Christophe Galland vibre pour les photons

Christophe Galland, directeur du Laboratoire de nano-optique quantique de l’EPFL © Alain Herzog / 2020 EPFL | Remerciements à Pierre Wets et l’équipe des auditoires de physique pour la mise en scène.

Christophe Galland, directeur du Laboratoire de nano-optique quantique de l’EPFL © Alain Herzog / 2020 EPFL | Remerciements à Pierre Wets et l’équipe des auditoires de physique pour la mise en scène.

Série d'été: Vocation chercheur.
Directeur du Laboratoire de nano-optique quantique de l’EPFL, Christophe Galland considère que recherche et enseignement sont difficilement dissociables. Portrait d’un physicien qui veut avant tout transmettre sa passion.

«Quand j’étais enfant, je me souviens très bien avoir lu un Science & Vie Junior sur les nanotubes de carbone. C’est finalement le sujet sur lequel j’ai fait ma thèse!» Si Christophe Galland, aujourd’hui spécialiste des photons, ne sait pas dire exactement à quel moment la science s’est immiscée dans sa vie, il a toujours fait partie des «matheux». «Je pense que l’influence des professeurs a été décisive pour la suite», raconte le chercheur. «J’avais un prof de physique qui était très bon pour nous montrer le lien entre les équations et les phénomènes du quotidien». Dans la bataille maths-physique, cette dernière l’emporte donc. Plus concrète, plus tangible.

Pas de hasard donc, mais tout de même une dose d’incertitude pour le jeune étudiant. Après des études à l’École Polytechnique de Paris, il découvre la réalité du travail en laboratoire en rejoignant l’ETHZ pour une thèse en optique quantique. «A la fin de ma thèse, j’ai hésité à arrêter la recherche pour me concentrer sur l’enseignement». Mais ce qui le fascine, c’est la double casquette des professeurs qui le forment: «Ils étaient à la fois des chercheurs mondialement reconnus, mais aussi de très bons enseignants et pédagogues».

Évoluer dans le monde académique

La volonté de creuser le sujet et le fait que la mobilité soit de mise dans le monde académique le poussent à rejoindre le Laboratoire national de Los Alamos puis l’Université de Delaware aux États-Unis en tant que chercheur post-doctoral.

C’est en 2013 qu’il débarque à l’EPFL, grâce à une bourse Ambizione du Fonds National Suisse. Depuis 2017, il est la tête du Laboratoire de nano-optique quantique de l’EPFL. Avec son groupe d’une dizaine de personnes, il continue à chercher les secrets que la lumière peut nous révéler.

Prendre les choses avec philosophie

Quand on demande à Christophe Galland si, en tant qu’étudiant, il arrivait à imaginer son parcours professionnel, on comprend bien que son moteur, c’est la passion. «Il y a tellement d’incertitudes dans les carrières académiques que j’ai pris les choses les unes après les autres», confie-t-il. «Même maintenant, je ne sais pas quelle sera ma position dans deux ans. Si on persévère, les portes peuvent s’ouvrir, mais il faut être prêt à saisir des opportunités qu’on n’avait pas forcément planifiées».

Dans le laboratoire, le quotidien est lui aussi imprédictible, chaque expérience réserve ses surprises. Et la remise en question et permanente. «En physique quantique, on fait face à des phénomènes vraiment contre-intuitifs», explique le chercheur. «Cela nous pousse à nous poser des questions plutôt philosophiques pour interpréter certains résultats».

Et quoi de plus philosophique que la lumière, mot aux multiples interprétations? Au sein du laboratoire du physicien ascendant philosophe, lasers, détecteurs et compteurs de photons uniques permettent d’étudier l’interaction entre celle-ci et la matière. A travers différentes techniques optiques, la lumière est utilisée comme un outil d’étude pour détecter et mesurer les vibrations de molécules et les phénomènes qui ont lieu à l’échelle atomique.

Soif de connaissances

«Le travail que je fais me rend encore plus curieux, me donne envie d’expliquer les choses, d’être aussi rationnel que possible», analyse Christophe Galland. Honnête avec lui-même, il reconnaît avoir du mal à faire une distinction tranchée entre vie personnelle et vie professionnelle, malgré les randonnées, les sorties à vélo et le piano. «On est toujours plus ou moins en train de réfléchir!», lance-t-il. «Avec ma femme, qui est médecin tout en continuant une activité de recherche après son doctorat, on parle beaucoup de nos expériences professionnelles au quotidien. Cela m’apporte énormément, surtout sur les aspects humains, car les manières de réfléchir et d’agir ne sont pas les mêmes dans le milieu médical et le milieu académique».

Pour lui, la recherche ne se limite pas à comprendre le monde qui nous entoure et à stimuler l’innovation. Elle est avant tout un outil de formation: «je pense que les impacts sociétaux de nos recherches sont surtout dans la transmission de la passion et des connaissances aux étudiants, étudiantes, doctorants et doctorantes». Pour l’heure, Christophe Galland espère pouvoir continuer à sonder les lois de la mécanique quantique et des nanomatériaux à l’EPFL.

Bio

1983: naissance à Valence dans la Drôme (France)
2001-2006: études en classes préparatoires (Grenoble) puis à l’Ecole Polytechnique (Paris)
2010: doctorat à l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich (ETHZ)
2010: chercheur postdoctoral au Laboratoire National de Los Alamos puis à l’Université de Delaware
2013: chercheur postdoctoral au sein du Laboratoire de photonique et de mesures quantiques de l'EPFL
2015: consultant technique pour Gamaya et membre du conseil consultatif scientifique pour LakeDiamond
2017: professeur boursier, directeur du Laboratoire de nano-optique quantique à l'EPFL

Auteur: Julie Haffner

Source: EPFL