Trois mois en Antarctique pour décrypter la mécanique climatique

Le navire scientifique russe Akademik Treshnikov. ©AARI

Le navire scientifique russe Akademik Treshnikov. ©AARI

Premier projet du Swiss Polar Institute, l’Antarctic Circumnavigation Expedition (ACE) démarre ce soir. L’Akademic Treshnikov, navire scientifique russe affrété pour l’occasion, partira d’Afrique du Sud pour faire le tour du grand continent de glace. À bord, 60 scientifiques récolteront des données afin de mieux comprendre l’impact des changements climatiques dans l’océan Austral. La création de la chaire "Ingvar Kamprad Chair of Extreme Environments" est également signée aujourd’hui.

C’est le grand départ. Ce mardi 20 décembre au soir, l’Akademik Treshnikov, imposant navire scientifique russe, quittera le port du Cap, en Afrique du Sud. À son bord: plus de 120 personnes, dont environ soixante scientifiques issus de 18 pays et autant de membres d’équipage, embarquées pour l’Antarctic Circumnavigation Expedition (ACE). Durant trois mois, cette expédition d’envergure les emmènera faire le tour complet du continent antarctique et visiter une douzaine d’îles subantarctiques.

Ce voyage est le premier projet du Swiss Polar Institute (SPI). Il a été initié et est soutenu logistiquement par Frederik Paulsen, entrepreneur de renom et philanthrope, ayant à son actif une vaste expérience en matière d’exploration en Arctique. Présence Suisse, une unité du Département fédéral des affaires étrangères, s’associe également à l’expédition en soutenant différentes actions de communication.

L’expédition ACE a pour but de mesurer et quantifier l’impact des changements environnementaux et de la pollution dans l’océan Austral. Car cette région joue un rôle central dans la régulation climatique de notre planète. Agissant comme une immense machine thermique, le climat terrestre dépend directement du mouvement de convection existant entre régions polaires et régions tropicales: des courants marins d’eaux glacées vont, en profondeur, des pôles vers l’équateur, tandis qu’inversement, des eaux et de l’air chauds sont acheminés en surface vers les régions froides. Un mouvement qui participe de manière significative au cycle du carbone et au stockage du CO2 dans les océans.

«Essentiels pour l’équilibre du climat, les pôles sont aussi les régions les plus sensibles aux changements: c’est là que l’on enregistre les plus grands écarts de températures», relève Philippe Gillet, vice-président de l’EPFL, directeur ad intérim du SPI et spécialiste en sciences de la Terre et en planétologie.

Du plancton aux micro-plastiques

Vingt-deux projets de recherche – émanant d’équipes suisses, mais aussi britanniques, françaises, australiennes, etc. – seront menés durant ce voyage. Ils ont été sélectionnés par un panel d’experts internationaux suite à un call organisé conjointement par les instituts polaires de huit pays: Afrique du Sud, France, Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne, Norvège, Russie et Suisse.

Les projets retenus touchent des domaines aussi variés que la glaciologie, la climatologie, la biologie et l’océanographie. Les chercheurs étudieront, entre autres, la formation des vagues, la variation géographique des quantités de plancton, les échanges chimiques entre air et eau, la biodiversité sur les îles, la capacité des fonds marins à stocker le CO2, la présence de pollution sous forme de micro-plastiques et leur impact sur la faune, l’analyse acoustique de l’état des populations de baleines, etc. L’idée de cette grande expédition est également de favoriser les échanges et collaborations interdisciplinaires, tant dans le cadre des recherches menées durant le voyage que pour créer de futurs réseaux de contacts et de collaboration au niveau international.

Succès de la première université maritime

Prélude à l’expédition, l’ACE Maritime University vient tout juste de se terminer. Cinquante étudiants en science de la mer, provenant d’universités du monde entier, y ont participé. Embarqués à bord de l’Akademik Treshnikov le 19 novembre à Bremerhaven, au nord de l’Allemagne, ils ont rejoint le Cap le 15 décembre. Entre ces deux dates, les jeunes scientifiques ont suivi un programme intensif composé de cours leur permettant d’approfondir leurs connaissances théoriques et de travaux pratiques au cours desquels ils ont pu s’exercer aux différentes méthodes d’échantillonnage, d’analyse et de maniement des instruments. Sans oublier une occasion unique de s’initier aux échanges interdisciplinaires.

Une chaire pour étudier les environnements extrêmes

De plus, le SPI se dote d’une nouvelle chaire, dont la création a fait l’objet d’une signature aujourd’hui au Cap. Intitulée "Ingvar Kamprad Chair of Extreme Environments" et soutenue par la société Ferring Pharmaceuticals, elle prendra ses quartiers au sein de l’antenne EPFL Valais-Wallis, à Sion. S’inscrivant dans le cadre du centre de recherche spécialisé dans les environnements alpins et extrêmes, la nouvelle équipe aura pour tâche de renforcer la contribution scientifique, économique et diplomatique de la Suisse à la résolution des défis environnementaux tels que les changements climatiques et la gestion des ressources mondiales, ceci grâce à des solutions scientifiques et technologiques de pointe.

Le bateau lèvera l’ancre vers 16h ce mardi 20 décembre, pour un retour prévu au Cap le 19 mars 2017. En septembre de cette même année, un premier bilan de l'expédition sera présenté lors d'un symposium international organisé en Valais.

Le déroulement de l’expédition ACE peut être suivi sur le site internet qui lui est dédié:
http://spi-ace-expedition.ch/

On y trouve différentes informations sur les buts et les aspects pratiques de l’expédition, les projets scientifiques, les chercheurs, le navire, etc.

Dossier de presse:
Communiqué de presse, descriptif des projets scientifiques, FAQ, images: http://bit.ly/ACEexpedition

Réseaux sociaux:
L’expédition ACE est également sur Facebook, Twitter et Instagram (ace_expedition).

Contacts:

- Philippe Gillet, directeur ad intérim du SPI, [email protected], +41 21 693 70 58.

- Danièle Rod, conseillère de la présidence de l’EPFL au Cap, Afrique du Sud, [email protected], +27 61 445 30 57.

- Sarah Perrin, attachée de presse EPFL, [email protected], +41 21 693 21 07.

- Helen Gallagher, Ferring Pharmaceuticals, [email protected], +41 58 301 00 51.

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Le Swiss Polar Institute
Créé en avril 2016, le Swiss Polar Institute (SPI) est un centre interdisciplinaire dédié à la recherche sur les pôles et autres environnements extrêmes. Basé à l’antenne valaisanne de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL Valais-Wallis), l'Institut est un consortium d’universités suisses – fondé par l’EPFL, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, l’ETH Zurich et l’Université de Berne et les Éditions Paulsen.

Ferring Pharmaceuticals
Basée en Suisse, Ferring Pharmaceuticals est une société biopharmaceutique privée, axée sur la recherche et active au niveau mondial. La société identifie, développe et commercialise des produits innovants dans les domaines de la santé reproductive, l’urologie, la gastro-entérologie, l’endocrinologie et l’orthopédie. Ferring a des filiales dans près de 60 pays et commercialise ses produits dans 110 pays. Pour en savoir plus sur Ferring, visitez www.ferring.com.

Présence Suisse
Unité du Département fédéral des affaires étrangères, Présence Suisse est responsable de l’image de la Suisse à l’étranger et de la mise en œuvre de la stratégie du Conseil fédéral en matière de communication internationale. Au sein du projet ACE, elle prend différentes mesures de communication sous le slogan «Science has no borders». Outre les compétences de la Suisse dans les différents domaines de recherches concernés, cette collaboration permet de promouvoir son approche de la diplomatie scientifique, particulièrement importante en Antarctique. Les représentations dans les pays accueillant les étapes seront également impliquées, par des événements de communication et par le soutien diplomatique au projet.