Un manteau de protection pour les implants

© 2012 labseed

© 2012 labseed

Une technologie mise au point par une spin-off de l’EPFL, labseed, pourrait permettre d’éviter la plupart des rejets d’implants mammaires. Le produit final devrait être mis sur le marché en 2013.

Près du quart des prothèses mammaires doivent être retirés dans les quatre ans après la pose car les tissus avoisinant forment une enveloppe rigide de protection contre cet élément étranger. Labseed, start-up du Parc scientifique d’Ecublens, a mis au point un manteau de protection, composé d’une nanostructure de la surface et une couche de collagène, permettant d’éviter cette réaction.

Tous les dispositifs médicaux ou esthétiques comme les prothèses mammaires, les dispositifs orthopédiques, les pacemakers ou les pompes à insuline sont considérés par le corps humain comme des éléments à éliminer. Un système de veille lui permet de les détecter puis de les rejeter. Dans l’espace vide entre ces dispositifs et les tissus avoisinants, des cellules chargées de cette réaction, des fibroblastes, se regroupent. Dans certains cas, même plusieurs années après la pose, elles l’enserrent et forment une couche dure tout autour: c’est le rejet tant redouté. Outre l’aspect inesthétique, notamment dans le cas des prothèses mammaires, cette réaction peut limiter la fonctionnalité de l’implant.

Les cofondateurs de labseed, Hicham Majd, et Giorgio Pietramaggiori, ont mis au point une technique qui permet d’éliminer ce problème. Les résultats sur des animaux ont montré l’efficacité de cette nouvelle approche. La grande avancée de leur découverte: rendre les corps étrangers pratiquement «invisibles» aux cellules de veille du système de détection du corps. Cette nouvelle technologie de traitement de surface, baptisée «MYcoat», a été développée au sein du Laboratoire de biophysique cellulaire de l'EPFLet améliorée dans celui de biomécanique orthopédique dans le cadre d’un projet CTI Discovery. Elle combine nano/microtechnologie et biochimie.

La surface du dispositif médical est structurée au nanomètre près. L’implant est ensuite enduit de collagène. De ce fait, les cellules avoisinantes ne sont donc plus directement en contact avec le corps étranger mais avec une nouvelle matrice extracellulaire. Une sorte de manteau de protection, qu’elles considèrent comme une partie du corps. Les fibroblastes vont donc tout naturellement adhérer à l’objet comme s’il faisait partie intégrante du patient.

Le procédé est finalisé pour les implants en silicone, mais également applicable sur les éléments en titane notamment. «Le collagène, dont notre corps est composé à 80%, est particulièrement bien toléré par l’organisme », souligne Giorgio Pietramaggiori.

Cette technique améliore l’interaction entre l’implant médical et le corps humain. Sa simplicité de mise en œuvre la rend particulièrement attrayante pour les grands acteurs des marchés des prothèses médicales et esthétiques. «Des discussions sont en cours avec les principaux producteurs d’implants mammaires», note le cofondateur. Ce nouveau procédé nécessiterait l’ajout d’une étape en fin de fabrication et pourrait être intégré dès 2013.