Un environnement sécurisé au camp de fabrication de prototypes

Anne-Lise Dequenne (UNIL), Yael Sidler & Nadia El-Hindi (ECAL) et Theo Denisart (EPFL) de l'équipe Akane © Marius Aeberli

Anne-Lise Dequenne (UNIL), Yael Sidler & Nadia El-Hindi (ECAL) et Theo Denisart (EPFL) de l'équipe Akane © Marius Aeberli

Le China Hardware Innovation Camp, durant lequel des étudiants de l’EPFL et d’autres écoles collaborent à la création d’objets connectés, est souvent considéré comme un promoteur ou un incubateur de technologie. De fait, la force principale du programme est son accent sur l’apprentissage à partir des erreurs plutôt que la commercialisation d’un produit.

La cinquième édition du China Hardware Innovation Camp (CHIC) a attiré le nombre record de 47 participants répartis dans huit équipes, dont quatre composées d’étudiants en master de l’EPFL. Après des mois de préparation, ils ont clôturé le camp fin juillet par un voyage de deux semaines à Shenzhen et à Hong Kong pour concrétiser leurs prototypes.

«Cette année, nous avons dépassé nos limites. Nous avons appris énormément, mais nous devons décider désormais si nous entendons développer encore le programme et comment», déclare le cofondateur Marc Laperrouza, scientifique et professeur au Collège des Humanités (CDH). CHIC est un programme optionnel du Mineur en Science, Technology and Area Studies (STAS) du CDH, financé partiellement par le canton de Vaud.

Ce programme interdisciplinaire plonge les étudiants en ingénierie, en commerce et en design dans une expérience réelle de fabrication de prototypes connectés. En plus de développer leurs compétences techniques, ils apprennent à identifier des besoins, à choisir un produit, à créer un modèle d’affaires et à communiquer par-delà les cultures.

«Ce que j’ai préféré est aussi ce que j’ai trouvé le plus difficile: collaborer avec des personnes issues d’autres domaines. J’ai appris tellement de choses en les écoutant et en les regardant, tout en étant confronté à un mode de travail très différent», explique Tomas Turner, étudiant en sciences des matériaux et en ingénierie, qui a contribué au projet Tengo.

Prototypes de résolution des problèmes

Les étudiants de l’EPFL ont contribué à développer des objets connectés – Caring, Akane, Tengo et HapStick (cf. encadré) – conçus pour répondre à des besoins particuliers. «Nous voyons de plus en plus d’objets destinés au bien public ou qui ont une forme d’utilité sociale», commente Marc Laperrouza, qui ajoute que les équipes ont une liberté totale lorsqu’il s’agit de décider ce qu’elles veulent développer.

«La plus grosse difficulté fut de réaliser un nouvel objet à partir de zéro. C’était la première fois que nous devions faire quelque chose sans l’aide d’un professeur ou d’un assistant. Ce fut ardu, mais aussi une expérience précieuse», explique Maxim Bianchini, étudiant de niveau master en robotique, qui a contribué au projet Caring.

Les organisateurs soulignent que la fabrication de prototypes est une fin en soi et que les erreurs ne sont pas un problème dans la mesure où les étudiants en tirent des leçons. «Beaucoup pensent que CHIC est un programme de promotion ou d’entrepreneuriat; or ce n’est pas le cas. Son objectif consiste à créer un environnement sécurisé pour pouvoir faire des erreurs et apprendre d’elles, même si nous sommes ravis lorsque nous obtenons un objet qui fonctionne», précise Marc Laperrouza.

Objets élaborés par des étudiants de l’EPFL

La classe CHIC 2019 montrera le fonctionnement des projets finaux et présentera ses produits en septembre à l’École d’art et de design de Lausanne (ECAL) et en décembre au MassChallenge à Renens. Les quatre équipes composées d’étudiants de l’EPFL ont fabriqué les prototypes ci-dessous. Vous trouverez la liste complète des projets sur le site chi.camp/projects/.

Tengo - (Antoni Bigata, Vuk Pajovic, Tomas Turner): service de location de matériel dans le domaine des jeux, des sports et d’autres activités d’extérieur. Une application pour smartphone et un boîtier Tengo alimenté par une batterie permettent aux utilisateurs de louer des objets comme un frisbee ou un ballon de volley, et encouragent de ce fait les activités extérieures et l’interaction.

Akane - (Maxime Marchionno,Théo Denisart, Maxime Boutot): «plante» synthétique à commande numérique qui s’ouvre et se ferme en réaction aux niveaux de bruit ambiant et qui permet aux utilisateurs de localiser le bruit en temps réel au cours de la journée. Elle indique lorsque le calme est requis, par exemple dans une classe d’enfants.

Caring - (Urbain Lesbros, Morgane Zbinden, Maxim Bianchini): bouton connecté à une application destiné à donner l’alerte à un accompagnateur dans un environnement médical. Contrairement à d’autres systèmes d’alerte, celui-ci donne la possibilité aux patients de saisir des informations concernant l’appel, qui permettent au destinataire d’anticiper leurs besoins et de déléguer des tâches au personnel médical ou soignant.

HapStick - (Harshdeep Singh, Florian Josselin, Jonathan Regef): outil connecté d’aide à la marche, qui calcule le poids qu’un patient met sur une jambe blessée au cours d’un mouvement et émet un retour tactile pour aider l’utilisateur à gérer sa douleur tout en stimulant la guérison.


Des partenariats florissants

Pour la première fois de l’année, des étudiants de la Haute école d’ingénierie et de gestion à Yverdon-les-Bains (VD) se sont unis à des étudiants de l’EPFL, de l’Université de Lausanne (UNIL) et de l’École d’art et de design de Lausanne (ECAL), tout comme une équipe de l’École Supérieure Polytechnique (ESP) à Dakar, au Sénégal. Les étudiants de l’ESP ont suivi le programme CHIC dans leur établissement avant de rejoindre le travail de terrain en Chine grâce à open.CHIC (bêta), un site de documentation en libre accès sur tous les aspects du programme, y compris la stratégie d’enseignement et l’évaluation des étudiants.

Le programme de cette année a également noué de nouvelles collaborations avec des étudiants et des partenaires en Chine. Chaque équipe a travaillé avec un étudiant de Shenzhen afin de trouver des clients locaux intéressés à leurs objets. Par ailleurs, les équipes se sont associées à des étudiants de Hong Kong dans le cadre d’un atelier de « design fiction » à l’Institut de design de Hong Kong (HKDI), mené par Marius Aeberli, responsable de la formation à l’EPFL et au laboratoire de l’ECAL, et sponsorisé par le consulat suisse.

«Ce fut passionnant de découvrir en Chine d’autres points de vue sur notre projet, notamment les différences en matière de conception, de gestion de la confidentialité des données et de construction du matériel», déclare Morgane Zbinden, étudiant en ingénierie des sciences du vivant, qui a également contribué au projet Caring. «Ils ont un accès plus rapide aux composants et leurs conseils furent vraiment intéressants.»