Voyager du bout des doigts dans la Venise du temps des Doges
SÉRIE D'ÉTÉ (2) - Dans le cadre de leur projet de fin de cours, deux étudiants au Collège des humanités ont développé une interface permettant d’observer l’aspect ancien des bâtiments au cours d’une visite de Venise. Ce travail leur a valu une « médaille d’argent » au sein de leur volée.
Le glas s’est lentement mis à retentir pour les guides touristiques classiques. Grâce à leur GPS intégré, smartphones et tablettes permettent désormais d’obtenir automatiquement des informations pertinentes sur les monuments et de conduire pas à pas le touriste le long d’itinéraires particulièrement remarquables.
L’imagination n’a dès lors plus de bornes quand il s’agit d’enrichir l’expérience du promeneur. Tania Palmieri et Orhan Öçal le montrent dans leur travail de fin de semestre pour le Collège des humanités. Les deux étudiants master ont bondi sur une suggestion de Frédéric Kaplan, titulaire de la chaire d’humanités digitales. L’idée: retrouver les lieux représentés sur les estampes du livre Merveilleuse Venise, de Sophie Monneret, puis réaliser une base de données s’intéressant à leur transformation.
«Notre objectif était de trouver pour chaque estampe l’image actuelle correspondante, prise selon le même angle de vue», explique Tania. Les collections de photos libres de droit disponibles sur internet ont été mises à contribution. «En raison du partenariat entre l’EPFL et Ca’Foscari, il ne serait pas difficile de compléter notre base avec des photos « maison » là où nous n’avons rien trouvé», ajoute Orhan.
Au terme de leurs recherches, les deux étudiants avait pu associer une soixantaine d’images aux gravures correspondantes. «Certaines de celles qui restent sont des vues intérieures pour lesquelles il nous manque des données géographiques», précise Orhan.
Une nouvelle peau pour Google Maps
Ces recherches se traduisent par la création d’une «peau» qui vient s’ajouter à l’interface de Google Maps – un travail pour lequel les compétences spécifiques d’Orhan, étudiant en systèmes de communication à la faculté IC, ont pu être mises à contribution.
Lorsqu’il se promène virtuellement au-dessus de Venise, l’utilisateur est rendu attentif aux éléments pour lesquels il pourra bénéficier d’informations supplémentaires. Ceux qui sont visibles à l’image apparaissent aussi sur une liste à droite de l’écran. En deux clics, la vue actuelle et la gravure ancienne apparaissent côte à côte, accompagnées de textes d’explications historiques ou architecturales. «Nous avons à ce stade développé un design adapté aux grands écrans, mais le tout serait facilement transposable aux appareils mobiles», s’enthousiasme Tania, pour qui les langages XML et KML n’ont désormais plus de secret – elle qui vient de terminer son 2è semestre master en… bioingénierie.
Réalisé en quelques semaines seulement, le projet de Tania et Orhan est déjà prometteur, comme on peut s’en rendre compte sur ce serveur de démonstration. Il aurait bien sûr besoin de développements supplémentaires avant de pouvoir se traduire en un guide touristique à télécharger. Mais les graines sont semées, et Frédéric Kaplan songe déjà à présenter cette esquisse lors d’une prochaine conférence internationale dédiée aux systèmes d’information géographique.