Adrien Briffod, étudiant Master et triathlète, 100% volontaire !
Étudiant en génie civil spécialisé en mobilité et transport, Adrien Briffod jongle avec succès entre ses études au long cours et sa carrière de triathlète depuis une décennie. Il a participé aux JO de Paris 2024 et s'apprête à décrocher son diplôme d'ingénieur en 2025.
Le 31 juillet 10h45, Adrien Briffod se jette dans la Seine aux JO de Paris pour disputer son épreuve de triathlon, en découdre avec ses concurrents et batailler contre le courant. 1km et demi entre deux ponts célèbres, le pont Alexandre III et celui des Invalides. Une course ? Non, un pugilat aquatique qui le surprend. « On se « coule » toujours un peu pour faire sa place, mais dans cette course, même à contre-courant au retour on se nageait dessus. » Pour sa première olympiade, en novice, il se fait piéger. « Le courant était plus fort que je ne pensais et les concurrents plus coriaces encore.»
Un épisode épuisant qui le fait sortir de l’eau les jambes lourdes. Mais il ne lâche rien et enjambe son vélo pour les 40 km à venir. Malgré ses efforts, il n’arrive pas à se dégager d’un petit groupe de cyclistes. Lorsqu’il commence les 10 km de course à pied, il est conscient qu’il finira loin du podium : « Ce n’était pas mon meilleur jour. »
« J’ai réussi à me qualifier, j’étais à ma place »
À presque 30 ans, Adrien Briffod sait ce que cela veut dire de briller en compétition, médaillé de bronze aux Jeux Européens 2023 et aux championnats d’Europe. Cinquième aux Championnats du monde en 2021. Deux podiums en Coupe du monde, l’or en 2017, « pour l’anecdote j’ai gagné cette médaille en battant un médaillé olympique, c’était hyper motivant, » et l’argent en 2021.
À Paris, le triathlète rêvait d’accéder au top 8, être diplômé olympique. Il espérait même un bon classement dans la course en relai. Mais une gastroentérite qui s’est déclarée après sa première course dans la Seine - trop polluée ? - a balayé définitivement ses espoirs de victoire. « Le 3 août, Suisse Olympique et Suisse Triathlon ont estimé que je ne pourrai pas être au meilleur de ma forme pour le relai, ils m’ont remplacé, et mon remplaçant est tombé malade, ils l’ont remplacé à son tour. C’était psychologiquement dur d’être relevé si vite sans espoir de retour dans la compétition. »
Malgré les revers, Adrien retient de cette expérience de très jolis moments, pas la Cérémonie d’ouverture qu’il a regardée à la télévision. « Nous devions nous préserver pour l’épreuve programmée 4 jours plus tard … qui finalement a été reportée. En revanche, j’ai adoré rencontrer les sportifs au village olympique et surtout, j’ai concouru au JO. Je me suis qualifié, j’étais à ma place ! »
« Je suis arrivé à l’EPFL en 2014 »
À 10 ans, Adrien Briffod pratique l’athlétisme et commence le triathlon à Vevey avec ses deux sœurs dans la section kids, au Triviera. Une belle opportunité de diversifier ses activités sportives, ayant toujours fait du vélo avec ses parents. Bien que ses sœurs ne compétitent pas, elles le soutiennent pleinement. « A cette époque, je n’avais pas encore la gniaque pour performer. J’étais obnubilé par les Jeux Olympiques que l’on regardait à la télé, mais loin de moi l’idée que j’aurais pu y participer. C’est à 16 ans que l’envie de m’entraîner plus intensément est arrivée. »
À l’heure de choisir sa formation, Adrien se donne un peu de temps pour réfléchir en effectuant son service militaire en sportif d’élite à Macolin. « Je suis donc arrivé en 2014 à l’EPFL. Les études scientifiques m’intéressaient bien. Avant de m’engager, je m’étais beaucoup renseigné. J’ai compris qu’en tant que sportif d’élite, on pouvait dédoubler le nombre d’années attribuées à un étudiant normal. »
La première année l’étudiant bachelor se donne à fond, voulant être présent à tous les cours. « J’étais très organisé. Le matin natation avant le cours, midi vite aller courir pendant la pause, et faire du vélo le soir en rentrant. Chaque jour, chaque semaine de ma première année se ressemblaient. Tout était orchestré, pas à la minute près mais presque. C’était une réflexion permanente sur le meilleur moyen d’utiliser le temps à disposition. »
« Je serai diplômé en 2025 »
« Lorsque j’ai commencé ma deuxième année bachelor, j’étais déjà à ma 3ème année EPFL. J’ai décidé d’effectuer un semestre d’étudiant normal, sans aménagement, en m’entraînant à fond à côté, entre 22h et 24h par semaine. » Ce semestre-là, Adrien Briffod est obligé de constater qu’il n’a plus de vie sociale, qu’il n’arrive plus à se reposer et qu’il est moins performant sur chaque entraînement. « Je me suis demandé si j’avais fait le bon choix d’étudier et d’être parallèlement un athlète d’élite. Cette grosse période de doute, je l’ai surmontée grâce au soutien de ma famille et de mes entraîneurs. Ma préparation mentale m’a aussi beaucoup aidé. » Mais quelques incertitudes l’assaillent encore. Arrivant à la trentaine, d’autres envies émergent. « Tous mes potes ont terminé leurs études et travaillent. Pas moi ! Je gagne un peu d’argent avec le sport, je le mets de côté, mais j’aimerais bien être dans le milieu professionnel. »
Lorsqu’ Adrien Briffod sera diplômé en 2025, il aura passé 11 ans à l’EPFL, ayant pris une année sabbatique entre le bachelor et le master. « J’aurai ainsi fait mon bachelor en 6 ans et le master en 4 ans. Après mes études j’ai bien envie de continuer le sport et si possible trouver une entreprise qui serait d’accord de m’engager à temps partiel pour ne pas perdre ce que j’ai appris à l’EPFL. » L’athlète commence gentiment à être le plus âgé, aura-t-il encore envie de continuer la compétition pendant 5 ans, voire 10 ans, de se réengager dans une olympiade ? « Je me questionne. »