, où elle coordonne actuellement des projets nationaux et européens sur la consommation énergique des ménages. À partir d’aout 2017, elle va rejoindre le département de sociologie à l’Université de Lausanne en tant que professeur assistante. Sa recherche est axée sur le lien entre gestion des ressources, pratiques sociales, et équité, avec comme intérêt principal les consommateurs/citoyens. Elle a publié sur la thématique de la consommation ‘durable’ liée au milieu urbain, à l’efficacité énergétique, aux déchets alimentaires et à l’économie sociale et solidaire. Ses ouvrages récents incluent : Keeping Cool in Southeast Asia: energy consumption and urban air-conditioning (Palgrave Macmillan, 2014) et Food Consumption in the City: Practices and patterns in urban Asia and the Pacific (Routledge Studies in Food, Society & the Environment, 2016). Elle est aussi membre fondatrice de SCORAI Europe, un réseau de chercheurs et praticiens dans le domaine interdisciplinaire de la ‘consommation durable’.

L’axe « Design Intégré, Architecture et durabilité » (IDEAS) est une initiative commune du Laboratoire d'Architecture et Technologies Durables (LAST) et du Laboratoire Interdisciplinaire de Performance Intégrée au Projet (LIPID) de la faculté ENAC de l’EPFL. Il répond à l’objectif d’une intégration accrue des questions relatives à l’architecture durable au sein du cycle de Master en Architecture, Ingénierie Civile et Environnementale ainsi que de l’Ecole doctorale Architecture et sciences de la ville (EDAR).

Un repas léger sera servi pendant la présentation. Afin de prévoir la collation, les participants sont priés de s’inscrire par l'intermédiaire de ce lien avant lundi 22 mai midi.