Conditions de mesure difficiles sur le lac Léman cette semaine

© 2025 EPFL Beate Anne Klepere
L'équipe de recherche du groupe SENSE a poursuivi sa campagne de profilage du méthane sur le lac Léman cette semaine, malgré des conditions météorologiques difficiles qui ont perturbé les mesures prévues. Ce travail de terrain représente la deuxième phase d'un programme de surveillance saisonnière lancé en février 2025.
Dirigée par la Dre Santona Khatun, chercheuse postdoctorale qui mène des recherches sur les gaz à effet de serre du lac Léman depuis 2022, l'équipe s'attache à comprendre les processus biogéochimiques qui régissent la production, la distribution et la libération de méthane et d'oxyde nitreux dans les lacs suisses.
Équipe de recherche et instrumentation de pointe
L'équipe, dirigée par la Dre Khatun et comprenant l'ingénieur R&D de l'EPFL Sébastien Lavanchy et la stagiaire de recherche Beate Anna Klepere, poursuit son travail avec l'instrument SubOcean—une sonde sophistiquée qui permet des mesures en temps réel de gaz à effet de serre dissous avec une précision remarquable.
Les résultats actuels confirment que les concentrations de méthane à la surface du lac demeurent élevées par rapport aux niveaux atmosphériques, apportant une preuve continue des émissions de l'eau vers l'air. Lors des déploiements réussis, l'équipe effectue un profilage complet tout en collectant des échantillons d'eau pour validation en laboratoire.
La réalité de la recherche environnementale de terrain : météo difficile
Les événements de la semaine soulignent une réalité fondamentale de la recherche environnementale : c'est la météo qui dicte l'agenda scientifique, et non l'inverse. Août 2025 s'est révélé particulièrement difficile, avec en moyenne 100 mm de pluie répartis sur environ 14 jours du mois et des orages épars, notamment en fin de mois avec le réchauffement des conditions.
Pour les chercheurs de SENSE, cela signifie que des campagnes d'échantillonnage soigneusement planifiées peuvent être contrariées par l'arrivée d'orages, que les déploiements d'équipements peuvent être reportés en raison des conditions de vent, et que les calendriers de mesures doivent être réécrits à cause des prévisions de pluie.
Malgré ces conditions, l'équipe a réussi à mener des mesures avec succès le mardi 19 août. La sonde SubOcean a été déployée à 300 mètres de profondeur approximativement au centre du lac Léman. L'équipe a mené un processus d'échantillonnage complet de 2 heures, incluant le profilage du méthane, la collecte d'échantillons d'eau et des mesures environnementales supplémentaires.
Cependant, le travail de terrain prévu pour mercredi a fait face à des défis météorologiques importants. Malgré les préparatifs matinaux et l'espoir que les orages se dissipent vers 10 heures, la détérioration des conditions a forcé l'équipe à retourner à la plateforme Léxplore après 40 minutes de navigation vers le site de mesure.
C'est le risque du métier, la météo peut parfois perturber le travail de terrain, comme ce fut le cas aujourd'hui
Cette dépendance météorologique s'avère particulièrement difficile pour la recherche qui nécessite un timing précis et des conditions optimales. Les protocoles de sécurité imposent un retour à terre lorsque des orages menacent, peu importe l'importance cruciale des mesures prévues pour le programme de recherche.
Perspectives : tentative de vendredi et campagne élargie
L'équipe prévoit de tenter à nouveau des mesures vendredi, si les conditions météorologiques le permettent, dans le cadre de ses efforts continus pour caractériser les émissions de méthane du lac Léman. Ce travail s'inscrit dans un programme de surveillance saisonnière plus large visant à capturer les variations de production et de libération de gaz à effet de serre tout au long de l'année.
La recherche a des implications importantes au-delà du lac Léman. La prochaine phase de la campagne se déplacera vers le lac Cadagno du 25 au 27 août, où l'équipe mènera une analyse spatiale utilisant le profilage gazeux et la collecte d'échantillons d'eau dans cet environnement alpin unique.
L'objectif ultime est de déterminer si les lacs alpins suisses constituent des sources importantes de gaz à effet de serre vers l'atmosphère, particulièrement durant les saisons de brassage lorsque les couches stratifiées se décomposent. Comprendre le rôle des eaux continentales dans les bilans mondiaux de gaz à effet de serre est crucial pour une modélisation et des prédictions climatiques précises.
La campagne se poursuit selon les conditions météorologiques, les chercheurs étant prêts à adapter leurs stratégies d'échantillonnage pour maximiser les opportunités de collecte de données tout en respectant les protocoles de sécurité.