Un nouveau livre s'attaque à l'ultime « enjeu mondial »

Le doyen du CDH Béla Kapossy, B. Fincoeur, S. Rezzi, M. Stauber et Lucas Giossi, directeur, EPFL Press au vernissage du livre le 21 mars © Christine Farget

Le doyen du CDH Béla Kapossy, B. Fincoeur, S. Rezzi, M. Stauber et Lucas Giossi, directeur, EPFL Press au vernissage du livre le 21 mars © Christine Farget

Trois enseignants du cours Enjeux Mondiaux du Collège des Humanités (CDH) discutent de leur livre sur les systèmes sociaux, économiques et biologiques qui façonnent la nourriture que nous mangeons, ainsi que son impact sur notre corps et notre monde.

L'alimentation en question : Agriculture, nutrition, sociétéest l'œuvre commune de Maximilien Stauber, Serge Rezzi, et Bertrand Fincoeur : enseignants sur le thème « alimentation » du cours Enjeux Mondiaux du programme Sciences humaines et sociales du CDH. Publié par EPFL Press en février, le livre s’ajoute àLa mobilité en questions, publié en 2017 par des enseignants du thème « mobilité » du cours Enjeux Mondiaux.

Ce nouveau volume donne un large aperçu des principaux problèmes sociaux et scientifiques liés à l'alimentation aujourd'hui - de la consommation (ou non) de viande, à la durabilité en passant par l'insécurité alimentaire. La diversité des parcours des co-auteurs leur a permis d'aborder cet éventail de thématiques : Bertrand Fincoeur est enseignant-chercheur en sociologie du sport et de la santé à l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne, Serge Rezzi est biologiste, docteur en chimie et PDG de la La Fondation Suisse de Nutrition et Santé, et Maximilien Stauber a suivi sa thèse de doctorat sur la politique agricole avec un poste de gouvernement municipal gérant les alpages suisses.

« Ce livre s'adresse à nos étudiants, ainsi qu'à un public plus large », explique Bertrand Fincoeur. « En tant que collègues issus de milieux académiques différents, c'était une bonne occasion de renforcer les liens entre nous afin de créer un résultat commun. »

Une approche globale de la durabilité, de la sécurité alimentaire et de la nutrition

Un fil conducteur tout au long du livre est l'accent mis sur la complexité des enjeux mondiaux liés à l'alimentation et un examen nuancé des solutions potentielles. Par exemple, éliminer ou réduire la viande dans son alimentation est souvent promu comme un moyen de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et de respecter les droits des animaux. Et tandis que Bertrand Fincoeur admet qu'il est difficile de trouver des contre-arguments solides au maintien des niveaux actuels de consommation de viande dans le monde – à la fois pour des raisons environnementales et morales – il soutient qu'il est essentiel de considérer également la consommation de viande d'un point de vue non occidental.

« J'ai essayé d'encourager une réflexion sur l'impact que le mouvement végan aurait sur les populations des régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud qui dépendent de l'élevage pour leurs revenus et leur alimentation de base. Pour un consommateur occidental, il n'est pas trop difficile de trouver des alternatives à la viande, mais c'est plus difficile pour ceux des pays en développement », explique-t-il.

Pour Serge Rezzi, les défis de la nutrition et de la santé doivent être abordés de manière systémique ; que ce soit au niveau mondial ou à l'échelle de l'organisation biologique humaine. Il soutient que la nutrition a un rôle clé à jouer pour prévenir ou retarder le développement de facteurs de risque de maladies chroniques liées au vieillissement de la population dans le monde. Il note en particulier l'importance de développer des stratégies de nutrition ciblées individuellement, également appelées nutrition de précision.

« Il est nécessaire d'exploiter pleinement le potentiel de la nutrition pour la prévention des maladies afin de réduire la pression sur les systèmes de santé. La science montre à quel point les réponses alimentaires des individus peuvent être diverses, il est donc important d'être plus précis pour répondre à nos besoins nutritionnels afin de maintenir des fonctions corporelles saines », dit-il.

Pour Maximilien Stauber, une approche globale est également essentielle à ce qu'il considère comme l'un des plus grands défis de la sécurité alimentaire à l'avenir : les conflits et les troubles politiques.

« Nous pensons immédiatement à la guerre en Ukraine, mais il y a aussi de nombreux autres fronts, des guerres par procuration et des guerres civiles et évidemment des guerres conventionnelles que l’on s'attend à voir plus souvent dorénavant » dit-il, expliquant que de tels conflits peuvent conduire à l'inflation, les interdictions d'exportation et d'autres facteurs qui limitent l'accès à la nourriture. Ce qui est clair, dit-il, c'est que la production alimentaire n'est pas le problème.

« Nous avons plus qu'assez de technologie agricole ; les facteurs qui limitent l'accès à la nourriture sont principalement politiques et économiques. Si la technologie veut aider à résoudre ces problèmes, elle devra d’abord s’occuper de ces problèmes. »

Voir le livre sur le site EPFL Press.


Auteur: Celia Luterbacher

Source: Collège des humanités | CDH

Ce contenu est distribué sous les termes de la licence Creative Commons CC BY-SA 4.0. Vous pouvez reprendre librement les textes, vidéos et images y figurant à condition de créditer l’auteur de l’œuvre, et de ne pas restreindre son utilisation. Pour les illustrations ne contenant pas la mention CC BY-SA, l’autorisation de l’auteur est nécessaire.