Une levure révèle le fonctionnement des médicaments

Levures © Alain Herzog

Levures © Alain Herzog

L’action d’un médicament connu depuis près de 70 ans vient enfin d’être comprise. Les chercheurs de l’EPFL s’attendent à des traitements contre d’autres maladies et une meilleure gestion des effets secondaires.

La Sulfasalazine est un médicament fréquemment utilisé, mais son mécanisme anti-inflammatoire restait obscur. Une équipe du Laboratoire d’ingénierie des protéines a levé le voile sur ce mystère vieux de 70 ans. Elle a mis en évidence les protéines spécifiques que le traitement inhibe. Ces résultats, qui viennent d’être publiés dans Nature Chemical Biology, promettent de nouvelles applications et des traitements complémentaires pour diminuer les effets secondaires.

L’objectif des recherches était d’identifier les protéines ciblées par les médicaments. Pour y parvenir, les scientifiques ont utilisés des levures. Spécialement modifiées, elles produisent des protéines humaines et permettent d'identifier les interactions moléculaires entre ces protéines et un médicament donné.

L’équipe du Laboratoire d’ingénierie des protéines est partie du besoin d’identifier les cibles du médicament. Grâce aux levures modifiées, elle n'a pas seulement déterminé le mécanisme d'action de la Sulfasalazine, mais a mis en évidence les nouvelles cibles protéiniques d’autres médicaments importants. Christopher Chidley, Hirohito Haruki, Miriam Grønlund Pedersen, Evelyne Muller et Kai Johnsson ont mis près de quatre ans pour développer cette méthode, qui fait partie de la thèse de Christopher Chidley.

Découvertes en perspective

La Sulfasalazine est utilisée pour traiter les inflammations des intestins ou encore les polyarthrites rhumatoïdes. En comprenant comment le médicament agît, l'équipe de Kai Johnsson estime que d’autres maladies pourront être traitées. Elle espère également réduire les effets secondaires en testant l’administration de molécules complémentaires. « Nous avons des idées claires que nous voulons expérimenter dans un avenir proche, ajoute Kai Johnsson. »

Les recherches dans ce domaine s’inscrivent dans un cadre plus large. Le laboratoire d’ingénierie des protéines fait partie du National Center of Competence in Research (NCCR) Chemical Biology. Ce programme est financé par le Fonds national suisse (FNS) de la recherche scientifique et implique également l’Université de Genève.

Liens :
http://lip.epfl.ch/
http://nccr-chembio.ch/organization.html

Source :
A yeast-based screen reveals that sulfasalazine inhibits tetrahydrobiopterin biosynthesis, Christopher Chidley, Hirohito Haruki, Miriam Grønlund Pedersen, Evelyne Muller & Kai Johnsson, Nature Chemical Biology, 2011

http://www.nature.com/nchembio/journal/vaop/ncurrent/full/nchembio.557.html


Auteur: Nicolas Guérin

Source: EPFL