Une vallée helvétique utilisée comme simulateur du climat mondial

Creative Commons / Flickmor

Creative Commons / Flickmor

Des chercheurs de l’EPFL ont développé un nouveau modèle statistique permettant de prédire les intempéries exceptionnelles dans le Val Ferret, qui trouvera bientôt des applications au niveau international.

Le réchauffement de la planète et les changements climatiques ont un impact direct sur les conditions météorologiques. Les cas de précipitations extrêmes sont par exemple directement liés à l’apparition plus fréquente d’ouragans et d’inondations susceptibles de menacer des vies humaines, d’occasionner de sérieux dégâts aux infrastructures et d’affecter l’économie des pays touchés. Une étude de la NASA publiée en 2013 estime que les pluies de ce type vont s’amplifier de l’ordre de 3.9% pour chaque augmentation de température égale à 0.56oC. Les risques encourus lors de tels phénomènes obligent donc à prédire leur taille et leur probabilité avec plus de précision. De nouveaux modèles sont donc nécessaires.

C’est ce que proposent des chercheurs de l’EPFL. En se basant sur les données collectées dans le Val Ferret, à la frontière septentrionale de la Suisse, une équipe dirigée par Anthony Davison a développé un simulateur qui s’avère pertinent à l’échelle mondiale. Pour concevoir leur modèle statistique, les scientifiques ont utilisé les relevés de 24 stations météorologiques dont celle de MétéoSuisse située au Col du Grand-St-Bernard, qui dispose de données collectées pendant 31 ans (1982-2012). La surface testée s’étend sur près de 20 km2 et oscille entre 1800m et 3200m d’altitude.

L’objectif était de générer un modèle capable de comprendre comment les précipitations se répartissent dans le temps et l’espace. Comme ils s’intéressent à des événements rares, les scientifiques ont eu recours à une méthode statistique appelée «théorie des valeurs extrêmes», qui se focalise sur les données les plus éloignées de la moyenne. Une telle stratégie leur a permis de comparer les chiffres collectés par les stations météo à des modèles d’intempéries. En évaluant la pertinence de chacun, les chercheurs ont pu sélectionner les meilleurs et définir ceux qui prédisent les précipitations journalières à venir avec une précision optimale.

Les scientifiques ont ainsi découvert qu’un modèle basé sur la théorie des valeurs extrêmes était le plus à même de prédire les intempéries sporadiques de la région. Selon eux, cette méthode pourra être étendue à la simulation de phénomènes météorologiques exceptionnels sur la scène mondiale, avec à la clé des analyses de risques destinées aux assurances, à la prévention et la création d’infrastructures.

Ces stations météo ont été installées par Raphaël Mutzner sur l’initiative du directeur de l’EFLUM Marc Parlange. Elles ont rassemblé des données au cours de quatre étés (de mai à octobre).