«Après un cours, je suis mort mais c'est le meilleur moment»
La section de génie électrique et électronique a décidé de remettre à Mario Paolone le prix du meilleur enseignant. Après avoir enseigné à l’Université de Bologne, l'ingénieur spécialisé dans le domaine énergétique est arrivé en 2011 à l’EPFL.
Cet été Mario Paolone a beaucoup bossé, quitté l’EPFL à 5h du matin, fait des nuits presque blanches, frissonné et vécu «une des plus belles expériences de sa vie d’enseignant». Le professeur en génie électrique et électronique est l’initiateur de l’aventure EPFLoop. L’équipe d’étudiants qui a obtenu en juillet la troisième place à l’Hyperloop pod competition mise en place par Elon Musk. «Cette aventure va marquer les étudiants bien au-delà de leur formation à l’EPFL.» Le professeur est lessivé, mais heureux. Il faut dire que l’ancien consultant pour Ferrari Formule 1 aime l’adrénaline de la compétition, comme celle des auditoires. «Je considère l’enseignement comme la mission fondamentale d’un professeur.»
Avec quatre cours, trois en Bachelor et un en Master, la direction du programme doctoral Energie et la mission d’élaborer un nouveau master en énergie, l’ancien consultant fonctionne aussi vite que les voitures de course qu’il chouchoutait. Son carburant ? «Le privilège d’injecter dans le cerveau des étudiants la graine du savoir et de la voir croître.» Pour cet engagement hors du commun, la section de génie électrique et électronique a décidé de lui remettre le prix du meilleur enseignant.
Préparer les étudiants pour les défis du futur
Issu d’une famille de lettreux, l’ingénieur spécialisé dans le domaine énergétique se qualifie en souriant de «mouton noir». «J’ai été attiré par la capacité de transformer les différentes formes d’énergie, qui est à la base de l’évolution de l’être humain.» Après avoir enseigné à l’Université de Bologne, Mario Paolone est arrivé en 2011 à l’EPFL. En deux ans, il a élaboré six nouveaux cours avec l’objectif de préparer les étudiants aux défis de demain. «La difficulté est de réussir à anticiper les notions théoriques qui seront fondamentales pour ces 10-20 prochaines années.» L’ingénieur spécialiste des réseaux électriques a notamment lancé il y a cinq ans un Master orienté sur la science et la technologie des réseaux intelligents. Le recours croissant aux énergies renouvelables, impliquant d’élaborer des réseaux toujours plus complexes, capables d’accueillir le maximum de ces ressources.
Ses cours, le professeur les parsèment de nombreuses questions. «J’apprécie dialoguer avec les étudiants, c’est pourquoi j’essaye de me souvenir de tous leurs prénoms. Après 2-3 heures de cours je suis mort, mais c’est la meilleure partie de la journée.» Il découpe ses enseignements en 60% de théorie et 40% d’exercices. «Ma mission est de donner aux étudiants les outils pour leur permettre de faire face à n’importe quel problème. » C’est pourquoi il attache une grande importance aux expériences pratiques. Pas étonnant donc que l’Italien à l’accent chantant ait décidé de constituer l’équipe EPFLoop. «Ce type de projet est de la haute ingénierie appliquée qui permet aux étudiants de se confronter aux limites technologiques mais aussi à leur propres limites, tout en leur apprenant à penser et travailler en équipe.» Sans compter l’aspect novateur du concept qui a tout de suite plu au professeur féru de voitures de courses, et appréciant avoir une longueur d’avance.