Coach, coordinateur, facilitateur et avant tout navigateur
Robin Amacher est architecte naval, ingénieur en matériaux et amoureux des bateaux. Il met ses compétences au service des étudiants impliqués dans des projets interdisciplinaires passionnants comme SP80 ou le Swiss Solar Boat.
L'histoire personnelle et professionnelle de Robin Amacher s’articule autour de la passion des bateaux. Qu’ils soient en composites - taillés pour la compétition - ou en acajou pour caboter sur le lac Léman, l’ingénieur navigateur ne peut s’empêcher de les améliorer, de les transformer pour son plaisir.
Il faut dire qu’il a de qui tenir. « J’ai mis pour la première fois un pied sur un bateau à voile lorsque j’avais 9 ans. C’était sur un petit Canot de 1910 de 5 mètres de long appartenant à mon oncle. Il s’est acharné pendant des années à optimiser les performances de son voilier. Pour ce faire, il l’a customisé en augmentant la voilure de manière incroyable, tant et si bien qu’il a réussi à aligner 35 mètres carrés de voiles. Je suis presque certain que c’est le bateau le plus rapide du lac Léman quand il n’y a pas de vent. »
Robin Amacher est piqué par le virus de la personnalisation. À 12 ans, sa famille se cotise pour lui offrir son premier bateau en bois. « Bien entendu j’ai commencé, à mon tour, à l’équiper de nouvelles voiles. Quelques années plus tard, au début de mes études, j’ai reçu un autre bateau en acajou verni de 6 mètres qu’il fallait bricoler. Cela m’a bien occupé pendant mon bachelor, je l’ai réparé, mais aussi personnalisé avec les conseils de mon oncle. J’avais même négocié avec l’EPFL le prêt d’une salle pendant les vacances d’été afin d’y coudre mes voiles. Entre mon oncle navigateur et mon père professeur de travaux manuels, je ne pouvais que me passionner pour le bois. En arrivant à l’EPFL, j’ai choisi les matériaux et j’ai découvert les composites. Je suis passé de la navigation de plaisance aux bateaux de course, notamment Alinghi. » Robin Amacher complète entre temps son master par un post grade en architecture navale à Nantes.
Les grands projets
Au début des années 2000, l’EPFL s’investit dans de grands projets tels qu’Alinghi et Solar Impulse en développant, pour eux, de nouvelles technologies. Des collaborations qui dureront près de 10 ans avec en ligne de mire la Coupe de l’America et le tour du monde de l’avion solaire. À cette époque, le laboratoire des matériaux composites, dans lequel Robin Amacher est étudiant, travaille sur de nouveaux assemblages, légers et résistants. Il profite de ce rapprochement avec le bateau de compétition pour travailler sur différents aspects : « J’ai fait mon stage en entreprise, mon projet de semestre, le concours innovation EPFL Alinghi, et enfin mon projet de diplôme. Une aubaine pour moi, étudiant, de pouvoir intégrer une équipe comme celle de la Coupe de l’America. On participait à des projets interdisciplinaires avant l’heure. »
Plus tard, l’ingénieur travaille avec l’Hydroptère, en mettant ses compétences d'architecte naval au service du projet, et établit le record du monde de vitesse à la voile. « Lorsque ma mission est arrivée à son terme, on m’a proposé de revenir à l’EPFL afin de suivre des projets de matériaux, sur des composites à hautes performances. J’ai été associé au lancement de l’Hydrocontest, bénévolement les deux premières années avant que l’École m’accorde un pourcentage pour la coordination de ce genre de projets. »
Le plaisir de transmettre
Robin Amacher y est comme un poisson dans l’eau. Il peut assouvir son plaisir de la recherche, de l’innovation, de la personnalisation tout en s’impliquant dans le parcours des étudiants. Il aime ce mélange de disciplines – caractéristique du métier d’architecte naval - qui aide les étudiants à s’intéresser à la structure, à l’ergonomie, à la plomberie ou à l’électricité, mais aussi à dessiner les plans ou à avoir des notions d’hydrodynamique.
« Le côté transmission et enseignement me plait énormément. Contrairement à l’environnement industriel où il faudrait chercher un rendement, les projets pluridisciplinaires, comme le SP80 ou le Swiss Solar Boat, nous donnent un espace de liberté. On peut être un peu fou, on a le droit de se tromper, et si ça marche c’est tout bénéfice. Il y a un esprit génial dans ces associations : les étudiantes et les étudiants ne font pas seulement un projet ensemble, ils tissent des liens, des amitiés. »
Ces projets interdisciplinaires poussent aussi les élèves à s’intéresser à ce qu’ils étudient, à poser des questions en cours, à réfléchir différemment. « En prenant part à un projet interdisciplinaire, l’élève va se rendre compte de l’utilité des cours et de tout ce que l’EPFL a à lui offrir quand il peut encore en profiter. Ces projets permettent de mettre en pratique ses connaissances et de trouver une motivation à travers laquelle l’étudiant trouve un sens à ce qu’il étudie. Je peux en parler en connaissance de cause : je me suis posé les mêmes interrogations pendant mes études en me demander à quoi certains cours pourraient me servir plus tard. »