« C'est notre devoir de partager nos compétences »

Andrew Oates et Georg Fantner © Alain Herzog 2021 EPFL

Andrew Oates et Georg Fantner © Alain Herzog 2021 EPFL

Georg Fantner et Andrew Oates, respectivement professeur et doyen de faculté à l’EPFL, ont récemment publié un article sur l’importance du développement de la science ouverte et du partage des savoirs au sein de la communauté scientifique.

« Nous devons partager tout notre travail, pas seulement nos résultats. » Georg Fantner, directeur du laboratoire de bio- et nano-instrumentalisation de la faculté des sciences et techniques de l’ingénieur, est formel : la science doit se diffuser et être accessible au plus grand nombre. Avec son collègue Andrew Oates, doyen de la faculté des sciences de la vie, ils ont coécrit un article, paru dans Nature, rappelant l’importance de développer la science ouverte.

Construire, imaginer, inventer

Aujourd’hui, les résultats des expériences scientifiques font l’objet d’articles publiés dans des revues spécialisées. Pour arriver à obtenir leurs précieuses données, les chercheurs doivent souvent construire, imaginer et inventer des appareils de tests et de mesures. « Nos doctorants passent un temps fou à développer différents instruments pour leur recherche. Une fois qu’ils ont terminé leur thèse, ces machines finissent à la cave, puisque personne ne sait les utiliser », déplore Georg Fantner. Or, si d’autres scientifiques souhaitent reproduire ou poursuivre les expériences, ils se retrouvent à la case départ, alors qu’un travail de plusieurs années a déjà été accompli. Et bien qu’il y ait toujours des instructions sur les méthodes dans les articles techniques, cela n’est pas suffisant pour reconstruire un appareil, car elles apparaissent beaucoup trop complexes. Ainsi, pour Andrew Oates et Georg Fantner il s’avère primordial de mettre à disposition ce qu’ils appellent l’« open hardware » soit tous les instruments et outils qui permettent la réalisation d’études. « Il faut se rendre à l’évidence, la plupart des équipements qui sont créés en laboratoire ne sont jamais commercialisés et donc jamais réutilisés », indique Andrew Oates. Quand une machine fait ses preuves, elle est en général distribuée et vendue par des entreprises privées. Cela prend alors plusieurs années pour que la technique devienne accessible au public.

Un laboratoire ouvert

Pour les deux chercheurs, il se révèle nécessaire d’aller plus loin que publier ses données. Le but ultime est d’atteindre la forme d’un laboratoire ouvert où tout se retrouverait accessible au reste de la communauté scientifique. « C’est notre devoir de partager nos compétences. La question à se poser est comment la disséminer ? », s’interroge Andrew Oates. Première piste de réponse : des ateliers de diffusion de connaissance. Georg Fantner en a déjà mis en place depuis quelques années. Durant ces stages de quelques jours, des chercheurs du monde entier peuvent venir apprendre à construire un microscope développé dans le laboratoire du professeur. La demande demeure forte et la liste d’attente longue.

Aller encore plus loin

Diffuser les outils qui produisent les données est une chose. Pour Andrew Oates, il est également primordial de partager le « wetware », soit les techniques de culture cellulaire, afin d’atteindre complètement le concept de science ouverte. « À l’EPFL, nous nous devons d’être à la pointe de la science ouverte, de la technologie, de sa dissémination au-delà des canaux de communication habituels », conclut le doyen.