Après AVC : le patient acteur de sa rééducation

Le système d'Intento permet au patient de moduler lui-même l'intensité de l'impulsion électrique© 2017 Alain Herzog

Le système d'Intento permet au patient de moduler lui-même l'intensité de l'impulsion électrique© 2017 Alain Herzog

Mis au point par Intento, spin-off de l’EPFL et du NCCR Robotics, un dispositif à base de stimulation électrique monitorée par le patient permet aux victimes d’un accident vasculaire cérébral de retrouver une mobilité de leur bras paralysé. Les résultats d’une étude clinique, qui font aujourd’hui l’objet d’un article dans « Archives of Physical Medicine and Rehabilitation », sont prometteurs.

Sur les 17 millions de personnes touchées par un accident vasculaire cérébral dans le monde chaque année, un tiers resteront hémiplégiques. Les thérapies actuelles peinent en effet à assurer une réelle amélioration de la mobilité passé les premiers mois après l’événement. Le dispositif développé par la start up Intento vise à combler cette lacune. Les résultats prometteurs d’une étude clinique menée au CHUV avec cet appareil sont publiés aujourd’hui dans «Archives of Physical Medicine and Rehabilitation».

Une des techniques de réhabilitation utilisée actuellement, la «stimulation électrique fonctionnelle», utilise des électrodes, placées sur la peau du patient, qui provoquent le mouvement des muscles grâce à un courant électrique. L’intensité est modulée par le thérapeute. Or des études ont montré que lorsque le patient peut être acteur dans la mobilité de son bras, l’évolution est plus favorable. C’est en misant sur le bénéfice à tirer malgré tout pour le patient de l’autogestion des stimulations électriques que la spin-off de l’EPFL et du NCCR Robotics a mis au point un système permettant à ce dernier d’être l’acteur de sa rééducation. Intento a développé un dispositif qui permet aux patients de s’auto administrer une stimulation électrique pour produire une tâche fonctionelle, de manière cohérente avec leur intention de générer une action moteur. Le dispositif permet même aux patients sévèrement paralysés de contrôler à nouveau leur membre et envisager une thérapie plus active.

Le système est composé de patchs d’électrodes, d’un dispositif contrôlé par le patient de sa main valide et d’un logiciel pour tablette destiné au thérapeute. Dans un premier temps, le thérapeute choisit sur le logiciel également développé par Intento, le mouvement à effectuer et charge celui-ci d’un clic dans le dispositif. Le programme lui indique également où placer les électrodes et configure automatiquement les paramètres électriques nécessaires au mouvement envisagé. Le patient module ensuite de sa main valide la stimulation électrique nécessaire à, par exemple, déplacer un objet, saisir un verre, ou appuyer sur un bouton. Le but étant évidemment qu’après un certain nombre de répétitions, le mouvement puisse être réalisé sans l’assistance du système.

La mobilité de 70 % des patients s’est améliorée

Effectuée sur onze patients sévèrement paralysés, qui ne répondaient pas à d’autres thérapies, et dont l’AVC datait de plus de six mois, l’étude clinique menée au CHUV visait à évaluer les bénéfices de ce nouveau traitement suivi à raison d’une heure et demie d’exercices durant 10 jours et le comparer avec les bénéfices d’une thérapie occupationnelle conventionnelle, dispensée durant un temps équivalent. Le handicap moteur des patients était mesuré avant et après chaque type de traitement.

L’analyse des résultats montre que la mobilité des patients s’est nettement améliorée, Andrea Biasiucci, cofondateur de la start-up, explique que 70% des patients ont montré une importante amélioration de leur fonction motrice après la thérapie d’Intento, contre 30% avec une thérapie habituelle.. «Outre les chiffres de l’étude, il s’avère également que plusieurs personnes nous ont rapporté quelques semaines plus tard, utiliser leur bras bien davantage qu’auparavant », souligne Andrea Maesani, co-fondateur et CEO de la spin-off de l’EPFL. Les progrès se sont d’ailleurs révélés stables six mois après la fin de l’étude, ce qui laisse supposer que le traitement induit des changements à long terme. Les deux cofondateurs de la start-up vont maintenant mener une étude clinique de plus large ampleur avant de commercialiser leur dispositif.