Actions pro-palestiniennes à l'EPFL: point de situation

© 2024 EPFL

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Depuis le printemps 2024, des mouvements pro-palestiniens – dont la “CEP-EPFL”, qui n’est pas une association reconnue par l’EPFL – sont actifs sur le campus. Leurs actions ont pris la forme d’occupations d’un bâtiment, d’affichages, de distribution de tracts et de manifestations. La Direction de l’Ecole a proposé des réponses et met en œuvre plusieurs projets destinés à favoriser le dialogue. 

Mise à jour du 10 octobre 2024

A l’appel de mouvements pro-palestiniens, une manifestation a parcouru les campus de l’Unil et de l’EPFL le 9 octobre. L’EPFL, qui avait eu connaissance de sa tenue par le biais de tracts, mais regrette de ne pas avoir été avisée par les organisateurs, a pris la décision de ne pas interdire le cortège pour autant qu’aucun débordement ni tentative d’intrusion dans les bâtiments ne soit constaté. A sa connaissance, la manifestation n'a pas connu de débordements majeurs. Deux tags et un déversement de peinture, pour simuler de fausses traces de sang, sont à déplorer – actions pour lesquelles l’Ecole se réserve le droit de déposer plainte en fonction des frais de remise en état. L’EPFL regrette également que la manifestation ait induit un sentiment d’insécurité chez certains membres de sa communauté.

L’EPFL a pris connaissance des revendications, inchangées, des mouvements organisateurs. Elle maintient sa position quant au refus d’un boycott académique. Elle réfute les affirmations selon lesquelles l’Ecole ne répondrait pas à leurs sollicitations. La “Coordination étudiante pour la Palestine” (CEP) n’ayant pas remis en question son soutien à une personne interdite de territoire en Suisse (voir ci-dessous), la Direction a confirmé sa décision de ne plus dialoguer avec cette organisation, sauf si des faits nouveaux concernant l’EPFL lui étaient présentés. Dans ce cadre, la Commission de gestion opérationnelle ILOT, en charge du Proche-Orient à l’EPFL, a répondu par e-mail à deux interpellations de la CEP, en août et en octobre.

L’EPFL réfute ainsi l’affirmation selon laquelle la CEP aurait “tout mis en place pour un dialogue avec l’école” et n’aurait constaté qu’un “silence radio” en retour. Outre les réponses déjà évoquées, la Commission a organisé deux “town halls”, reconnu le “Palestine Students Commitee” en tant qu’association officielle lorsque celui-ci lui a adressé sa demande, mis sur pied un Cours de mathématiques spéciales (CMS) destiné spécifiquement aux étudiantes et étudiants réfugiés, organisé des séminaires de communication non-violente, et travaille à la conception d’un espace de dialogue ouvert sur le campus. De son côté, l’aumônerie UNIL - EPFL organise un événement réservé à sa communauté avec l’association Parents Circle Families Forum qui accueillera Bassam, de Palestine, et Rami, d’Israël, deux pères ayant chacun perdu leur enfant dans le conflit et qui viendront témoigner.

L'Ecole rejette également les critiques exprimées concernant le rapport du Global Ethics and Partnerships Commitee (GEP). Pour la plupart, ces critiques relèvent d’une lecture partiale et incomplète du document.

Ainsi, par exemple, concernant l’utilisation de ChatGPT dans le cadre de sa recherche d’information, l’EPFL précise qu’en aucun cas ChatGPT n’a été utilisé pour «juger» ou «valider» quoi que ce soit. Cet outil a été choisi pour ses capacités à établir des relations entre plusieurs sources d’information, ce dont une simple recherche par moteurs de recherche n’est pas capable. Il a été utilisé comme troisième axe d’analyse portant sur les 22 projets de recherche menés en collaboration avec des partenaires israéliens, soit après analyse par les experts de (1) la documentation officielle et (2) des informations recueillies sur les pages web des laboratoires et des chercheurs concernés. A noter que ChatGPT s’est révélé plus sensible que les autres outils pour mettre en lumière d’éventuelles connexions entre les chercheurs partenaires et la défense. Ces résultats ont ensuite été réanalysés par nos équipes, qui ont pu conclure que, si certains des partenaires avaient en effet déjà eu des collaborations avec la défense, les projets sur lesquels portaient les partenariats avec des chercheurs de l’EPFL étaient, eux, sans aucun lien avec la défense.

Mise à jour du 27 juin 2024, 11h

La Direction de l'EPFL a fait parvenir ce matin le message ci-dessous à la "Coordination étudiants pour la Palestine":

Madame, Monsieur,

Nous sommes heureux d’avoir pu dialoguer de manière constructive avec vous, en tant qu’étudiantes et étudiants EPFL et quel que soit le statut de la «coordination» dont vous êtes porte-parole, médiateurs ou membres. Nous avons également pris un certain nombre d’engagements, dont ceux figurant dans le PV conjoint publié le 8 mai.
Mais nous sommes désormais très dubitatifs sur la suite à donner à notre dialogue.

Vous avez récemment en tant qu’«organisation » manifesté votre soutien à Mohamed Khatib, interdit de territoire dans notre pays car, comme vous l’indiquez dans votre post Instagram, il représente pour la Confédération une menace pour la Suisse.

Vous comprendrez que ceci est problématique de notre point de vue. En tant qu’établissement relevant de la Confédération, il nous est impossible de dialoguer avec des interlocuteurs s’opposant aux lois de notre pays. Qui plus est, s’il devait arriver que cette position soulève des questions juridiques vous concernant, nous ne pourrions pas continuer à garantir l’anonymat dont nous vous avons jusqu’ici assuré.

En agissant de la sorte, vous choisissez une voie qui ne nous permet pas de considérer sereinement la poursuite du dialogue. Nous vous demandons donc une clarification sur ce point. Par ailleurs et dans ces circonstances, nous déplorons également l’utilisation de votre part du nom « EPFL », alors que votre entité est indépendante de notre institution et n’est aucunement reconnue par l’EPFL.

Mise à jour du 25 juin 2024, 18h

Dans une démarche de transparence liée à la situation au Proche-Orient et aux tensions qui en ont découlé sur le campus, la Direction de l’EPFL a donné mandat au Global Ethics and Parnerships Committee (GEP) de mener une analyse approfondie des partenariats existant entre notre Ecole et des institutions israéliennes.

Ce travail a débouché sur la rédaction du rapport ci-dessous. Il révèle des informations rassurantes: à la lumière de ces recherches, aucune des collaborations en cours ne revêt de caractère problématique.

Analysis EPFL - Israel For Publication V2024 06 25

Mise à jour du 27 mai 2024, 12h

Retrouvez la transcription des échanges (pdf) du Town hall de vendredi dernier. Pour respecter la demande de plusieurs membres de l’École et favoriser un débat serein, cette discussion n’a pas été diffusée en streaming ni enregistrée.

Mise à jour du 24 mai 2024, 15h

Martin Vetterli, président de l’EPFL, et Kathryn Hess Bellwald, vice-présidente pour les affaires estudiantines et l’outreach, ont recontré aujourd’hui quelque 360 membres de la communauté EPFL qui avaient répondu à l’invitation au Town Hall. Ils ont répondu à de nombreuses questions pendant près de deux heures. Une transcription des échanges sera publiée sur cette page dès que possible.

Mise à jour du 17 mai 2024, 16h

La Direction de l'EPFL a envoyé le message suivant aux représentant·es des manifestant·es:

Chère Coordination,

Suite aux événements d’hier dans le bâtiment SG, nous nous voyons contraints de revoir notre position face aux tentatives d’occupation ou de manifestations non autorisées.

En effet, la dégradation de la situation en cours d’occupation, un début de bagarre sur le campus liée à la pose/au retrait d’affiches en lien avec celle-ci, les réactions hostiles d’une partie de notre communauté envers cet événement et la gêne perçue, les insultes proférées durant la manifestation envers au moins un membre du personnel EPFL, l’annulation d’un cours en raison de la situation au bâtiment SG et l'insistance d’une partie des occupants à vouloir rester malgré les demandes répétées nous font craindre une dégradation incontrôlable de la situation.

En conséquence, nous ne tolérerons plus de manifestations non autorisées ni d’occupation dans les bâtiments EPFL. Les contrevenants seront identifiés et s’exposeront à des procédures judiciaires et des sanctions disciplinaires ; des évacuations immédiates seront entreprises.

Nous regrettons à nouveau, comme indiqué hier, de ne pouvoir continuer à dialoguer sur le mode instauré d’un commun accord le 7 mai. Le reste des engagements pris lors de l’échange du 8 mai reste valable, tel que stipulé sur le PV mis en ligne.

Par ailleurs, le président Martin Vetterli a adressé ce jour un courriel à l'ensemble de la communauté EPFL. Il peut être lu en suivant ce lien.

Mise à jour du 16 mai 2024, 18h40:

La Direction de l'EPFL, estimant que la voie prise par les manifestants est de nature à établir un rapport de force plutôt que d'offrir un cadre propice à une discussion, a maintenu sa demande aux manifestants de quitter les lieux dans les meilleurs délais. Selon le modèle de la rencontre du 8 mai, elle attend que les nouvelles revendications lui soient formulées par écrit, ainsi que toute demande de discussion. En outre, elle proposera une rencontre, ouverte à tous les membres de la communauté EPFL, qui se tiendra en fin de semaine prochaine. Les détails seront communiqués prochainement.

Les manifestants ont été sommés de quitter les lieux. A son grand regret, l'EPFL a dû faire appel aux forces de l'ordre pour évacuer un dernier groupe à 18h30. Celui-ci est sorti sans contrainte, mais sous escorte policière.

Mise à jour du 16 mai 2024, 13h30

La direction de l'EPFL a été sollicitée par mail par la "Coordination étudiante pour la Palestine" à 11h59:

Bonjour,

Dans une volonté de construire un dialogue et de reconstruire la confiance avec les étudiant·es de l’école, nous vous invitons à vous rendre actuellement en Hall SG ou des étudiant·es se sont installé·es dans l’attente de pouvoir avoir une entrevue avec leur direction.

Ce rassemblement est pacifique, ne bloque en rien la mission éducative de l’école. Les étudiant·es revendiquent, comme les étudiant·es que vous avez expulsé la semaine dernière, la fin du génocide à Gaza et fin des partenariats de leur école avec les universités israéliennes qui contribuent à l’effort de guerre du gouvernement de Netanyahu.

Inutile de répéter les incidents de la semaine dernière, il s’agit d’une nouvelle chance pour l’administration de se montrer ouverte au dialogue et à l’écoute de sa population étudiant·es. Nous vous encourageons donc vivement de vous y rendre en personne où nous vous assurons que les étudiant⸱es sont ouvert⸱es au dialogue. Nous ne pouvons que vous inciter à ne pas commettre les mêmes erreurs et de ne pas faire recours aux forces de l’ordre dans une situation que tout le monde souhaite pacifique, ouvert·es à tous·tes et qui souhaite éviter à tout prix la montée des tensions.

Salutations cordiales,
Coordination étudiante pour la Palestine

La direction y a répondu de la manière suivante à 13h12:

Bonjour,

Merci de votre message. Nous sommes déçus de votre manière de procéder. En date du 7 mai 2024, nous vous avions proposé plusieurs options pour une discussion. Après de nombreux allers-retours [voir ci-dessous], vous aviez opté pour une rencontre entre deux délégations, qui s’est tenue le lendemain.

Vous revenez sur votre engagement et le mode d’échange qui a été installé. Cette occupation nuit à la confiance et à l’aspect constructif que nous saluions à l’issue de notre rencontre du 8 mai.

Nous ne tolérons pas cette occupation et attendons que vous quittiez les lieux.

Avec nos salutations.

Mise à jour du 8 mai 2024, 20h40

La Direction de l'EPFL a rencontré le 8 mai, en fin de journée, des représentants du mouvement pro-palestinien qui a organisé l'occupation de la veille. Comme convenu lors des discussions, le procès-verbal de la discussion a été diffusé sitôt après son adoption par les deux parties. Le «town hall» qui avait d'abord été proposé pour toute la communauté n'aura pas lieu, n'ayant pas été accepté par le groupe.

L’EPFL déplore l’occupation, de 11h45 à 18h le 7 mai 2024, du hall du bâtiment SG par quelque 80 personnes. La manifestation a été organisée par la «Coordination étudiante pour la Palestine», qui n’est pas une association de l’EPFL reconnue. Elle est intervenue alors que ce même groupe avait fait parvenir des revendications par email le vendredi 3 mai.

La direction de l’EPFL a envoyé une délégation pour tenter de nouer un dialogue avec les membres de la communauté EPFL présents sur place. Au terme de cinq heures d'échanges, les parties se sont entendues sur l'organisation le lendemain d'une discussion entre des membre de la la Direction et une délégation représentative étudiante, en nombre équivalent, portant sur leurs revendications. Il a en outre été convenu qu'un procès-verbal serait rendu public au terme de cette rencontre et qu'une conférence de presse bipartite sera organisée. La direction s'est également engagée à ne prendre aucune sanction académique à l'encontre des manifestants.

L'accord demandait aussi aux manifestants de quitter les lieux de leur plein gré, ce qu'ils ont fait peu avant 18h, sous présence policière mais sans intervention de leur part.

Afin d'assurer le maintien des activités de l’école, l’ensemble des bâtiments du campus est réservé aux seuls membres de la communauté EPFL jusqu'à nouvel ordre. L’accès se fait au moyen des cartes Camipro. Il n’est pas autorisé de laisser entrer des personnes qui ne font pas partie de la communauté EPFL.

Ces événements suscitant beaucoup d’interrogations de la part de la communauté, la rédaction publie ci-dessous les principales questions et réponses.

Sur les activités de la journée et la réaction de l’EPFL

Pourquoi avoir barricadé le bâtiment?

Principalement pour des raisons de sécurité, pour éviter que des centaines de personnes s’y trouvent sans qu’un concept de sécurité / plan d’évacuation spécifique ait été élaboré (comme cela serait fait pour une manifestation).

Pourquoi avoir chaîné des sorties de secours?

Il s’agissait de limiter le nombre de points de passage, mais il restait un nombre largement suffisant de sorties et la présence des agents de sécurité aurait facilité toute évacuation d’urgence. Il n’y a jamais eu aucun risque sécuritaire de ce point de vue. Un agent était présent à chaque porte fermée pour pouvoir l’ouvrir au besoin.

Pourquoi avoir voulu évacuer les manifestants dès le premier jour?

La mission de l’EPFL est de faire de l’enseignement, de la recherche et de favoriser l’innovation. Même “pacifique”, une manifestation de ce type entrave clairement le fonctionnement normal d’un bâtiment en raison des perturbations (bruit et mouvements) qu’elle génère. L'EPFL propose à sa communauté plusieurs points de contact et noue un dialogue régulier avec diverses associations. Elle compte sur un dialogue constructif et estime que l’occupation d’un bâtiment ne constitue pas une bonne base pour celui-ci.

Qu’est-ce que l'EPFL a proposé, pourquoi un·e membre de Shalom au townhall?

Pour aller dans le sens des revendications des manifestants qui voulaient une présence de la direction “en plénum”, la Direction de l‘EPFL a proposé l’organisation d’une table ronde pour toute la communauté EPFL. Toute manifestation à caractère partisan étant interdite à l’EPFL, il allait de soi que le panel devait être équilibré. La présence de membres de la communauté EPFL affectés par la situation, quelle que soit leur origine, religion ou opinion politique, est indispensable pour une discussion non pas avec un seul mouvement mais avec l’ensemble des étudiants. Les manifestants ont refusé cette proposition, étant opposés à l'invitation d'un membre de Shalom (association étudiante reconnue).

Y a-t-il eu de la violence?

Non, ni les services de sécurité ni les forces de police n’ont eu besoin d’utiliser la force. La fermeture des accès du bâtiment, qui a été perçue par certain·e·s comme une réaction violente, a été mise en œuvre pour assurer la sécurité de chacun·e. L'EPFL présente ses excuses pour l’inconfort ressenti par une partie des usagers.

Y a-t-il eu des déprédations?

Une porte vitrée a été endommagée, ce qui n'est pas dû aux manifestants.

Pourquoi la police était-elle présente sur les lieux?

La Direction a rapidement fait savoir aux manifestants que l’EPFL n’accepterait pas que le bâtiment soit occupé durant la nuit. Dans le cadre des discussions de l’après-midi, ils et elles ont été priés de quitter les lieux pacifiquement pour 17h, faute de quoi une évacuation serait réalisée. Les discussions s’étant prolongées au-delà, un délai à 17h30 a ensuite été accordé. Les forces de polices étaient présentes, mais n’ont pas eu besoin d’intervenir.

Sur le positionnement de l’EPFL

Pourquoi avez-vous accepté Shalom comme association reconnue, et pas la CEP?

L’EPFL n’a jamais reçu de demande de reconnaissance d’association de la part des membres de la “CEP”. Elle a en revanche reçu une telle demande pour Shalom le 29 janvier 2024 et a reconnu l’association le 2 avril.

Pourquoi acceptez-vous malgré tout de rencontrer la CEP?

La Direction de l’EPFL ne rencontrera pas “la CEP”, mais une délégation d’étudiantes et étudiants de l’EPFL qui porteront leur message. Nous pensons qu’il est très utile que nous puissions avoir une discussion approfondie, dans un cadre paisible, afin qu’ils et elles puissent exprimer leurs revendications et que nous puissions leur répondre de façon approfondie.

Quelles réponses allez-vous apporter à leurs revendications?

Le procès-verbal de la rencontre a été rendu public à la suite de la rencontre du 8 mai.

Quelles sont à l’heure actuelle vos collaborations avec des institutions israéliennes, pour lesquelles les manifestants demandent un boycott?

Nous comptons actuellement 25 programmes de recherche actifs impliquant plusieurs partenaires, dont certains sont en Israël. 22 d’entre eux sont des programmes européens H2020 ou Horizon Europe, 2 sont des projets FNS, le dernier est un projet de la Confédération. Les principales institutions israéliennes participant à ces projets sont le Weizmann Institute of science (7 projets), Technion (4 projets), The Hebrew University of Jerusalem (4 projets).

Une liste complète de ces projets est disponible sur le page https://middleeast.epfl.ch


Auteur: Direction de l'EPFL

Source: EPFL