Tester son sang grâce à l'écran de son téléphone portable
© 2014 Alain Herzog
Utiliser les propriétés de l’écran de téléphones portables pour effectuer des tests sanguins : le dispositif mis au point par Qloudlab permettra une analyse à domicile en quelques dizaines secondes. Le diagnostic développé servira à aider les personnes sous traitement d’anticoagulants.
La prise d’anticoagulants a pour effet de limiter la formation de caillots sanguins dans les veines, les artères ou le cœur mais ce traitement nécessite de fréquents contrôles à l’hôpital. Pour pallier à cette contrainte Qloudlab, start-up basée au Laboratoire de microtechnique, est en train de développer un test dont les résultats seront lus grâce aux propriétés de l’écran des téléphones portables. Les données pourront ensuite être transmises directement à son médecin grâce à une application mobile. «Un tel test améliorerait significativement la qualité de vie des personnes suivant ce genre de traitement », souligne Arthur Queval, fondateur de la start-up.
Transformé en mini laboratoire grâce à un petit film à usage unique, le Smartphone révèle en quelques dizaines de secondes l’indice de coagulation. Encore au stade de développement, la pellicule déposée sur l’appareil est constituée d’un film plastique microstructuré de quelques micromètres d’épaisseur. La goutte de sang pénètre par capillarité et rentre en contact avec une molécule déclenchant le processus de coagulation. Mais comment fait le téléphone pour lire le résultat ? Il analyse les perturbations du champ électrique se trouvant à la surface des écrans d’iPhone ou de Samsung par exemple, à l’image de ce qui se passe quand on touche l’écran avec le doigt. Cette modification du champ électrique produite par le parcours du sang dans la pellicule est ensuite analysée puis interprétée à l’aide d’une application mobile spécifique également développée par Qloudlab.
Parce que des traitements anticoagulants mal dosés peuvent provoquer des complications cardio-vasculaires, il est indispensable que les personnes qui les prennent soient soigneusement suivies pour dépister tout traitement inadapté. Des dispositifs d'automesure, sur le même modèle que les tests de taux de sucre dans le sang pour les personnes diabétiques, arrivent sur le marché. Mais le nouvel outil développé par Qloudlab à l’avantage de pouvoir transmettre les données directement au médecin via l’application. Le spécialiste, en possession des autres données du patient pourra ainsi estimer rapidement si le traitement doit être modifié.
La start-up a déposé un brevet et démontré la faisabilité du concept ainsi que de la technologie. Ils viennent de recevoir un financement de Venture Kick, qui leur a notamment permis d’engager un biochimiste. Les trois scientifiques se sont fixés l’horizon 2015 pour démontrer que ce nouvel outil est aussi fiable qu’un test de laboratoire et ainsi pouvoir passer à la phase d’industrialisation puis de commercialisation.