Comment les désinfectants attaquent-ils les virus ?

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Javel, pasteurisation, UV nous utilisons couramment des produits pour désinfecter l’eau et les aliments, sans savoir vraiment comment ça marche. Un laboratoire de l’EPFL a découvert quelles actions ces désinfectants ont sur les virus.
Bouillir de l’eau, chlorer une piscine, javéliser la salle de bain… Des gestes de désinfection qui n’étonnent plus personne. Bien qu’ils soient efficaces et utilisés couramment, on ne sait toujours pas comment ces méthodes éprouvées détruisent les virus.
Tamar Kohn, chercheuse au Laboratoire de chimie environnementale, et son équipe ont démontré que les désinfectants n’agissaient pas tous de la même manière. Elle publie un article dans Environmental Science and Technology. «Un virus c’est un génome et des protéines. Nous avons découvert que chaque désinfectant a des effets totalement différents en attaquant une ou plusieurs de ses fonctions. Pour un même résultat, les méthodes d’éradication sont différentes.».
La scientifique a mis en évidence trois fonctions importantes qui doivent demeurer intactes pour que le virus reste infectieux : il doit pouvoir s’attacher à la cellule hôte, y injecter son matériel génétique afin de pouvoir ensuite se répliquer. Alors comment nos virus réagissent-ils à la pasteurisation, à la désinfection au chlore ou aux UV?
Pasteuriser, chlorer…
La pasteurisation permet de conserver les aliments, comme le lait, beaucoup plus longtemps, en réduisant drastiquement le nombre de micro-organismes. La chaleur inhibe la liaison avec la cellule hôte. Le virus ne reconnaît plus son hôte, donc impossible pour lui de s’y installer.
Durant plus de 100 ans, la science a pu identifier les effets désinfectants des Ultra-violets. Les chaînes alimentaires ou les systèmes de ventilation et de climatisation ont été couplés à des lampes UV afin d’éviter la propagation d’agents pathogènes.
La lumière agit de deux façons sur les virus. Elle engendre des réactions chimiques qui détruisent le génome : le génome ne peut plus se répliquer dans son hôte.
Elle rompt également la capside ce qui inhibe l’injection du génome dans la cellule hôte. En effet, le génome est sous pression dans la capside, si on coupe celle-ci, il lui est impossible d’entrer dans la cellule hôte.
La chloration de l’eau potable ainsi que celle de nos piscines est devenue quasi systématique. Le chlore attaque le génome, l’empêche de se répliquer et détruit la fonction d’injection.
Ces recherches ont permis de comprendre de quelle manière agit chaque désinfectant et en quelle quantité il est efficace. Grâce à elles, il sera possible de lutter plus efficacement contre les virus qui infectent l’eau et les aliments, comme notamment les virus de la Polio, ceux responsables de gastro-entérite ou le virus de l’Hépatite A.