Comprendre le climat pour mieux planifier l'énergie

Visite de terrain au barrage des Toules, en Valais, au printemps 2025. © EPFL/ENAC 2025
Le cours de master «Durabilité, climat, énergie» a été donné pour la première fois au printemps 2025 en Sciences et ingénierie de l’environnement. Bilan et témoignages d’un enseignement qui sensibilise aux enjeux de la planification énergétique.
Énergie éolienne, solaire, nucléaire, hydraulique, biomasse… Les événements climatiques extrêmes auront tous un impact sur ces ressources en énergie. Jusqu’à parfois les mettre en péril.
Le nouveau cours de master des branches de base «Durabilité, climat, énergie» vise à sensibiliser les futures diplômées et diplômés en Sciences et ingénierie de l’environnement (SIE) de l’EPFL à ces enjeux. Créé à la demande de la section et selon la volonté de l’école de renforcer l’enseignement de la durabilité, il a été donné pour la première fois au semestre de printemps 2025.
«Quand on fait de la planification énergétique, il faut trouver des solutions durables. Ce cours donne des outils pour y parvenir en tenant compte des enjeux politiques et des incertitudes climatiques», explique Jérôme Chappellaz. Professeur ordinaire et spécialiste du climat, il a conçu et donné le cours avec Jonas Schnidrig, expert en énergie et collaborateur scientifique à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) Valais-Wallis. Julia Schmale, professeure assistante tenure track experte à l’EPFL en climats extrêmes, a aussi participé à la création du cours.
Pédagogie originale
Le cours a été salué par les étudiantes et étudiants pour son originalité pédagogique. Au programme, des questionnaires sur les idées reçues liées au climat, l’évaluation de la consommation énergétique de la maison des Simpson et un jeu de plateau qui vise à rendre la Suisse neutre en carbone d’ici à 2050. Avec bien sûr un contrôle rigoureux de connaissances à la clé: «Des exercices ont servi à vérifier à chaque étape si les contenus délivrés avaient bien été intégrés», précise Jonas Schnidrig. «Nous leur avons aussi donné à lire des articles portés par des climatosceptiques, car il faut en retirer des leçons. Comme ne pas être alarmiste, ne pas exagérer, mais rester proches des faits», complète Jérôme Chappellaz.
La méthode a porté ses fruits: «J'ai été surpris par l'oral et par le projet de semestre. Je l'ai trouvé assez intéressant et il ne ressemblait pas à un simple devoir écrit, ça m’a plus plu», indique Romain Wacongne. «Les enseignants s'intéressaient vraiment à ce que nous devions retenir du cours, pas juste à noter un examen», souligne de son côté Chloé Bouchiat.
Pas de solution universelle
La gestion des incertitudes fait aussi partie des compétences acquises. En citant les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Jérôme Chappellaz rappelle que de nombreuses inconnues demeurent sur les précipitations extrêmes attendues d’ici la fin du siècle. Idem sur les vagues de froid qui pourraient paralyser les installations énergétiques. Des éléments que les ingénieures et ingénieurs devront intégrer à leur pratique. «Les étudiantes et étudiants apprennent à travailler sur la résilience du système énergétique non seulement en fonction du politique, mais aussi des incertitudes climatiques», explique Jonas Schnidrig.
Le message ultime du cours repose finalement en quelques mots, pour les professeurs: il n’y a pas de solution universelle pour l’énergie. La leçon semble avoir été assimilée: «Le climat actuel est le résultat des systèmes énergétiques que nous avons utilisés par le passé. Et les systèmes énergétiques de demain dépendront du climat futur. C'est ce que ce cours m'a permis de comprendre», témoigne Alexandra Knoblauch, étudiante en master. Cette dernière vise à orienter sa carrière dans la durabilité et l’adaptation au changement climatique.
Invités et visite de terrain
Autre originalité du cours: des invités, un volcanologue et un spécialiste de l’énergie nucléaire, ont présenté les risques climatiques encourus par les énergies solaire et nucléaire en les illustrant par des cas concrets. «C’est une opportunité assez rare à l'EPFL», souligne l’étudiante Chloé Bouchiat, pour qui ces interventions ont clairement enrichi le cours.
Le semestre s’est achevé avec une présentation donnée par une personne de Romande Energie lors d'une visite de terrain au barrage des Toules, en Valais. Une infrastructure aux nombreux défis, l’installation hydraulique étant la seule au monde à posséder une centrale solaire flottant sur son lac de retenue, à 1800 mètres d’altitude. Une anecdote marquera cette première volée: la visite a dû être repoussée en raison des précipitations neigeuses extrêmes du 18 avril 2025 qui ont bloqué l’accès au barrage. «Un véritable cas d’école !», constatent Jérôme Chappellaz et Jonas Schnidrig.
Édition 2026
L’édition 2025 s’est focalisée sur les enjeux énergétiques liés au climat de la Suisse. Pour celle de 2026, ces éléments seront aussi abordés au niveau international. «Les risques sociaux ne sont pas les mêmes d’une région à l’autre. Et nous comptons montrer comment la dépendance aux autres systèmes énergétiques se joue en Europe et ailleurs dans le monde», souligne Jonas Schnidrig. Enfin, des améliorations du cours lui-même sont prévues, notamment pour limiter les redondances avec d’autres enseignements, mais aussi pour accroître la symbiose climat-énergie à chaque cours.