A la découverte de l'architecte du bambou
Simon Vélez est connu pour ses impressionnantes constructions de bambou. L’architecte colombien fait l’objet d’une exposition en plein air à Rossinière.
Un matériau séculaire pour une architecture moderne : Simon Vélez donne au bambou ses lettres de noblesse. Connu pour son imposante «église sans religion» ou pour son pavillon à l’exposition universelle de Hanovre en 2000, l’architecte colombien exploite les exceptionnelles propriétés de la graminée géante. Son œuvre fait l’objet d’une exposition à Rossinière. Du 30 juin au 22 septembre, les visiteurs auront l’occasion de découvrir son travail, le long d’un parcours en plein air.
Le bambou se prête à nombre d’expérimentations architecturales, intimes ou monumentales, urbaines ou rurales. Simon Vélez a même osé l’ouvrage d’art, avec un pont piétonnier en bambou surplombant l’autoroute Bogota-Medelin. D’un rapport poids/résistance supérieur à l’acier et d’une extraordinaire résilience, ce matériau naturel ouvre de nouvelles possibilités.
Poulaillers et petites voitures
A Rossinière, les visiteurs découvriront le travail de Simon Vélez à travers les images de la photographe Deidi Von Schäwen, des films, des maquettes, mais aussi grâce à des réalisations concrètes. Ainsi, les habitants se sont engagés à peupler de pensionnaires des poulaillers en bambou ; les plus jeunes auront l’occasion de se lancer dans des courses effrénées à bord de petites voitures que l’architecte a construites dans le même matériau à l’intention de ses propres petits-enfants.
«Le concept de l’exposition en plein air nous paraissait être le meilleur moyen de faire découvrir l’œuvre de Simon Vélez à un large public familial», explique Pierre Frey, curateur, professeur à l’EPFL et auteur d’une monographie sur l’œuvre de l’architecte colombien, parue récemment chez Actes Sud.
Une architecture tournée vers le local
Simon Vélez s’inscrit dans une démarche écologique, à la croisée des architectures modernes et traditionnelles. Un concept qui n’est pas sans rappeler l’engouement actuel pour les produits maraîchers locaux. «Les bambous endémiques de Colombie, de l’espèce Guadua Augustifolia, comptent parmi les meilleurs au monde en terme de construction, explique Pierre Frey. Simon Vélez emploie un matériau durable et local, pour un marché local. Il est l’un des rares architectes de renommée mondiale à pouvoir imposer une démarche de ce genre.»
Le travail de Simon Vélez, tantôt impressionnant, tantôt discrètement lové dans l’arrière-cour d’une ferme colombienne, s’intègre avec harmonie dans la vie des habitants. Le choix du matériau est un premier pas essentiel dans cette direction. Malheureusement pour nous, l’Europe ne compte aucune espèce de bambou exploitable. Le temps d’une promenade à Rossinière, les visiteurs sont invités à se consoler de cette injustice.