Swissto12 à la conquête de l'Espace avec l'impression 3D

© 2015 Alain Herzog

© 2015 Alain Herzog

Les communications par satellite pourraient gagner en efficience grâce aux antennes légères et peu coûteuses développées par SWISSto12. Cette spin-off de l’EPFL vient de signer un important contrat avec l’Agence spatiale européenne afin de développer son concept en polymère recouvert de métal.

C’est bien connu, en matière de lancement dans l’Espace, qui dit faible masse, dit le plus souvent économie. Dix fois plus légères et significativement moins chères que les antennes en métal actuellement utilisées, les produits développés par SWISSto12, une start-up installée à l’EPFL Innovation Park, ont logiquement séduit l’Agence spatiale européenne (ESA).

L’augmentation incessante du transfert de données (TV, téléphone, surveillance, GPS, internet) impose un débit croissant aux communications par satellite. Pour élargir cette capacité, des fréquences d’ondes toujours plus élevées sont utilisées. Le seuil des micro-ondes est franchi. Or, celles-ci deviennent plus difficiles à guider: la qualité et la forme des antennes jouent un rôle crucial.

Le système d’un nouveau genre élaboré par SWISSto12 peut prendre diverses formes. Il a l’apparence d’une sculpture de plastique de quelques dizaines de centimètres de haut percée à intervalles réguliers. Il recèle cependant un réseau de fins canaux nécessitant un design et une fabrication extrêmement précis. Pour atteindre cette exactitude, il est plus facile et surtout beaucoup moins cher d’imprimer un objet en trois dimensions que d’assembler différentes petites pièces usinées. Conçues en polymères, les antennes de SWISSto12 sont ensuite métallisées selon un processus breveté. Le procédé est entièrement nouveau. «Lorsqu’on parle aux clients de nos produits, c’est un peu comme si on leur parlait de science fiction dans un premier temps. Lorsqu’ils voient les antennes et les résultats des tests effectués, ils commencent à y croire», s’amuse Emile De Rijk, CEO de l’entreprise qui collabore notamment avec le Laboratoire d’électromagnétisme et acoustique de l’EPFL.

Des antennes poids plume
Un savoir-faire qui permet une réduction par dix de leur poids par rapport à leurs homologues en métal. Sachant qu’un gros satellite géostationnaire peut porter jusqu’à 100kg de ce genre de matériel et que le lancement a un coût généralement compris entre 10 et 20'000 frs le kilo, le calcul est vite fait. L’économie fait rêver. D’autant que les nouvelles technologies actuellement à l’étude pour servir de relais, les drones stratosphériques, auront le même problème de poids.

Ce contrat fait partie d’un programme de l’ESA, qui vise à développer des éléments de haute technologie pour l’Espace qui pourront trouver des débouchés commerciaux, notamment dans le marché de la «connectivity on the move». Soutenu par le Swiss Space Office (délégation suisse à l’ESA), le contrat signé est le premier que l’ESA réalise dans ce domaine. Le but à terme est de contribuer aux solutions d’internet haut débit par satellite permettant aux passagers de tous moyens de transport (avion, train, bateau, voiture) d’avoir un accès amélioré à la toile lors de leurs déplacements.

Un gain de kérosène pour les avions
Grâce à leur précision et leur design, ce genre d’antennes utilisant de hautes fréquences pourrait même permettre de réduire la taille des dômes qui surplombent le fuselage des avions. «Un gain en aérodynamisme qui constitue accessoirement une manière d’économiser du kérosène», explique Emile De Rijk.

La start-up, fondée il y a quatre ans, est récemment devenue membre du Swiss Space Center afin de favoriser des synergies avec la communauté spatiale Suisse et vise maintenant une nouvelle levée de fonds.