Un logiciel d'aide à la planification énergétique des villes

© 2021 Le Nouvelliste Louis Dasselborne

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Une start-up née à l’EPFL Valais Wallis développe un logiciel d’aide à la planification énergétique des villes
La start-up sédunoise Urbio a développé une plateforme d’intelligence artificielle qui génère des dizaines de scénarios énergétiques à l’échelle de quartiers. De quoi aider les distributeurs d’énergie et les bureaux de conseil à planifier les technologies les plus efficaces pour chauffer, refroidir et électrifier les bâtiments.

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Sur quels bâtiments installer des panneaux solaires? Quelles sont les mesures de rénovation énergétique les plus efficientes? Quelle part des émissions de carbone peut-on réduire dans un quartier donné? Autant de questions sur lesquelles les fournisseurs d’énergie et les bureaux de conseil travaillent au quotidien.

Pour les aider dans leur pratique, la start-up Urbio pourrait bien jouer un rôle prépondérant. Créée au campus Energypolis de Sion en 2020, cette jeune pousse issue de l’EPFL a développé un logiciel qui aide les acteurs de la transition énergétique à planifier et dimensionner les technologies les plus efficientes pour chauffer, refroidir et électrifier les bâtiments.

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Accélérer la transition énergétique

L’objectif? Accélérer le rythme de la transition énergétique dans les villes, à l’heure où le patrimoine bâti génère 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon les chiffres publiés en 2019 par l’ONU.

«Aujourd’hui, la planification énergétique urbaine est chronophage et se fait de manière fragmentée. Les ingénieurs doivent d’abord recouper des données provenant de diverses sources, puis dimensionner manuellement des systèmes énergétiques pour chaque bâtiment, avant d’évaluer leur faisabilité technique et financière à l’aide d’outils ad hoc», explique Sébastien Cajot, cofondateur d’Urbio aux côtés de Nils Schüler et Nicolas Sommer.

Des milliers de plans en quelques minutes

La technologie développée par l’équipe d’Urbio promet de «diviser le temps consacré aux tâches de conception par dix». Elle centralise l’entier de ces processus à travers une plateforme digitale unique et boostée par l’intelligence artificielle. En quelques minutes, leurs algorithmes sont capables de générer des dizaines de scénarios énergétiques à l’échelle d’un quartier, sur la base de critères multiples.

Sébastien Cajot illustre. «Pour identifier les bâtiments les plus propices à l’installation de panneaux solaires ou au raccordement à un réseau de chauffage à distance, le logiciel analyse des données publiques ou fournies par l’utilisateur telles que leur degré d’ensoleillement, leur empreinte au sol, leur valeur patrimoniale ou encore la vétusté de leur chaudière à mazout.»

Plus cette technologie est utilisée, plus elle emmagasine de l’expérience pour affiner ses résultats.
François Maréchal, professeur spécialisé dans les processus industriels et les systèmes énergétiques à l’EPFL Valais

S’ajoutent des critères de coût, de rentabilité, de surface à couvrir ou de prix de l’énergie, pour aboutir à des plans faits sur mesure pour chaque distributeur d’énergie. Le cofondateur d’Urbio souligne. «Il s’agit d’un logiciel de «design génératif». Sa particularité est qu’il dimensionne automatiquement l’installation énergétique la plus appropriée en fonction des objectifs de l’utilisateur.»

Une technologie évolutive

Cette technologie est née dans le cadre des thèses de doctorat de Sébastien Cajot et Nils Schüler à l’EPFL. Professeur spécialisé dans les processus industriels et les systèmes énergétiques à l’EPFL Valais, François Maréchal a assisté à sa genèse. Pour lui, ce logiciel a cela d’innovant qu’il est évolutif. «Cet outil s’adapte aux objectifs et critères de son utilisateur, tout en ayant la capacité d’accumuler de nouvelles informations qui seront ensuite partagées avec les utilisateurs.»

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Mais peut-on faire pleinement confiance à l’intelligence artificielle? «Oui, car plus cette technologie est utilisée, plus elle emmagasine de l’expérience pour affiner ses résultats. Ce sera évidemment le travail d’Urbio que de convaincre ses partenaires.»

Des projets pilotes en Valais

Urbio garde pour l’heure ses relations clients confidentielles. Preuve de l’intérêt suscité par son logiciel, la start-up est impliquée dans huit projets pilotes commerciaux menés avec des partenaires industriels en Suisse romande, dont certains en Valais. «Les premières applications portent essentiellement sur le chauffage à distance, le solaire et la planification énergétique de communes», résume Sébastien Cajot. La start-up commercialisera cette année son produit également en Suisse alémanique. Après quoi elle lorgnera le reste de l’Europe.

Plus d’un demi-million de francs de subventions
En février 2021, la start-up a reçu un prêt Tech Seed de 100 000 francs suisses de la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) et a obtenu son premier investissement en capital-risque de la part d’Urban Us, un investisseur de premier plan pour les start-up qui transforment les villes pour lutter contre le changement climatique. «Ces soutiens vont permettre d’accroître à la fois nos effectifs et nos activités. Outre le solaire et les réseaux thermiques, nous avons l’ambition d’adapter notre logiciel aux besoins évolutifs de nos clients, liés par exemple au stockage ou à la mobilité électrique», indique Sébastien Cajot.
Depuis sa fondation, Urbio avait déjà récolté plus d’un demi-million de francs de subventions pour lancer, affiner et transférer sa technologie sur le marché. Elle compte parmi ses soutiens l’Agence suisse pour l’innovation, le Fonds national suisse de la recherche scientifique, la Fondation Hasler, le Tech4impact & Enable de l’EPFL ou encore le Fonds Herbert & Audrey Rosenfield.