«À mon échelle, j'ai contribué à la recherche sur la finance durable»

Quand on lui demande de se présenter, Mikail Durrani utilise la formule: «Je suis américain de par mon lieu de naissance, pakistanais par héritage culturel, et suisse par choix.» Né à Chicago, l’étudiant en Master en ingénierie financière à l'EPFL déménage beaucoup pendant son enfance. Ses parents étant d’origine pakistanaise, ils vivent au Pakistan, mais aussi dans différents endroits du Moyen-Orient, en Suisse et aux États-Unis. «Nous sommes ensuite revenus en Suisse parce que nous avions vraiment aimé ce pays avec sa variété de langues et de cultures. J’y ai fait la majorité de ma scolarité et ai naturellement décidé de demander la nationalité helvétique.» Mikail Durrani est donc riche d’une base multiculturelle et multinationale. «Je pensais que c’était standard, mais j’ai pu remarquer avec le temps que ce n’est pas si commun.»

Finance et durabilité: le combo parfait

Après sa scolarité obligatoire, Mikail Durrani consacre une année à perfectionner son allemand avec des séjours à Zurich, Munich puis Berlin. Il commence un Bachelor en relations internationales à l’Université de Genève, avec une spécialisation en économie internationale. Ses notes remarquables lui permettent d’être sélectionné par l’Institute of Economics and Econometrics pour participer au programme d'excellence «Honors Program». «J’ai pu suivre des séminaires de recherche donnés par des professeurs géniaux qui venaient du monde entier.»

Dans le cadre de ce programme, l’étudiant a également l’opportunité d’être assistant de recherche. «Durant un an, j’ai travaillé avec le professeur assistant Julien Daubanes et des doctorants qui faisaient de la recherche quantitative sur le principe des obligations climat - (ndlr des instruments financiers permettant de financer la transition énergétique et/ou l’atténuation des effets du changement climatique). C’était complètement en ligne avec ce que je voulais faire professionnellement. Et c'est là que j'ai eu l'occasion de découvrir la recherche sur la finance durable et d'y contribuer à ma petite échelle.»

En parallèle à ses études, il n’hésite pas non plus à entreprendre un cours du prestigieux institut américain CFA («Chartered Financial Analyst»). Durant l’été suivant l’obtention de son Bachelor, il passe le premier niveau de l’examen d'analyste financier.

Finalement, à la rentrée 2023, l’étudiant débute un Master en ingénierie financière à l'EPFL. «J’ai vu que l’École proposait une combinaison de cours quantitatifs et de finance, deux de mes sujets favoris, et que plusieurs professeurs avaient un fort intérêt pour la finance durable. Ce mélange unique de compétences spécialisées et de corps professoral fait de ce master le programme idéal pour moi.»

Peu de temps après, il obtient la bourse d'études «Realstone Sustainable Finance Scholarship 2023-2025». Accordée depuis 2022 par le fonds immobilier Realstone en collaboration avec le Swiss Finance Institute de l'EPFL, elle vise à promouvoir l’innovation dans le domaine de la finance durable et encourager les jeunes à devenir agents du changement dans le secteur financier.

Encourager les carrières dans la durabilité

Pendant son Bachelor, Mikail Durrani a fondé avec des amis l’association «Swiss Sustainability Initiative». «Nous étions des étudiants intéressés par la durabilité, mais nous ne savions pas quelles étaient les opportunités au niveau professionnel dans ce domaine. Bien sûr, il y en a des évidentes comme travailler dans le département durabilité d’une entreprise, mais sait-on vraiment quelles sont les compétences nécessaires pour obtenir ces postes et en quoi consiste concrètement ce travail? Avec l’association, nous avons souhaité encourager et aider les étudiantes et étudiants à s’investir professionnellement dans la durabilité.»

Pour cela, l’association veut responsabiliser les jeunes afin qu’ils se renseignent et développent une expertise dans leur discipline. «La durabilité est liée à des problématiques spécifiques plus ou moins intéressantes pour chacun d’entre nous. Il y a par exemple la décarbonation, la transition énergétique ou la pénurie d’eau, et chacun de ces points englobe des aspects financiers, économiques, politiques ou sociaux. Nous souhaitons encourager la recherche d’information et la pensée analytique. L’idée est de donner des outils pour que chacun puisse récolter des données sur un problème complexe et puisse être capable de les digérer, proposer une solution et la partager avec autrui.»

En outre, l’association propose des workshops pour aider les jeunes professionnelles et professionnels à préparer une carrière dans le domaine de la durabilité, notamment en construisant leur profil professionnel. Finalement, l’association organise des sessions de réseautage entre ses membres qui viennent de disciplines différentes, afin de favoriser les échanges et les confrontations de points de vue. «Ce groupement permet aussi de s’entraider. Grâce à nos réseaux personnels, nous pouvons nous orienter les uns les autres quand quelqu’un souhaite rencontrer des professionnels pour en apprendre plus sur un sujet spécifique ou postuler pour un job.»

De par son expérience, Mikail Durrani sait à quel point les échanges notamment avec les professionnels sont riches d’enseignement. «Nous vivons dans l’âge d’or de l’information. Réseaux sociaux, publications scientifiques, il est facile de trouver des données et de nombreux experts veulent partager leurs connaissances. J’encourage tout un chacun à faire des recherches, choisir une question complexe et l’analyser. Ça élargira vos horizons et vos opportunités de carrière tout en étant un enrichissement personnel.»