Une spin-off de l'EPFL lève 10 millions de francs

© 2011 EPFL

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Un des plus importants tours de financement pour développer le travail d’un doctorant vient d’être bouclé. Ses électrodes microscopiques actuellement en essai clinique pourraient révolutionner la stimulation intracrânienne.

Réduire les effets secondaires, les risques de complications, et le coût: les microélectrodes développées par André Mercanzini durant sa thèse au Laboratoire de microsystèmes de l’EPFL ont tout pour plaire aux investisseurs. A l’heure où cette thérapie trouve de nouvelles applications, telles que le traitement de la douleur, de l’épilepsie ou de la dépression, le marché est estimé à 450 millions de francs. «Il devrait croître de 25% chaque année», note Jean-Pierre Rosat, CEO de l’entreprise. La start-up Aleva Neurotherapeutics, que le jeune chercheur a lancée en 2008, vient de boucler un tour de financement de 10 millions de francs grâce à BiomedInvest AG, BB Biotech Ventures III, Initiative Capital Romandie ainsi que des investisseurs privés. C’est sans doute le record de l’Ecole pour une innovation issue d’un travail de doctorat ces dix dernières années.

Le procédé de la stimulation intracrânienne est utilisé depuis le début des années 90 pour le traitement de la maladie de Parkinson. Il consiste à implanter des électrodes de quelques millimètres dans des zones précises du cerveau afin d’atténuer les symptômes. Un pacemaker implanté au niveau du thorax envoie des impulsions de façon continue. Pour la mise en place, la cible est localisée par une technique de repérage radiologique et l’électrode implantée. Les résultats sont spectaculaires : dès la pose du dispositif, les tremblements, la rigidité et les troubles du mouvement diminuent, améliorant ainsi la qualité de vie du patient.

C’est au centre de MicroNanoTechnologie, plus particulièrement dans sa salle blanche, ce lieu exempt de poussière, qu’André Mercanzini, CTO de l’entreprise, a développé, durant sa thèse chez le professeur Philippe Renaud, des électrostimulateurs à l’échelle microscopique. D’un diamètre de 50 microns (la taille d’un cheveu) à un millimètre, elles permettront une meilleure précision qui limitera les effets secondaires. Ses dimensions permettront d’en placer plus de vingt sur la surface à traiter contre seulement quatre avec les produits actuellement sur le marché. Cela permettra d’augmenter la palette des troubles neurologiques dont on peut diminuer les symptômes.

Le matériau utilisé, un composite de polymère et de métal, présente l’avantage d’éliminer les risques de rejet par le corps du patient.

La finesse de ces dispositifs rendra l’implantation plus facile. L’intervention chirurgicale sera de ce fait plus rapide, ce qui permettra d’envisager le traitement d’autres troubles, notamment pour des maladies psychiatriques où la zone à atteindre est très petite.

Ce produit, actuellement en phase d’essais cliniques au CHUV, conjugue fiabilité et réduction des coûts. Les investissements récents permettront de développer et amener sur le marché ce nouveau type d’électrode ainsi qu'à améliorer ce genre de thérapie.