Comment mieux exploiter le sous-sol de nos villes?

Margaux Peltier est une ingénieure civile diplômée de l'EPFL. © Martin Ruetsche

Margaux Peltier est une ingénieure civile diplômée de l'EPFL. © Martin Ruetsche

Dans cette chronique, parue en français dans la presse romande, Margaux Peltier, CEO d’Enerdrape et assistante scientifique au Laboratoire de Mécanique des Sols, explique comment l'innovation développée à l'EPFL permet de mieux intégrer la géothermie au bâti.

La stratégie énergétique 2050 présentée par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) met en lumière l’urgence d’adopter des solutions innovantes et écologiques. Avec le prix de l’électricité qui augmente, l’approvisionnement en énergie indigène qui devient instable et l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la Suisse doit prendre des mesures concrètes pour assurer sa sécurité en matière énergétique.

Aujourd’hui, plus de 45% de la consommation Suisse d’énergie est liée au chauffage et au refroidissement des bâtiments dont plus de 60% proviennent encore d’énergies fossiles. Selon l’OFEN, le mazout reste majoritaire, avec 30% de l’approvisionnement énergétique du bâtiment, alors que le gaz est à 25%. Face à ce constat, il est évident que l’utilisation d’énergies renouvelables est une priorité.

Le casse-tête de la transition énergétique du secteur de la construction se trouve bien souvent en ville.

CEO d’Enerdrape et assistante scientifique au Laboratoire de Mécanique des Sols, EPFL

Si dans la construction des nouveaux immeubles les alternatives plus durables sont déjà poussées par les autorités, le casse-tête de la transition énergétique du secteur se trouve bien souvent en ville. Là où les besoins énergétiques se concentrent et où le parc immobilier déjà existant et la densité du bâti sont au plus hauts. Et c’est précisément en ville où se complexifie la tâche des planificateurs, propriétaires et gestionnaires. Trouver des solutions complémentaires pour diminuer l’empreinte fossile de nos bâtiments existants est pourtant plus que nécessaire.

Beaucoup de potentiel

Une ressource locale et propre se trouve en abondance sous nos villes, bien qu’elle reste peu exploitée. Il s’agit de la géothermie, une ressource polyvalente dont le plein potentiel n’a pas encore été utilisé. Si la géothermie de moyenne profondeur, à l’instar des sondes géothermiques, a plus que démontré son potentiel et son efficacité ces dernières décennies, d’autres types de ressources présentes dans nos sous-sols ont encore beaucoup à offrir.

Le Laboratoire de Mécanique des Sols de l’EPFL, se concentre depuis près de 20 ans sur différents types d’innovations souterraines, notamment l’intégration de systèmes géothermiques au bâti qui a récemment donné naissance à une spin-off: Enerdrape.

Panneaux géothermiques

L’équipe de chercheuses et chercheurs, issus à l’origine du Laboratoire de l’EPFL, a développé les premiers panneaux dits géothermiques, qui servent à exploiter la chaleur des souterrains afin de l’utiliser pour réchauffer ou refroidir les bâtiments. Une fois installés sur des surfaces souterraines existantes, comme des murs de parking ou de tunnels, les panneaux servent de ‘collecteurs’ de chaleur géothermique. Pour faire simple, Enerdrape facilite l’accès à la géothermie de surface, le tout sans forage.

Face aux crises énergétiques et climatiques actuelles, il est temps d’utiliser pleinement le potentiel et les ressources de nos sous-sols.

CEO d’Enerdrape et assistante scientifique au Laboratoire de Mécanique des Sols, EPFL

Déploiement dès 2023

Grâce à un projet pilote mené à Lausanne, la spin-off récupère depuis plus d’un an des données sur les performances de la solution, qui a déjà fait ses preuves. Prête à démocratiser cette ressource oubliée qui se trouve sous nos pieds, la jeune pousse de l’EPFL est désormais en train de finaliser la commercialisation de sa technologie ainsi qu’une première levée de fonds, afin de permettre le déploiement à grande échelle de cette solution dès 2023. Face aux crises énergétiques et climatiques actuelles, il est temps d’utiliser pleinement le potentiel et les ressources de nos sous-sols.

Margaux Peltier, ing. civil EPFL, CEO d’Enerdrape et assistante scientifique au Laboratoire de Mécanique des Sols, EPFL

  • Cette chronique est parue dans les quotidiens La Côte (Vaud), Le Nouvelliste (Valais) et Arcinfo (Neuchâtel), dans le cadre d'un partenariat avec le groupe de presse ESH Médias visant à faire connaître la recherche et l'innovation de l'EPFL dans le secteur de la construction auprès du grand public.