Un nouveau cours pour développer sa sensibilité éthique

© 2024 EPFL/Julie Clerget
Cet automne, un nouveau cours pour développer sa sensibilité éthique est venu étoffer l’offre curriculaire en IC. Intitulé « Responsible Software », il propose aux étudiant·es de Bachelor en Informatique et en Systèmes de Communication d’acquérir les stratégies et les méthodes nécessaires pour mener à bien une réflexion critique sur l’impact sociétal et environnemental des outils numériques qu’ils et elles développent.
Cécile Hardebolle, conseillère pédagogique au sein du Centre pour l’enseignement à l’ère digitale (CEDE) est à l’origine de ce cours qu’elle enseigne depuis la rentrée de septembre. Un travail mené dans le cadre du programme « P8 » visant au renforcement des compétences digitales sur le plan national, soutenu par swissuniversities.
Après le développement du Digital Ethics Canvas, déployé dans plusieurs cours à l’EPFL et à l’Université de Neuchâtel l’an passé, « Responsible Software » propose une approche pédagogique originale mêlant classe inversée et « problem-solving before instruction » au travers de laquelle les étudiant·es commencent par résoudre des exercices de programmation et terminent par des études de cas.
Tout au long du semestre, les étudiants et les étudiantes aiguisent leur capacité à identifier des problématiques éthiques en résolvant des exercices de programmation conçus spécifiquement sur la base de cas réels soulevant toutes sortes de dilemmes et de défis sociétaux et environnementaux. Se faisant, ils et elles se retrouvent confronté·es aux risques inhérents aux algorithmes qu’ils et elles conçoivent et sont amené·es à questionner leur cahier des charges, les techniques choisies, les données et les variables utilisées au regard des conséquences potentielles sur les parties prenantes au bout de la chaîne. Un ancrage dans la réalité qui leur permet d’une part de prendre toute la mesure de la responsabilité qui leur incombe mais aussi d’y puiser créativité et motivation.
« L’idée de départ est d’enseigner dans un contexte qui leur parle. Une des choses qui leur parle, c’est le développement logiciel. En tant qu’informaticien et informaticienne, il y a une réelle satisfaction dans le fait de pouvoir créer des programmes qui fonctionnent; mais comment s’assurer que cela est fait pour le bien de toutes et tous ? Avec cette approche, nous cherchons à les rendre sensibles au fait que même avec de bons objectifs, de bonnes intentions, il y a des risques. » explique Cécile.

Une approche pragmatique et un travail d’équipe
Quelles problématiques d’équité des algorithmes même très simples peuvent-ils générer ? Par exemple, comment concevoir l’algorithme d’un système d’admission universitaire sans renforcer les inégalités déjà présentes dans la société ? Comment modérer les contenus problématiques sur les réseaux sociaux sans tomber dans la censure ou au contraire, sans exposer les utilisateur·ices à des discours haineux ? Mais aussi, comment mesurer l’impact environnemental d’un programme et quels sont les facteurs qui l’amplifient ?
Autant de questions et de mises en garde qui, au fil des lignes de code rédigées, font apparaître toute la complexité et l’importance de développer des réflexes et d’avoir accès à un panel de méthodes solides afin d’être à même de voir venir les risques et de les mitiger dans des contextes d’application très divers.
« Le cours s’appuie sur un MOOC avec des Jupyter Notebooks, des vidéos, des quiz et des études de cas. C’est une approche très pragmatique où l’on cherche à amener les étudiant·es à se questionner et comprendre où se trouve la dimension éthique, à se dire « je suis en train de développer mon logiciel, qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela implique ? » précise Cécile. « Ces ressources ont été co-développées avec des étudiantes et des étudiants assistant·es et en conséquence, les sujets et les questions parlent totalement à leurs camarades ! Je suis super fière du travail qu’ils et elles ont réalisé avec mon collègue Florian Dufour qui est expert en conception pédagogique. Tout le monde a fourni un travail fantastique ces dix-huit derniers mois et ce cours n’aurait pas existé sans l’énorme effort de toute l’équipe. »

Inscrit dans la stratégie « durabilité dans l’éducation » de l’EPFL visant à introduire de nouvelles offres curriculaires pour former des professionnel·les conscient·es et responsables tant au niveau des enjeux environnementaux que sociétaux, « Responsible Software » intervient volontairement tôt dans le cursus (Bachelor 3 et 5) des futur-es ingénieur·es. « Ce cours se veut être une introduction. Nous n’allons pas en détail dans chacune des thématiques présentées, celles-ci font souvent l’objet d’un cours spécialisé au niveau master. L’objectif ici est d’équiper les étudiant·es pour la suite de leur cursus et qu’ils et elles puissent s’approprier cette responsabilité et ces notions. »
Le MOOC sera ouvert au public l’année prochaine mais bon nombre de ressources sont déjà disponibles librement ici : videos et Notebooks Jupyter.