Steffen Herff reçoit une bourse Spark du FNS
Des bourses Spark soutiennent des projets « présentant un concept peu conventionnel et une approche originale » © Steffen Herff
Le chercheur post-doctoral du Digital and Cognitive Musicology Lab (DCML) du Collège des Humanités (CDH) a reçu plus de CHF95000 de la part du Fonds National Suisse (FNS) pour un projet d'un an sur la relation entre la musique et l’imagination.
Le projet original de Steffen Herff, « Wanderful music: A systematic investigation into music-induced mind wandering », vise à évaluer et à déterminer empiriquement comment la musique stimule l’imagination ou l’errance mentale.
Contrairement à d'autres études sur la façon dont les gens ressentent la musique, Steffen Herff prévoit de se concentrer sur l'impact que la musique a sur l'imagination plutôt que sur les émotions, ce qui présente des défis méthodologiques uniques. Son enquête, qui impliquera à la fois des méthodes qualitatives et quantitatives, reposera sur deux idées principales: la première est que la musique peut induire de manière fiable des images visuelles chez les auditeurs, et la deuxième que l’orientation relative dans le temps et dans l’espace est conservée lors de la production de ces imaginations.
La musique et l’esprit
Le volet qualitatif du projet consistera à exploiter les connaissances d'experts grâce à des entretiens structurés avec des compositeurs, en particulier ceux spécialisés dans la musique de films ou de jeux vidéo. Aussi, Steffen Herff explique que le travail quantitatif impliquera de déployer un « nouveau paradigme » pour mesurer la perception du temps et la distance parcourue pendant l'imagination.
« Les premiers résultats ont été très prometteurs et montrent que le passage imaginé du temps et la distance parcourue peuvent être prédits en utilisant les caractéristiques musicales de la musique inductrice », dit-il.
S'il parvient à définir l'effet cognitif de la musique sur l'imagination, Steffen Herff pense que ses résultats pourraient éclairer l'utilisation de la stimulation cognitive imaginative comme outil de détection et de traitement des troubles mentaux, comme la dépression. Par exemple, les formes actuelles de traitement telles que les thérapies comportementales et cognitives, la thérapie d'exposition et le recodage d’informations par imagerie mentale, utilisent toutes des techniques qui reposent sur l'imagination.
« Si nous arrivons à mieux comprendre les mécanismes derrière l'imagination et apprendre à les influencer, nous pourrons améliorer ces formes de thérapie », conclut-il.
Steffen Herff a rejoint le DCML en 2019 pour diriger le volet empirique du projet soutenu par l’ERC, « Principles of Musical Structure Building: Theory, Computation, and Cognition » attribué au directeur du DCML, Martin Rohrmeier. Avant l'EPFL, Steffen Herff a obtenu son doctorat au MARCS Institute for Brain, Behaviour, and Development à Sydney, en Australie. Il a également reçu une subvention DAAD-UA pour mener le projet « Noisy Ear » en Allemagne, qui a examiné les effets contextuels du bruit de fond sur la mémoire, avant d'accepter un poste sur l'apprentissage statistique et la mémoire dans le domaine auditif à l'Agence pour la science, la technologie et Recherche de Singapour.
Le projet « Wanderful music » a été financé par le programme Spark du FNS, qui soutient le développement de nouvelles idées et méthodes scientifiques « présentant un concept peu conventionnel et une approche originale ».